Sido

                                                                                   

Il faisait grand soleil le lendemain matin quand Audrey gara sa petite Fiat près de l’endroit où elle avait trouvé une place hier au soir le long des grilles de ce square, sans être superstitieuse elle pensa cependant que c’était un heureux présage.

Hier… Tout son corps se souvenait de cette folle nuit! Les images qui lui en revenaient l’envahirent d’une émotion qui la fit instantanément mouiller. Et ce n’étaient pas les pensées qui lui venaient alors qu’elle marchait vers son rendez-vous qui allaient l’ apaiser.

Une femme! C ‘était une femme, la belle et sulfureuse Sido, qui la troublait ainsi.

La pensée lui vint qu’entre hier soir, où elle faisait la découverte de la pluralité ainsi que celle de pratiques hors-normes, et maintenant où elle brûlait de connaître l’amour aux bras d’une femme, sa vie connaissait des changements surprenants.

Elle qui, jusqu’alors, était persuadée d’ avoir une sexualité toute d’équilibre, sourit à la pensée qu’ elle n’avait jamais vécu aussi intensément que depuis ces étonnants bouleversements.

Elle arriva bientôt devant le « Red zone » qu’elle dut faire effort pour reconnaître. Hier soir, la brume, la nuit et ses lumières transformaient tant le décor que c’est à peine si elle en reconnut l’entrée et dut jeter un coup d’œil à l’enseigne pour s’assurer qu’elle ne se trompait pas.

Elle chercha une sonnette, il n’y en avait pas. Elle frappa plusieurs fois… pas de réponse. Alors, tournant la lourde poignée de fer, elle poussa la porte qui s’ouvrit.

Retrouvant la même lumière d’aquarium qu’hier, elle s’avança dans le silence de l’étroite salle déserte au fond de laquelle trônait le bar tendu de moleskine verte.

Personne…

Elle s’installa sur un haut tabouret et s’accouda au bar, l’exquis arôme de café torréfié qui l’avait accueillie à son entrée lui laissait à penser que quelqu’un s’y trouvait quelques instants auparavant.

Elle laissa errer son regard sur le décor qui l’entourait…c’était là que tout avait commencé hier… Manhattan!

Elle était toute à sa rêverie quand un bruit de pas se fit entendre…la petite porte à gauche du bar s’ouvrit sur la belle hôtesse.

Lorsqu’elle aperçut Audrey juchée sur son tabouret, elle s’avança vers elle, avec un sourire radieux.

Audrey, le cœur battant la regarda s’avancer.

Elle était sublime: sur un déshabillé vaporeux écru qui voilait à peine ses formes, la belle portait une courte robe de chambre de satin ivoire ourlée de plumes que serrait à sa taille fine, une ceinture à pompons et qui s’arrêtait à mi-cuisses, mettant en valeur le galbe sensuel de ses jambes gainées de soie noire, à ses pieds, de jolies mules blanches à talons hauts, elles aussi ornées de plumes. L’échancrure de sa robe laissait entrevoir les rondeurs naissantes de sa poitrine altière et les manches retroussées montraient ses beaux bras délicats dont les poignets graciles s’ornaient de bracelets et de fines chaînettes.

— Trésor!

Tendant les bras, avec son magnifique sourire, elle enlaça Audrey la faisant fondre sous son baiser.

— Oh! Sido…embrasse moi… encore, chérie!

— Tu aimes, Trésor?

— Pire que ça… j’en suis trempée!

Avoua t-elle se mordant la lèvre. Sido, souriant :

— Mmh…! Voyons ça, petite vicieuse…

Elle s’accroupit au pied du tabouret, écartant doucement les jambes de sa belle qui s’était mise à haleter sous l’effet d’une violente excitation.

Caressant l’infinie douceur de sa peau, au-dessus des bas, elle écarta le string arachnéen, dévoilant le beau fruit gorgé de désir de celle qu’elle faisait sa maîtresse.

— Regardez moi cette jolie petite chatte! A t-on jamais vu quelque chose d’aussi mignon…!

Elle se pencha et fermant les yeux, commença par baiser avec dévotion le petit con ruisselant de cyprine, puis, enserrant la taille de son amante se mit à dévorer à pleine bouche, mordant dans le beau fruit gonflé de désir, se gorgeant de son nectar doux comme un miel.

Caressant ses cuisses, griffant ses reins, elle dardait sa langue dans l’antre de soie et eut tôt fait de déclencher un violent orgasme chez sa maîtresse qui en tremblait encore quand elle se redressa.

— Tu as un goût exquis, Trésor…Viens! Goûte ta chatte sur mes lèvres!

Gémissante, Audrey s’abandonna aux bras de sa maîtresse dans un long baiser qui la tordit à nouveau de jouissance.

Sido relâcha sa belle proie encore toute étourdie par les sensations qu’elle venait de lui faire éprouver.

— Oh Sido…tu m’ensorcelles! J’ai joui deux fois, chérie!

— Ah! Je vois que tu ignores tout de mes super pouvoirs.

Audrey, sur le même ton de plaisanterie:

— Je n’ai qu’une hâte: que tu me les fasses découvrir…

Sido la regarda un long moment et alors qu’ Audrey levait les sourcils dans un questionnement muet:

— Alors, il te faudra être très sage et très obéissante, petite fille!

Audrey crut d’abord, à une boutade mais devant l’air sérieux de la belle hôtesse:

— Que veux-tu dire, chérie?

La belle Sido eut un sourire énigmatique…

— J’aurai l’occasion de t’expliquer ça bientôt, Trésor. Mais pour l’instant, — Elle lui tendit la main — Je t’invite à découvrir mes jardins secrets.

Elle sourit et posant un baiser sur la bouche d’Audrey:

— Viens!

Elle ouvrit la petite porte à gauche du bar et emmena Audrey par le couloir qui l’avait amenée hier soir sur ces lieux de luxure dont la seule évocation lui remua le ventre… la tête pleine des images folles de cette incroyable soirée, elle sourit: Manhattan!

C’est la porte opposée qu’elles empruntèrent pour pénétrer dans une sorte de hall, gris et poussiéreux, qu’éclairait un puits de jour.

Elles traversèrent le hall et s’arrêtèrent devant une porte métallique.

La belle Sido sortant une clé électronique fit jouer la serrure trois points qui se déverrouilla avec ses claquements caractéristique et la lourde porte s’ouvrit sans un bruit, poussée par un groom hydraulique.

Elles entrèrent dans une courette paysagée en jardin dont les parterres soigneusement entretenus étaient plantés d’arbres et de buissons. Au centre trônait la petite statue d’une nymphe se coiffant, toute entourée de lierre. Encadré par les hauts murs des immeubles voisins le petit havre de nature s’ouvrait en haut sur un carré de ciel bleu, qui le baignait de lumière et malgré les frimas de novembre, asters, chrysanthèmes et chèvrefeuilles lui gardaient un charme certain

— Un de mes jardins, pas vraiment secret, celui-là…

Sourit Sido, en désignant les fenêtres qui s’ouvraient dans les hauts murs.

Traversant le jardin elle s s’arrêtèrent devant la façade d’une chaumière de colombages, de briques et de silex du meilleur goût dans laquelle s’ouvraient de larges fenêtres à petits carreaux et aux volets bleus charrette. Une vigne vierge aux somptueuses couleurs finissait de donner une touche bucolique à ce bout de campagne en pleine ville.

— Magnifique! Quel dépaysement! Tout à coup, on n’est plus à Paris ! J’adore!

Commenta Audrey.

— Parisienne et noctambule… mais je veux que la terre continue à coller à mes sabots.

Elle poussa la porte vitrée de petits carreaux.

— Ma femme de chambre est là ce matin, mais elle a bientôt fini son service.

Elles se trouvaient dans un petit hall clair tout de bois blanc orné de magnifiques plantes vertes.

Poussant une autre porte, elles les fit pénétrer dans un vaste volume, aux murs chaulés, où étaient harmonieusement distribués de magnifiques meubles contemporains autour d’une cheminée centrale très moderne. Le parquet, laqué en noir, s’ornait de nombreux tapis de luxe.

— Splendide, je peux te dire, puisque c’est mon métier, que c’est un travail remarquable!

— Merci Trésor! Et, tu fais quoi?

— Je suis architecte d’intérieur.

— Super! Je te demanderai conseil pour un appart’ que je fais refaire, Ok?

— Bien sûr, chérie, sans problème…

Elles s’installèrent dans un des sofas de cuir blanc du luxueux lounge qui occupait une partie du vaste salon.

Dans le bar, Sido prit une bouteille de champagne dont elle fit sauter le bouchon et échangeant baisers et caresses qui faisaient frémir d’impatience la belle Audrey, elles en burent plusieurs coupes.

Audrey qui ne buvait que très rarement se sentait prise par un vertige dont elle n’avait pas l’habitude, mais qui n’était pas désagréable du tout, elle se laissait aller, euphorique, dans les bras de sa belle maîtresse et se sentait prête à toutes les folies.

— Je t’adore Trésor! Il y a quelque chose en toi qui me plaît…c’est fou!

— Je ressens la même chose chérie! Je suis raide dingue de toi!

— Trésor, tu ne connais pas encore Sido… Je t’ai parlé de mes jardins secrets, si tu y es prête, je vais t’en faire visiter un.

Elle laissa un long silence la fixant de ce regard glacé qu’elle aimait tant, maintenant, sentir sur elle.

— J’ai un petit compte à régler avec ma femme de chambre… je te convie à assister à cette entrevue… Je tiens à te prévenir: carré blanc, âmes sensibles, s’abstenir.

Audrey quelque peu déstabilisée par ses propos eut un regard interrogateur.

— Oui, chérie…pourquoi pas?

Sido hocha la tête.

— Très bien…!

Elle prit son portable.

— Lucinha? Oui… Rejoins moi au salon. J’ai à te parler.

Quelques instants plus tard, la porte du fond s’ouvrait et une très jolie jeune femme brune fit son apparition. Dans une sobre robe noire à manches courtes et à encolure carrée, un petit tablier blanc bordé de fronces. Ses jambes au galbe parfait étaient gainées de bas noirs et elle était chaussée d’escarpins blancs. La jeune femme était tout simplement ravissante et avait même de la classe.

Elle s’approcha et se tint devant sa maîtresse, les mains jointes devant elle, dans une attitude respectueuse…

Audrey put ainsi l’observer à loisir.

Les cheveux bruns coupés courts, à la garçonne, encadraient le beau visage aux contours délicats, aux traits fins, dans lequel brillaient de grands yeux de biche ombrés de longs cils, elle avait de gracieux sourcils, qui s’arquaient sous le haut front pur, un petit nez mutin surmontait la belle bouche pleine, aux lèvres délicieusement ourlées, à peine colorées d’un rose légèrement nacré. Elle était très jolie.

— Audrey, voici ma femme de chambre Lucinha. Lucinha je te présente mon amie Audrey.

— Je suis enchantée, Madame.

Dit, de sa voix claire, la jolie domestique, avec une légère génuflexion. Son français était impeccable teinté toutefois, par une très légère pointe d’accent.

— Moi de même Lucinha. Vous êtes portugaise?

— Non, Madame. Je suis brésilienne.

Audrey était sous le charme et la conversation aurait pu continuer mais Sido y coupa court. Elle s’était levée.

— Lucinha!

— Oui, Madame…

— Regarde moi!

— Oui, Madame…

Sido la fixait impérieuse. Lucinha eut un imperceptible frémissement.

Continuant à fixer la jolie femme, Sido croisa les bras sur sa poitrine.

— As-tu sorti Mandrake, ce matin, comme tu devais le faire?

— Oui, Madame…

Sido gifla la jeune femme à la volée…

Audrey surprise, regardait la pauvrette, les yeux écarquillés.

Lucinha la tête encore tournée de côté, fronçait les sourcils…Audrey crut voir un sourire dans ses yeux.

— Prends ta médaille et embrasse la… Voilà! Tiens la dans ta main et répète ce que tu vens de me dire! Obéis!

Cette fois, les yeux de la jeune femme s’embuèrent et secouant la tête:

— Non, Maîtresse! Je ne peux pas…

Audrey nota le « Maîtresse » et non « Madame »…

— Tu n’as pas recommencé au moins?

— Non, Maîtresse! Je le jure sur la médaille!

Sido que l’aveu de Lucinha semblait avoir satisfaite, se mit à marcher autour d’elle à pas lents.

Audrey, troublée par la scène à laquelle elle assistait n’en était pas moins intriguée et ne pouvait s’empêcher de trouver à cette confrontation quelque chose d’ excitant… captivée, elle attendait.

— Tu as un comportement puéril! Tu ne cesses  de me désobéir  — elle se mit à crier — Et ça me met hors de moi…!

Audrey eut à nouveau l’ impression de voir passer une lueur amusée dans le regard de Lucinha.

Tout en tournant autour de sa domestique, Sido d’un doigt effleurait son dos, une épaule, une hanche… sa voix s’était comme adoucie.

— Tu me désobéis…de plus tu me mens! C’est un comble… petite garce!

Sido la regarda longuement, hochant la tête, le regard sévère. D’une voix  froide, de colère contenue:

— Tu es incorrigible! Combien de fois ai-je déjà dû te punir…? Tu veux donc, que je recommence ?

— A ta guise!

— Rejoins moi en bas! Tu as dix minutes pour te préparer. Mon amie Audrey assistera à ta punition.

Audrey cette fois en était sûre: la mignonne, en même temps qu’elle tournait la tête, avait eu un sourire en la regardant.

Image fugace, entrevue en un éclair mais qui la confortait dans l’idée dont elle était maintenant de plus en plus intimement persuadée: l’étrange scène à laquelle elle avait été invitée à assister, était plus un jeu de masques et de rôles, dans lequel les deux protagonistes obéissaient à une mise en scène strictement codifiée, qu’ une véritable confrontation.
Quel lien étrange unissait donc la jolie domestique et sa belle maîtresse? Une bouffée de jalousie la fit subitement haïr Lucinha… Non…! Non, ce n’était pas de l’amour… alors, qu’est ce que c’était ?

La belle soubrette s’inclina rapidement et sortit non sans qu’Audrey n’admire l’élégance de sa démarche et l’ondulation dansante de ses somptueuses petites fesses.

Sido s’approcha de sa belle et la sentant déstabilisée, l’embrassa d’un de ses baisers qui l’affolaient.

Puis, caressant son visage:

— Je sais que tu es entrain de te poser mille questions…Patience Trésor! Je t’expliquerai tout, en temps et heure.

C’était dit. Point barre. Audrey savait qu’il n’y avait pas à y revenir.

Avec un sourire énigmatique:

— Pour l’instant, suis moi, je vais te faire découvrir un coin de mes jardins secrets et te permettre de commencer à lever le voile…

Elle lui prit la main et l’emmena dans le hall d’entrée. Se saisissant d’un boîtier de télécommande elle appuya sur une touche… dans les lattes de bois blanc, un panneau coulissa, ouvrant sur les premières marches usées d’un antique escalier de pierre qui descendait vers l’obscurité.

Sido donna de la lumière et elles descendirent les marches d’un escalier en colimaçon. La dernière voûte était fermée par un épais rideau rouge.

Le rideau rouge s’ouvrit, découvrant un décor qui laissa Audrey bouche-bée.

Éclairée par la lumière luxueuse de trois lustres à pampilles de cristal placés en enfilade, s’ouvrait une longue salle voûtée de calcaire et de brique décorée dans les mêmes harmonies de rouge noir et or qui lui rappelèrent instantanément le lieu où s’était déroulé sa mémorable soirée d’hier.

De la voûte pendaient courroies de cuir, harnais et chaînes, sur le sol, moquetté de noir, un futon et des coussins, au milieu de la vaste pièce, laqué en noir sur une sorte d’estrade, un carcan, sur la gauche près d’une vaste commode, un imposant voltaire tendu de velours rouge et noir dont les accoudoirs portaient sangles, courroies et étriers de cuir.

L’endroit était d’une beauté étrange et poignante…

Cela ne surprit en rien Audrey que sa belle et mystérieuse Sido s’adonnât à la domination, ce qui la troublait était que sa maîtresse, alors qu’elle n’en étaient qu’au tout début de leur relation l’initie à ces pratiques si particulières et la fasse entrer dans un monde dont elle avait entendu parler mais dont elle n’était pas pas certaines de partager les valeurs…

Comme si sa maîtresse devinait ses pensées:

— Tu vois, je suis cash. A toi de me dire où tu en es !

— C’est beau et troublant… comme tu es belle et  troublante, chérie,  mais je suis incapable de t’en dire plus, pour l’instant. Je suis intriguée… et curieuse de la suite.

Sido l’embrassa sans rien ajouter d’autre.

Elles entendirent des talons claquer sur les marches d l’escalier, annonçant l’arrivée de Lucinha.

La belle fit son entrée. Elle était tout simplement à tomber.

Vêtue d’un court kimono  de soie rouge qui laissait voir ses longues jambes fuselées, jusqu’à la naissance de son calice, qu’Audrey, éblouie, ne put s’empêcher d’imaginer  et chaussée d’escarpins assortis, elle franchit les quelques mètres qui séparait l’entrée de l’endroit où elles se trouvaient de sa démarche féline et s’arrêta à deux pas d’elles.

Joignant les mains devant elle, elle se redressa,*une étrange lueur filtrant dans le regard.

Audrey se dit que la contenance de la belle ressemblait bien peu à l’attitude repentante de celle qui s’apprête à être châtiée, quand elle remarqua la cyprine qui ruisselait sur le haut des cuisses de la belle, trempant ses bas jusqu’à ses genoux.

Catégories : D/s

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