Fin des « sixties », époque bénie à laquelle tout était permis.

Ayant balancé par dessus les moulins les inhibitions et les tabous dont mon éducation m’avait doté, je découvrais, dans les après d’un incroyable printemps, tous les possibles exaltants d’une sexualité libérée.

Toujours à la recherche d’expériences nouvelles et des plaisirs les plus débridés, j’avais accepté la proposition de Carole, une jolie fille délurée que je rencontrai dans une soirée, de m’emmener chez un couple de ses amis, Brigitte et Jean, de riches bourgeois libertins avec lesquels elle me confia avoir participé à quelques parties fines

Les rendez-vous à « La Buissonnière », étaient des soirées très confidentielles auxquelles n’étaient conviés que des invités triés sur le volet. Elles tenaient de lieu de rencontre pour coquines et coquins en maraude et depuis quelque temps leur luxueuse villa se prenait, d’après ce que m’avait dit Carole des airs de club de rencontres underground.

C’est là que j’allais faire connaissance avec l’enchanteresse et perverse Carmen qui allait me révéler des aspects de ma sexualité ainsi que certaines facettes de ma personnalité que j’ignorais, en m’initiant à ses plaisirs dévoyés.

Tout comme une vingtaine d’autres personnes que réunissaient un apéritif somptueux, j’avais été invité à cette  » surpat’ « , comme on disait alors, prétexte à d’autres réjouissances, et dans une ambiance détendue de vacances et de fête, les convives, tous masqués, c’était le seul « Dress code » de la soirée, s’efforçaient de se montrer souriant, sous leur meilleur jour, s’appliquant derrière leur plus beau masque à séduire et à plaire.

Je m’amusais à observer ces jeux de séduction auxquels chacune et chacun se livrait espérant rencontrer le, la, ou les partenaires qui feraient de cette soirée un moment inoubliable… ne me doutant pas que la plupart de ces gens allaient contribuer à faire de cette soirée un moment que, personnellement, je n’étais pas près d’oublier. Je ne savais pas encore ce qui m’attendait.

Je n’y connaissais personne à l’exception de Carole.

Alors que je conversais avec un jeune couple que je venais de rencontrer et dont la femme était particulièrement belle, je vis la maîtresse de maison accueillir avec force démonstration d’affection une nouvelle invitée que je remarquai. Je vis que je n’étais pas le seul: plusieurs hommes et quelques femmes aussi se montrèrent fort intéressés par la nouvelle venue. Il y avait de quoi.

D’une grande beauté, elle n’était pourtant pas toute jeune, la soixantaine rayonnante, un lourd chignon de cheveux gris cendré dans un désordre savamment arrangé, un loup minimaliste qui masquait à peine de grands yeux bleus, humides, très maquillés, la belle bouche large au sourire carnassier, tous les traits du beau visage disaient la distinction et l’autorité. Elle avait un corps de jeune fille, svelte et flexible, et sans être janséniste pour autant, un port royal. J’étais impressionné.

Sa tenue, longs gants de latex noirs montant au-dessus des coudes, mini-robe de cuir noir, bottes de cuir et bas noirs, ne laissait aucun doute: cette femme était une dominatrice.

La maîtresse de maison laissa son amie pour aller remplir ses devoirs auprès de ses autres invités et celle-ci s’approcha d’une grande table débordant de boutelles et de flacons de toutes sortes, qui n’avait rien à envier au bar du Ritz. Je la saluai.

— Bonsoir Madame. Puis-je vous servir un verre…?

J’étais impressionné par l’aplomb et l’ascendant de la belle femme. Elle eut un signe de tête tout en continuant à me fixer, un troublant sourire aux lèvres.

— Non, merci !

Détournant lentement le regard elle se le servit elle-même… je ne la quittais pas des yeux, elle était sublime. Jamais je n’avais rencontré de femme dégageant une telle aura de sensualité, sûre de son charme, elle savait depuis toujours qu’elle était belle.

Elle me regarda à nouveau et me sourit d’un sourire fauve, je soutins son regard, et lui souris en retour.

— Bonsoir, jeune homme !

Et levant son verre:

— A vos amours !

— Madame, c’est aux vôtre que je lève le mien.

— Alors, aux nôtres, peut-être !

— Rien ne me ferait plus plaisir, belle dame !

Elle me prit le bras et nous nous mîmes à converser le verre à la main. Le cœur battant d’une excitation inconnue, je ne savais pas sur quels chemins je m’engageais… Elle, avait déjà choisi sa proie.

Nous nous installâmes, un peu à l’écart, sur un banc de pierre, sous le majestueux magnolia qui trônait au milieu de la pelouse.

Évidemment nous ne fûmes pas long à aborder le sujet qui nous intéressait…

Carmen me demanda si je connaissais le fisting qui était une de ses passions:

Je lui répondis qu’un type me l’avait proposé et m’avait montré des photos qui m’avaient impressionné mais que j’avais refusé. Elle me fit un véritable cours faisant l’éloge de cette pratique et conclut:

— Je suis vraiment une bavarde impénitente. Je ne sais pas si je t’ai convaincu, mais je suis certaine que dans le fond tu ne demandes que ça.
De toute façon, quand je t’y aurai fait goûter, car tu vas accepter de devenir ma chose — Elle rit — tu ne pourras plus t’en passer…

Sûre d’elle, me jetant un regard de malice:

— Mon petit chéri offrirait-il un verre à sa maîtresse adorée ?

Elle tissait sa toile…

On servit le repas. Le temps était magnifique, la soirée douce, une grande table avait été dressée sur la pelouse, sous le magnolia. Les travers étaient savoureux, le vin léger coulait à flots, et l’ambiance était des plus chaleureuses et gaie.

Interrompant notre badinage, elle se tut un long moment, inclinant la tête à gauche, dans une attitude qui lui était familière, me regarda intensément.

— J’ai envie de te faire l’amour… dit-elle gravement.

— Je levai mon verre, la regardant dans les yeux.

— Ça se trouve bien ! Moi aussi, ma chère !

Elle eut un sourire étrange, inclinant la tête de côté, elle me fixa longtemps, avec une expression inquiétante. J’eus un frisson.

— Je me suis mal exprimée…

Elle rit et sur un ton exagérément patient :

— J’ai envie, moi, de te faire l’amour…

— Oui, effectivement, dit comme ça… ça change !

— Te faire l’amour, te posséder comme une femme, dans une merveilleuse inversion des rôles. Tu l’as déjà fait ?

— Non, jamais.

J’étais désorienté, mais intrigué.

Elle prit un air navré:

— Oh ! Quelle erreur ! Il faut vite réparer ça, mon chéri !

 Elle eut un rire rauque.

— Tu verras: c’est paradisiaque ! Justement, il m’est venu à une idée: J’ai pensé à un petit scénario qui personnellement m’excite et serait pour toi une expérience extraordinaire et qui aurait aussi l’avantage d’égayer un peu cette soirée sympa, certes mais vraiment trop conventionnelle… pour ne pas dire parfaitement assommante. Heureusement tu es là, ma chérie…

 « Ma chérie »… Je m’aperçus, étonné, que cette manière de me faire appeler comme une fille, loin de me révolter, m’inscrivait dans un rôle que j’acceptais avec un plaisir trouble, et quand Carmen s’approcha pour m’embrasser, je m’abandonnai, dans une acceptation tacite, du rôle qu’elle m’imposait, lui offrant ma bouche, étreint par une émotion bouleversante et délicieuse.

Elle eut son rire de gorge.

— Écoute moi, ma biche, voilà! J’ai imaginé ce petit scénario qui…

Lorsqu’elle eut fini, elle se pencha sur moi et après un baiser enjoué, me planta là, totalement déconcerté par son incroyable proposition. La belle dominatrice se retourna alors qu’elle quittait la pièce:

— Je te laisse y penser… je vais faire part à notre hôtesse de notre petit projet. Je suis bien sûre qu’elle en sera ravie ! A tout de suite, ma chatte…

J’étais sonné et restai un long moment abasourdi: « notre petit projet » était un plan tout simplement stupéfiant dans lequel elle m’ assignait un rôle qui m’effrayait tout autant qu’il m’attirait… Tordu par une angoisse sans pareille, je me sentais glisser vers une pente vertigineuse sans plus rien pour me retenir.

Elle revint bientôt, accompagnée de Brigitte, belle et grande femme, qui ne portait que son masque, ses bas noirs et ses escarpins à hauts talons.

Brigitte se pencha sur moi et m’embrassa…

— C’est vrai ? Tu es prêt à faire ça… en public ? Je peux en parler ?

— Bien sûr ! Ma petite salope en sera même ravie !

— Oui…! Super !

— Oh ! Carmen, je ne sais pas… je n’ai jamais…

— Tais toi ! Tu feras ce que je dis.

Puis plus douce:

— Écoute moi, ma chérie ! Je vais t’initier à des plaisirs que tu n’imagines même pas… et ça se passera là — Elle me fixa avec son âpre sourire — sur ce divan !

— Ici…?

— Ici ! Tu m’as parfaitement compris !

— Oh, Carmen ! C’est pas possible ça !

Je me jouais la comédie du refus alors qu’une force irrésistible me poussait vers ce gouffre qui me fascinait.

Brigitte nous regardait avec un sourire amusé.

— Tais-toi et fais ce que je te dis ! Si tu veux continuer à me voir, tu obéis ! Sinon, je te plante là et c’est terminé! Tout de suite !

— Carmen ! S’il te plaît, ne me demande pas ça…!

— Obéis, je te dis ! Allez, mon amour… fais plaisir à ta maîtresse adorée…

Elle m’embrassa me caressant le visage.

Pour elle, c’était affaire entendue, je l’entendis, se tournant vers notre hôtesse.

— Ma chère Brigitte, nous allons avoir besoin d’une salle de bains et de ton aide, je te prie, nous allons préparer mademoiselle…

— Oh ! Mais certainement, ma chérie ! Avec le plus grand plaisir !

Elle nous amena dans une vaste et luxueuse salle de bains dans laquelle elles me gardèrent plus d ‘une heure et demie, pendant laquelle elles me préparèrent avec un soin empressé, riant et badinant dans une ambiance de légèreté folâtre, alors que j’étais tendu et bourrelé d’appréhension. Elles m’entouraient de toute leur attention, déployant tout leur savoir faire, m’embrassant et me caressant avec une joie espiègle. Brigitte alla choisir plusieurs de ses pièces de lingerie et deux perruques dans son dressing, elle rapporta aussi, un très joli masque grenat orné de paillettes et de strass ainsi qu’une laisse et un collier de chien, ce qui enchanta Carmen. Mes deux habilleuses optèrent pour un crop-top blanc, string, porte-jarretelles et bas blancs—[i] Je te veux virginale ![/i]— avait déclaré Carmen en riant… et me coiffèrent d’une perruque de coupe bob d’un blond cendré, presque blanc.

Satisfaites de mon look, elles me firent asseoir sur un petit tabouret tournant, dos au miroir et entreprirent de me maquiller. Elles était ravies et s’amusaient comme des petites filles jouant à la poupée. Enfin, elle me déclarèrent prêt. Brigitte me demanda de me lever. Avec un grand sourire et secouant la tête elle s’exclama:

— Incroyable comme tu es mignonne ! Regarde toi dans le miroir !

Je me retournai et restai en arrêt devant le reflet que celui-ci me renvoyait: c’était celui d’une jolie fille qui me regardait d’un air étonné. Il me semblait connaître l’étrangère qui me regardait, mais ce n’était pas moi. J’étais une inconnue…

Je restai un long moment à contempler mon reflet, stupéfait par la féminité que dégageait mon visage, la gorge serrée par l’émotion, je luttais contre les larmes qui me montaient aux yeux. Carmen s’en aperçut:

— Ah, non ! Surtout pas ! Ne vas pas nous ruiner ton maquillage.— Elle rit— Mmh, c’est qu’elle est sensible, la chérie…!

Elle m’embrassa, et caressant doucement mon visage:

— C’est vrai que tu es sacrément mignonne…Ça va être un plaisir…!

Brigitte qui commençait à piaffer, se tourna vers nous:

— Bon, vous me laissez un moment, je vais réunir le public — Avec un grand sourire, elle battait des mains, enthousiaste — Oh ! Ça va être super !

— Qu’est-ce que je leur dis ?

— Tu leur dis qu’ils vont assister à un happening érotique.

— Je leur dis ce que tu vas lui faire ?

— Surtout pas !

— Et que c’est une… euh ? Un…

— Un dépucelage ? Ça oui, il faut que tu le dises… Bon, de toute façon, je dirai quelques mots avant de commencer.

Je me sentais sur la touche, comme si on parlait de  quelqu’un d’ autre… le ventre tordu d’appréhension, je sentais le tambour du sang me battre aux tempes.

— OK ! Rien d’autre ?Non ? Alors, j’y vais. Je viens vous chercher quand tout est  » ready « .

Elle sortit, refermant la porte sur Carmen et moi.

— Tu es à croquer, petite salope. J’ai super envie de t’embrasser mais il nous faut être sages, je ne veux pas mettre de désordre dans une si jolie tenue. Comment te sens-tu, ma chérie ?

Je murmurai, la regardant dans les yeux:

— J’ai une peur bleue !—

— Il ne faut pas ma chatte, détends toi… Tout va super bien se passer. Je vais te faire jouir comme une folle. Tu me dis avoir peur, mais je suis bien certaine que dans le fond tu ne demandes que ça et je suis bien sûre que quand je t’y aurai fait goûter, tu ne pourras plus t’en passer… Je suis une experte, tu sais !

Elle me fixait toujours de son regard pénétrant

— Tu verras, tu vas te découvrir des talents que tu ne te connaissais pas, et cela, grâce à ta maîtresse adorée… tu me crois ma chérie ? Allons, fais moi confiance, ma toute belle… donne toi toute entière et fais plaisir à ta maîtresse chérie.

Elle jouait avec moi.

Elle me caressait le sexe à travers le petit string arachnéen qu’il cachait à peine, et me fixait avec son sourire carnassier.

— Mon amour ! Mmh… !Je sens que je vais prendre beaucoup de plaisir avec toi !

Brigitte revint bientôt, tourbillon évaporé, papillonnant et toute excitée, nous déclara:

— Ça y est, tout est prêt… Ils sont chauds comme la braise et n’attendent plus que vous. J’aime mieux vous dire qu’ils sont impatients et brûlent de curiosité. Carmen, tu as eu une idée brillantissime et toi, chérie— elle me caressa le visage — tu es adorable de nous faire profiter de tes talents. Vous allez avoir un succès bœuf ! Merci de tout cœur à toutes les deux.

Laissez moi deux minutes, le temps de les rejoindre et de vous annoncer et c’est à vous.

Elle nous embrassa etsortit.

Carmen me fit lever et passa à mon cou le collier qu’elle boucla et se saisissant de la lourde laisse de cuir et d’acier, me relevant le menton de son index replié, elle me fixa avec ce sourire:

— Ma petite chienne est elle prête à se faire baiser ?

Sesmots crus me fouettaient, je bandis à en avoir mal…Je tentai un sourire.

— Alea jacta est !

Elle m’embrassa, me sourit et tirant d’un coup sec sur la laisse:

— Viens !

Nous empruntâmes le long couloir. Je suivais en laisse ma maîtresse qui, alors que nous étions à l’angle de l’entrée du salon, marqua un arrêt.

Nous pouvions entendre le brouhaha des conversations et des rires. Carmen se tourna vers moi:

— Je vais me montrer, toi, tu reste en arrière. Dès que j’aurai obtenu le silence et l’attention, je tirerai sur la laisse et tu feras ton entrée. Compris ?

— OK !

— Oui, Maîtresse… toujours.

— Oui, Maîtresse.

— Prêt ?

— Oui, Maîtresse.

Elle fit un pas… graduellement le silence se fit. Au bout d’un moment qui me sembla très court Carmen tira sur la laisse et dans un vertige, le cœur cognant dans ma poitrine, j’entrai à mon tour. Une salve d’applaudissements, de cris et de sifflets salua notre entrée. Nous nous tenions devant un groupe très nombreux et je fus impressionné, je ne me souvenais pas qu’il y eût tant d’invités. Les regards tournés vers moi m’impressionnaient et dans un état second, je voyais ces gens échanger commentaires et appréciations, il y avait des sourires mais la plupart semblaient attentifs comme aux aguets…

Carmen, marchant à pas lents se mit à arpenter l’espace devant le canapé face auquel se tenait l’assistance. Tenu en laisse qu’elle avait passée par-dessus son épaule, je marchais à sa suite. J’avais redouté cemoment, mais je m’aperçus que je commençais à y prendre du plaisir… étonné, je me rendais compte que j’aimais me faire mater… je bandais.

Carmen s’arrêta de marcher et fit face à l’assistance qu’elle toisait de son regard glacé. Lorsqu’elle eut obtenu le silence, elle se tourna vers moi, me prit dans ses bras et m’embrassa d’un long baiser passionné dans un silence impressionnant.

Puis, sans un mot, avec un geste théâtral prenant un plaisir manifeste à jouer son rôle de maîtresse de cérémonie, m’enjoignit de m’ asseoir sur le divan où devait avoir lieu mon sacrifice et me tenant court, se plaça à mon côté face à l’assistance. Elle tira d’un geste brusque sur la laisse, et à pleine voix, de telle sorte que tout le monde entende:

— Regarde moi et écoute !

Je levai les yeux vers elle.

— Oui.

Elle me gifla à la volée de sa main gantée.

Il y eut des murmures dans l’assistance

— Adresse toi à moi avec respect, petite chienne ! Oui, qui ?

— Oui, Maîtresse.

Elle laissa un silence, laissant glisser son regard sur l’assistance.

— Regarde…! Regarde ce public qui t’a souhaité la bienvenue avec chaleur, et qui te reçoit et t’accueille, regarde-le !

Elle laissa une longue pause… tirant sur la laisse, m’obligea à lever la tête et me fixant d’un regard farouche.

— Ce public, tu lui appartiens ! Chacun des membres de cette assistance a des droits sur toi. Dans le jeu qui va se dérouler ici, ils sont admis à participer, à pleinement y prendre part…

Dans le cercle des voyeurs, on s’entre-regardait, étonné et même si certains semblaient déconcertés, les sourires et les hochements de tête d’autres me disaient que cette perspective était loin de déplaire.

Mis devant le fait accompli, je réalisai que j’étais piégé et me rendis compte que cette machination était préméditée dès le départ… cette femme était machiavélique, d’autant plus machiavélique que je la soupçonnais d’avoir deviné que cela ne me déplairait pas… et c’était le cas.

Quand je vis son sourire, je n’en doutai plus.

Carmen se pencha sur moi et me donna un long baiser sous les railleries et sifflets de circonstance du public.

Très vite, elle me chuchota:

— Ne pense plus à rien, mon amour, sauf à ton désir…

Je ne compris pas ce qu’elle avait voulu me dire, mais d’un coup je me sentis libéré de l’angoisse qui m’étreignait.

Elle reprit sa harangue:

— Oui, chacune et chacun ici est admis à faire valoir ses droits sur toi et tu feras ce qu’il ou elle exigera de toi ! Mais…

Elle laissa un long silence, toisant l’assistance.

Malgré la tension qui m’habitait, je ne pouvais m’empêcher d’admirer ses talents d’actrice ainsi que l’aisance avec laquelle elle tenait son audience.

— Mais, très chers tous, ne l’oubliez pas: c’est Sa soirée ! Rappelez vous que cette petite traînée vous offre ce soir: vous allez assister à son dépucelage… aussi je lui accorde la faveur du choix.

Celles et ceux qui voudront faire valoir leurs droits sur elle devront le lui demander en lui posant cette question : « M’acceptes-tu dans ton jeu ? » Si elle vous accepte, vous pourrez user d’elle à votre fantaisie… dans le cas contraire, vous vous engagez à vous plier à son choix…

Il y eut des murmures d’approbation dans l’assistance.

— Maintenant que celles et ceux qui souhaitent regarder, caresser ou… baiser la rosette de la belle en adieu à sa virginité sont autorisés à le faire…

Tirant brutalement sur la laisse:

— A genoux chienne, montre leur ton hostie !

Je m’exécutai en proie à un terrible et enivrant sentiment d’humiliation, baissai mon string et me cambrant, exhibai mon armille.

Ce fut Brigitte qui commença avec un long baiser qu’elle appuya d’un coup de langue. Puis s’en suivit un défilé d’attouchements, de caresses et de baisers qui me firent frémir d’un étrange frisson alors qu’empli d’un sentiment de gratitude je remerciai tour à tour chacun d’eux.

—Te sens tu prête, petite traînée… te sens tu prête à te donner sans retenue, devant cette magnifique assemblée ?

Elle en faisait des tonnes mais les gens étaient fascinés.

— Oui, maîtresse.

— Viens !

Elle tira sur la laisse et d’un geste impérieux, me désigna le divan.

— En levrette ! Dépêche toi, catin !

Brigitte avait fait installer deux grands miroirs sur pied, meubles qui ne manquaient pas dans cette demeure, de telle sorte que même ceux qui se trouveraient devant ne pourraient rien manquer de la scène. Dans le miroir qui se trouvait près de moi moi je pouvais voir chaque geste de Carmen. Lorsque j’eus pris place, elle s’assit sur le canapé derrière moi et dans un geste de possession posa sa main droite sur mes reins, affichant son sourire glacial, elle laissa courir son regard sur le public.

Puis, elle déposa un long baiser sur le bas de mes reins me marquant du sceau de ses lèvres au rouge. Je lui appartenais.

Ma maîtresse m’enjoignit d’écarter les jambes et de creuser les reins dévoilant mon œillet aux regards des voyeurs.

Toutes les conversations s’étaient tues… dans un silence tendu, se penchant, elle embrassa longuement mon armille y dardant une pointe de langue inquisitrice. Je gémis transporté par la salacité du baiser… elle se redressa et prit sur le guéridon voisin le tube de vaseline.

Tout en déposant de petits baisers sur mes fesses, elle m’enduisit du liniment, du bout de son index, et se mit à légèrement me masser. C’était une sensation extraordinaire… doucement, avec lenteur et délicatesse elle enfonça son doigt ganté dans mon anneau… Sensation bouleversante qui me foudroya de douceur chaude et lisse. Je me tétanisai dans un étonnement délicieux.

— Oh ! Oui ! Oui…!

— Oui, tu aimes ça, hein ma chatte ?… Tiens… tu vas t’en prendre deux !

Et joignant le geste à la parole avec un gloussement, elle glissa un deuxième doigt dans ma rosette, me faisant pousser des soupirs de délices…

— Oh ! Oui ! Oh ! C’est bon…!

Ma maîtresse eut un rire de gorge…

— Tu aimes ça, hein, ma chatte… oh oui, ma chérie, tu adores !

Et regardant les hommes dans le cercle des voyeurs:

— En fait, tous les hommes aiment ça, le tout est de le leur faire découvrir…!

Et se tournant à nouveau vers moi:

— Tu en reprendras bien encore un doigt, hein salope ?

Il y eut des rires.

Je l’entendis rire elle aussi… Elle embrassa mes fesses avec des petits bruits de gorge et enfonça alors trois doigts, que je sentis plonger dans mon anneau qui s’ouvrit avec une étonnante souplesse…

— [i]Oh ! Je n’ai jamais éprouvé ça…! Encore ! Oh, encore ![/i]

Elle commença alors de longs et lents mouvements de va-et-vient qui pulsaient des ondes de plaisir me faisant pousser de profonds soupirs… je jouissais… Tout à mon plaisir et à l’étonnement que je ressentais j’en avais oublié ceux qui nous regardent.

Ils étaient là, dans un silence impressionnant tendus vers l’étonnante scène lubrique qui se déroulait sous leurs yeux…

Deux femmes se détachèrent du groupe et s’approchèrent, l’une d’elles, en baby-doll rose s’approcha de moi et m’ayant posé la question liminaire, se mit à me caresser et à embrasser mon dos et mes reins, alors que l’autre prenant Carmen par les épaules s’asseyait près d’elle prenant place aux premières loges. Carmen lui sourit… elles s’embrassèrent.

Ma tourmenteuse retira ses doigts et m’enduisit à nouveau de liniment.

Alors qu’elle se préparait elle aussi, je vis qu’une très belle jeune femme me regardait, intensément. Derrière son masque d’or, elle semblait stupéfaite, se penchant sur son compagnon, elle lui posa une question, il lui répondit brièvement, elle me regarda l’air étonné, me montrant sa main, et m’interrogea d’un signe de tête. Le regard perdu, j’acquiesçai…

Ma Maîtresse introduisit à nouveau avec une grande douceur ses premières phalanges… c’étaient maintenant quatre doigts qu’elle enfonçait dans ma rosette distendue et se mêlant aux ondes de plaisir je sentais que commençait à irradier la douleur… Mais quelle volupté!

Le cercle autour de nous s’était rapproché et c’est avec bonheur que j’ acceptais caresses, baisers et attouchements salaces. Je pouvais entendre les propos qui s’échangeaient même si c’était à mi-voix.

— [i]Oh ! Putain ! La salope ! Comment elle se fait baiser ![/i]

— [i]Regarde ça si elle jouit, cette pute ![/i]

Je me sentis monter et m’entendis gémir:

— Oh ! Encore chérie… Encore…!

Avec un rire, elle murmura d’une voix rauque:

— Tu aimes ça, chienne, hein…? Qu’est-ce que je t’avais dit !

Elle grinça alors entre ses dents:

— Attends, va… J’ai pas fini de te faire jouir, salope !

Je savais que c’était sa main entière qu’elle voulait que je prenne. Cette pensée un instant m’affola… pour réaliser dans le même temps que désormais, c’était moi qui l’implorais sans plus aucune honte, ni gêne, ni remord, acceptant pleinement les vices et les turpitudes auxquels je m’abandonnais.

Le masque que je portais me protégeait… même une connaissance proche n’aurait pu faire de lien avec moi. Il me protégeait aussi et surtout de moi-même, me rendant un parfait inconnu à mes propres yeux, je n’étais plus que la proie que ma bourrelle offrait en pâture aux regards lubriques et complices de ceux qui me regardaient, me libérant de tout sentiment d’opprobre ou de culpabilité devant ces actes auxquels je ne m’imaginais pas un instant quelques heures auparavant pouvoir me livrer…

La lubricité et le vice dans lesquels elle me faisait me vautrer qui m’auraient révulsé hier m’étaient un bienfait comme je n’en avais jamais ressenti. Et je me voyais me mirer dans leurs regards voyeurs, mise en abîme de notre vice…

Ce vice dans lequel nous communiions, eux, elle et moi…

J’entendais remarques et commentaires du fond de ma folie lubrique.

— [i]Tu as vu cette petite pute comment il prend cher ![/i]

— [i]Oui… Baise-le ! Baise-le… Plus fort ![/i]

Carmen, cette merveilleuse salope m’offrait une expérience à laquelle rien ne me préparait mais qui me faisait réaliser qu’à aucun moment rien ne m’avait jamais permis de vivre un moment aussi exaltant et libérateur que celui qu’elle me faisait connaître.

Murmurant des mots mouillés d’acide, elle se mit à tourner puissamment, amoureusement ses doigts, s’appliquant à m’en faire sentir l’impérieuse intrusion. Je jouissais, mon sexe plaqué à mon ventre dans une érection presque douloureuse… Les yeux fermés, je gémissais, imprimant à mon bassin de lents mouvements sur l’âpre caresse.

Ils étaient là, se pressant autour de nous, sentir leurs regards sur moi entendre leurs paroles me transportait.

— [i]Oh ! La salope !… comment elle se faire prendre le cul ![/i]

— [i]Je la trouve vachement jolie… on dirait vraiment une fille ![/i]

Doigts en coupe ma maîtresse poussa fortement sa main avec de lents mouvements de rotation du poignet dans ma rosette que je sentis progressivement se distendre dans une douleur intense… elle m’avait pénétré de ses doigts jusqu’au métacarpe, me faisant gémir d’un terrible plaisir. Je l’entendais pousser des soupirs rauques et murmurer des mots obscènes chauffés à blanc…

Ils étaient là, autour de nous:

— [i]Oh la chienne ! Comment il jouit ! T’entends ça ?[/i]

— [i]Oui, oui… Vas-y… Comme ça… oui, baise la, cette pute [/i]

Je me rendis compte, à ce moment dans ma folie furieuse que deux mains enserraient mon visage, en même qu’on couvrait ma bouche de baisers. Je m’abandonnai au délicieux appel et offris ma bouche à la langue de soie qui se mit à jouer avec la mienne.

— [i]M’acceptes-tu dans ton jeu ? [/i]

Brigitte !

— Oh ! Oui, chérie… oui… je…

Assommé par la jouissance que m’assénait Carmen, je ne pouvais montrer à la belle à quel point j’étais heureux de sa demande.

Il n’y avait plus de cohérence ni lien ni raison dans ce à quoi j’étais soumis… c’était un cataclysme de stupre, de lubricité et de folie qui m’emportait.

Je sentis que ressortant lentement sa main Carmen avait joint ses cinq doigts en coupe et en poussait les première phalanges entre mes fesses que je cambrai, gémissant, et écartai dans une invite salace…

— Oui, ma salope ! Oui…!

Elle les poussa plus fort en avant, distendant encore davantage mon anneau et je sentis que les doigts l’avaient pénétré jusqu’à la jointure. Ma bourrelle se mit à imprimer, alors, de lents et puissants mouvements de rotation à sa main, dont elle forçait l’étroit passage.

Je vis alors qu’un des deux derniers types qui venaient de s’approcher s’était mis à se masturber…

Irradiant mon fondement, la douleur s’exacerbait et générant un plaisir poignant que j’ appelais en geignant et en poussant encore davantage ma croupe vers la main qui la violentait, ma maîtresse intensifia encore sa poussée imprimant de nouveau des mouvements plus rapides de rotation à sa main. Son souffle était devenu rauque et elle se mit, sous l’excitation, qui l’envahissait, à grincer des dents.

Une femme s’approcha d’elle et l’embrassa. Elle se parlèrent… je ne compris pas ce qu’elles se dirent…

Un jet de sperme balafra mon épaule, le gars qui se masturbait venait d’éjaculer sur moi…

Carmen continuait à forcer mon anneau. Douleur et plaisir mêlés, je me sentais emporté par un tourbillon de luxure et éprouvais un vertige tel que je n’avais jamais ressenti. Un puissant désir m’empoignait et me secouait, impitoyable… dans un état second, je geignis, suppliant ma tortionnaire

— Oh ! Oui !… chérie… Encore ! Encore ! Oui…!

Entourant ma taille de son bras, me serrant contre ses seins que je caressais, Carmen poussa avec force sa main entre mes fesses que j’offrais, écartelées à mon supplice, et ahanant sous l’effort, la poussant encore impitoyablement sa main, ma tortionnaire fit céder mes sphincters martyrisés.

La main cruelle et bénie s’enfonça alors toute entière avec un bruit mouillé de succion dans mon fourreau. Dans un cri, que mon implacable maîtresse accompagna d’une exclamation de triomphe auquel se mêlaient les exclamations du public, l’orgasme explosa en un flash éblouissant d’une telle violence que j’éjaculai, prêt à défaillir, alors que mes yeux se révulsaient.

Carmen, sa main toujours en moi, me laissa redescendre, m’embrassant les reins me caressant avec douceur.

Puis…

— Encore, mon amour ?

Tétanisé sur les répliques de mon orgasme, je ne pus qu’acquiescer d’un hochement de tête.

Ma tourmenteuse imprima alors à son poignet de petits à coups très doux et très lents, me faisant gémir, elle continua un long moment m’installant dans une jouissance profonde et calme puis accentuant ses mouvements elle fit pénétrer profondément sa main dans mon antre, mes gémissements se muèrent alors en un long râle puis la ramenant avec la plus grande délicatesse, elle la retira toute entière pour l’enfoncer encore, lentement, lascivement alors que je me cambrais, me tordais dans des orgasmes qui se répétaient, au gré de la main de ma bourrelle, qui fluait et refluait en moi. Je gémissais, râlais, éructais, la suppliais… je n’en pouvais plus de jouissance que je criai jusqu’à m’effondrer, vaincu.

Alors, avec de lents mouvements de bielle dans une grande douceur, embrassant mes reins, me murmurant mots tendres et obscénités, Carmen se retira me laissant pantelant de stupre et de volupté, affalé sur la couche.

Elle essuya soigneusement ses mains à une serviette et se leva aidée en cela par Brigitte qui lui prit la main la baisa et s’installa à sa place. Ma maîtresse vint vers moi… se penchant elle prit mon visage dans ses mains et m’embrassa ardemment alors que crépitaient des applaudissements.

Brigitte, pendant ce temps se préparait, enduisant sa main d’onguent.

Les applaudissements s’étaient à peine tus que, me caressant, elle me demandait:

— Prête, ma chérie…?

J’acquiesçai et me cambrai vers elle en signe d’assentiment dans l’impatience de sentir sa main forcer mes reins, s’enfoncer en moi et me jeter à nouveau dans ce cataclysme de jouissance que j’appelais de tout mon corps.

La violence des sensations que m’avait fait ressentir Carmen avec ses âpres caresses, la puissance des orgasmes qu’elle m’avait offerts avaient éveillé en moi des désirs contre lesquels je ne pouvais lutter et auxquels je m’abandonnais avec une joie lubrique.

Le cercle des voyeurs s’était reformé autour de nous, des femmes me caressaient… l’une d’elle accroupie tout près de moi me murmurait des mots crus tout en embrassant mon cou, mon visage, mes épaules… Je reconnus la belle femme au masque d’or.

Brigitte glissa deux doigts dans mon armille qu’elle se mit à branler à lents mouvements lascifs… je l’implorai:

— Oh ! Prends-moi…! Fort, chérie !

Elle comprit et joignant ses cinq doigts, pouce replié dans la paume elle commença à m’en pénétrer alors que je m’abandonnai à sa domination dans un gémissement de bonheur ineffable.

Ma tendre bourrelle avait introduit toutes ses phalanges dans mon antre qu’ elles avaient aisément pénétré, sa main butait maintenant sur mes sphincters au niveau du métacarpe, Brigitte la ramena en arrière pour la repousser à nouveau dans un lent et doux mouvement qui me faisait monter alors que je gémissais mon plaisir.

— « Masque d’or », qui se tenait toujours près de moi se mit à m’embrasser… c’était divin. Elle murmura:

— M’acceptes-tu dans ton jeu ?

— Oh ! Oui ! Oui, chérie !

Elle m’embrassa encore, puis je la vis se lever et rejoindre Brigitte près de laquelle elle s’installa et la prenant par les épaules se mit à l’embrasser dans le cou, alors que celle-ci continuait à me faire jouir.

— Oh ! Chérie… Oui, comme ça… fort !

Continuant son lent et doux mouvement de bielle, Brigitte donnait d’infimes mouvements d’ondulation à sa main et imperceptiblement, accentuait la pression à chaque poussée sur mon anneau faisant enfler en moi l’onde d’un plaisir grandissant.

Je râlais de volupté, quand je m’aperçus qu’un homme se tenait devant moi.

Jambes écartées, son lourd mandrin dressé sous un ventre protubérant et couvert de poils gris, il prit mon menton entre ses gros doigts, me forçant à lever la tête.

— Tu m’acceptes ?

Fermant les yeux, je hochai la tête en signe de consentement.

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Catégories : Pluralité

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