L’Érotin (Alphonse Momas), La Femme aux chiens. Recueil documentaire psycho-pathologique sur les aberrations sexuelles chez la femme normale tombant à la bestialité la plus raffinée, Paris, 1912 .
J’ai découvert ce texte sur un blog que je recommande vivement: « Eros et Thanatos », très éclectique, sobre, limite dépouillé, ce qui n’est pas fait pour me déplaire, et d’une excellente tenue.
« La femme aux chiens » m’a tout de suite séduit, par la qualité de sa langue, mais aussi , surtout, par l’attendrissant personnage de la belle dépravée, Régine, que Momas décrit , sous couvert d’une étude « documentaire psycho-pathologique » avec brio ainsi qu’ une délectation jubilatoire. Cette jolie veuve « normale »(!) dont les sens endormis sont réveillés par le viol d’un satyre et qui, séduite par ses deux chiens, se donne à eux, va se retrouver inféodée à un désir qui la subjugue et l’enchaîne aux turpitudes les plus bestiales…Étendant son champ d’action, elle va séduire tous les toutous des environs; assoiffée de luxure infernale, elle se livre aux caresses de cette meute et lutte avec eux d’obscénités qui la ravalent au rang de ce, qu’inconsciemment , elle aspire à être: une véritable chienne.
Chapitre I
Le viol du satyre.
Régine Moutiers s’était attardée dans une famille amie, et il lui fallait maintenant regagner sa villa des environs de Paris par le dernier train.
Agée de vingt-huit ans, elle présentait le type d’une jolie brune distinguée, bien douée pour inspirer les galanteries d’un amant et aussi les amateurs de mariage. Car elle était veuve depuis près de trois ans et jouissait d’une belle fortune. Mais, fantasque, capricieuse, coquette, si elle ne décourageait personne, elle ne se laissait aller à écouter aucun soupirant, et tout se bornait à des propos aimables ou à des flirts qui n’engageaient ni sa liberté ni son coeur.
Habitant la banlieue, dans une des plus charmantes localités qui sont situées sur la lisière des grands bois, elle ne venait à la ville que pour passer une journée, ou même une demi-journée, chez d’anciennes amies de pension mariées, qui lui rendaient ses visites dans sa résidence champêtre, des plus confortables et des plus agréables, et où elle vivait avec une vieille cuisinière depuis longtemps attachée à son service, et une femme de chambre remplissait l’office d’une gouvernante.
Elle venait de quitter la gare et traversait, empruntant un sentier caillouteux une zone de friches dénuée de toute habitation. Malgré la nuit profonde, elle n’éprouvait aucune crainte…Tout lui semblait si paisible, si habituel. Elle songea à une attaque…Une attaque ! Elle sourit… Le calme le plus complet continuait à la rassurer.
Le ralentissement du pas s’imposait ; sur ce rebord de chemin de courtes et nombreuses déclivités l’exposaient à trébucher, et voilà qu’en effet son pied s’engagea dans un faux trou de taupe, et qu’elle tomba sur les deux genoux ; elle n’eut pas le temps de réfléchir ni de pousser un cri, brutalement deux mains l’avaient saisie et attirée dans le fossé, son grand et large chapeau voltigeait à trois pas et sa chevelure se dénouait. Plus une goutte de sang ne circulait dans ses veines.
Elle apercevait distinctement un homme petit, trapu, fort, le visage mauvais, les yeux de feu, la culotte débraillée et ouverte, toute la queue en demi-érection tournée de son côté. Elle voulut fermer les yeux ; les mains de l’homme lui pressaient le cou pour l’étrangler. Elle eût la force de murmurer :
— Pitié !
L’étreinte ne se noua pas ; l’homme était ramassé sur elle et la considérait en silence, la maintenant sur les reins, le dos appuyé contre le rebord du saut-de-loup. Il descendit les mains du cou à la poitrine, et d’une voix sourde, commanda :
— Montre-moi tes tétons.
— Oh !
Il eût une lueur de fureur, il lui reprit le cou, mais elle obéissait, défaisait son corsage, s’abandonnant à tout ce qu’il voudrait pourvu qu’il ne la tuât pas. C’était le moment de prononcer ce simple mot, propre à défendre une vertu qu’on outrage. C’était l’instant de recourir au prodigieux effet de domination par la beauté ! Régine n’y songeait plus : la terreur la paralysait dans son esprit et dans son corps.
Le satyre palpait avec ivresse ses seins rondelets à la chair satinée ; il gloutonnait, il y posait les joues, il les baisait, il les humait, il les suçait, et tout à coup il vint les toucher avec sa queue qui, cette fois, bandait très ferme. Elle aspira son odeur sauvage de bouc, et cette odeur ne lui répugna pas autant qu’elle l’eût supposé.
— Trousse moi cette robe, et vite! grogna t-il.
— Un pantalon ! s’exclama-t-il, ah tonnerre, te paies-tu ma gueule ? Fous-moi ça par terre, oust !
Elle dénoua le vêtement et, sans rien répliquer, le retira. Les jupes et la chemise en l’air, le ventre franchement découvert, montrant son minet brun, bien soyeux et bien soigné, elle approcha le con de la queue du chenapan qui la glissa entre ses cuisses comme pour la baiser, non sans s’amuser à lui chatouiller le clitoris et même le nombril avec le gland.
— Ah ! dit-il, le ventre contre le sien, tu as une chic peau ! Je vais te lécher par là-dessous avant de te foutre ma bite dans ta connasserie. On a le temps de la collerie… faut s’en fourrer !
Il se jeta entre ses jambes, envoya de longs coups de langue dans ses cuisses, à son con, à son chat, multiplia les minettes, lui pelotant le cul et la fouettant, il la fit se courber peu à peu, l’attira à cheval par-dessus lui, sur le sol, pointa la queue dans le vagin et l’enconna sans qu’elle se défendit, la ballottant et la secouant à la démolir. Ses cheveux se dénouèrent de nouveau sous l’assaut, sa robe se fripa de plus en plus.
Il la baisa ainsi, trois fois et, ayant pris goût à la chose, la belle Régine se mit à en demander encore…
Il la gifla et elle lui rendit ses claques, lui pinçant même le cul, caressait même ses couilles grosses et pleines, se lançant dans la luxure au point qu’elle finit par se dévêtir de son plein gré et, que c’était lui maintenant, qui suivait les indications de sa femelle, au lieu de lui dicter ses propres fantaisies.
Elle s’aguerrissait et cherchait dans l’aventure sa part de plaisir ; elle lui rendait ses baisers, ses caresses, ses suçons, et elle ne répugnait pas à son odeur de bouc et ne refusait pas de recevoir sa queue en bouche. Le rapt se transformait en un duo consenti où elle se révélait autant active que passive.
Il fut si satisfait de l’enthousiasme qu’elle mettait à se faire baiser qu’il se mit à lui murmurer des mots d’amour , les mêlant aux propos salaces qu’il lui lançait. Lui tenant le même langage elle emporta son tortionnaire dans un tel transport amoureux , qu’elle sentit, que désormais il lui mangerait dans la main. Pour finir de l’amadouer, elle lui fit don d’un de ses fins mouchoirs de dentelle trempé de sa cyprine.

Alors qu’ils finissaient leurs ébats…
— Je ne voudrais pas qu’il m’arrivât encore quelque chose. Tu devrais m’accompagner jusqu’à ma porte.
— Oui da ! pour que tu me livres à tes domestiques… merci bien…!
— Tu n’as rien à craindre, avec le gage de consentement que je t’ai donné… Ne possèdes-tu pas mon mouchoir avec ma jouissance dessus ?
— Ça c’est vrai ! Je consens bien à t’accompagner jusque près de chez toi, mais pas jusqu’à ta porte.
En effet, ils se séparèrent quand elle fut certaine qu’elle ne courait plus aucun danger.
Bien lui en prit de ne pas s’être fait escorter jusqu’au bout ; ses deux servantes, malgré l’heure avancée, attendaient, inquiètes et troublées devant la grande grille.
— Ah ! mon Dieu ! s’exclamèrent-elles en l’apercevant toute salie et toute fripée, que vous est-il arrivé ?
— J’ai roulé dans un fossé et je suis restée évanouie.
— On aurait dit que les chiens s’en doutaient ; ils menaient une vie de tous les diables ; nous ne les aurions pas tenus, nous les avons laissés enfermés.
— Vous avez bien fait ! Mais dépêchez-vous, il faut que je me couche et que je me repose.

Chapitre II
Régine possédée par ses chiens.
Régine fut plusieurs jours avant de se retrouver dans son état normal. Elle éprouvait des fatigues, des accablements, des vertiges ; pensait et ne pensait pas ; elle subissait une crise morale et physique.
Était-ce bien à elle qu’arriva cette terrible aventure ? Non, non, elle dût être l’objet de quelque cauchemar ! Un cauchemar avec toutes les traces qui subsistaient ? Quel triste rôle consentit-elle à jouer ? Rien de son caractère ne s’y accusa ; et elle s’irritait de sa lâcheté à se soumettre, du manque de présence d’esprit dont elle fit preuve, du sacrifice irraisonné de tous ses sentiments, de toutes ses pudeurs aux pieds du monstre qui la domptait.
Dans la soirée, peu après le dîner, qu’elle prenait toute seule, ne s’ennuyant pas de cette absence de convives, et écoutant sa femme de chambre qui lui racontait les potins du lieu et d’ailleurs ; les chiens qui couchaient dans l’intérieur de la maison, afin de ne pas être exposés à avaler quelque mauvaise drogue que leur jetterait un malandrin quelconque, témoignèrent de l’agitation, grognèrent en errant d’une pièce à l’autre. Elle n’y attacha pas d’importance, le cas se présentant parfois lorsque des rôdeurs ou des chemineaux circulaient sur les chemins rapprochés.
Les servantes couchées, installée sur un sopha dans son salon, pour lire et rêver avant de monter au premier étage se mettre au lit, elle laissa ses bêtes s’étendre sur le tapis, se sentant plus en sûreté en les ayant sous la main. Fox, le plus fort des deux, s’était allongé devant le sopha et dormait étendu tout de son long, en chien bien appris. La tête appuyée sur un coude, elle pensait au satyre. Pourquoi ne lui avait-il pas donné signe de vie ? Ses yeux se posaient un peu partout dans le salon, sur les meubles, sur les bibelots, sur les chiens. Ils finirent par s’attarder curieusement vers le bas du ventre de Fox, sur lequel se dessinait, en commencement d’érection, la queue avec un bout tout rouge qui tendait à sortir.
Ce sale chien ne s’embêtait probablement pas dans son sommeil. Oh ! non, il ne s’embêtait pas : le bout rouge s’exhibait de plus en plus et titillait drôlatiquement. Régine avait envie de rire et, d’un autre côté, elle s’intéressait à ce fait qui lui semblait anormal. Par moment la bête poussait un petit gémissement très léger, et elle voyait, à ce gémissement, Médor couché en rond un peu plus loin, qui soulevait la tête, cherchant à s’expliquer ce qui survenait à son compagnon.
Une folie lui traversa l’esprit. Le bout rouge se montrait du côté où elle avait les pieds ; elle se souleva à demi et en posa un dessus. Instantanément Fox s’éveilla, crut à une caresse de sa maîtresse, se tourna sur le dos, les pattes en l’air, le bout rouge tout dehors, d’une notable longueur. Interdite d’abord elle retira son pied puis, toute rieuse, elle le reporta et esquissa un branlage qui parut fort convenir à l’animal. Elle subissait une fascination inattendue. Cette queue de chien qu’elle secouait de sa mule et ensuite de son pied nu, ravivait sa luxure. Elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Tout à coup elle se trouva à cheval par-dessus le corps de la bête et sentit dans ses cuisses le bout rouge qui s’énervait.
Fox commençait à trahir de la fébrilité ; il se démenait avec précaution entre les jambes féminines qui l’enserraient, léchait la main avec laquelle elle lui caressait la tête et le cou ; se soumettait avec peine à sa volonté de le maintenir dans sa pose ; et voilà qu’au contact, au picotement de la pine du chien contre son clitoris en chaleur, du clitoris qu’elle approchait très habilement, elle se débarrassa de son peignoir et de sa chemise, et, toute nue, s’abattit entre les pattes de l’animal comme s’il eût été un homme.
Comprenait-il le phénomène qui s’accomplissait chez sa maîtresse ? Fox la léchait sur le visage et les épaules, se laissait presser dans ses bras, mais, de son train de derrière, il tentait de se dégager, de délivrer sa pine de cette chair qui l’attaquait, et dont il ne devinait pas le point vulnérable de volupté.
À cet instant elle tourna la tête et vit Médor debout qui lui reniflait les fesses. Lui aussi exhibait un long bout rouge plus en mouvement que celui de Fox, et possédait-il plus de roublardise ? De ses pattes de devant il donnait des coups à ses hanches, frappait du cul, essayait de l’attirer en recul et sous lui.
Fox paraissait débander et s’abandonnait. Régine restait contre son corps, hésitant sur le parti à prendre.
Décidément Médor s’annonçait comme un maître galant ; il avait saisi les deux jambes de sa maîtresse qui se dégageaient en dehors du corps de Fox, et il luttait ferme pour s’en emparer. Déjà, à plusieurs reprises ; le bout rouge avait heurté les fesses et les cuisses de Régine. Elle lâcha Fox et se souleva sur les genoux pour continuer l’amusement de la lutte avec Médor ; mais celui-ci, pesant brusquement et lourdement les pattes sur ses épaules et l’abattit sur les bras : elle était en posture.
Le chien ne reculait pas ; il l’enserrait à la taille de ses pattes de devant et pointait dare dare la pine entre ses cuisses ; il exécutait à merveille la manoeuvre pour la couvrir, la traitant en chienne, et précipitant l’assaut. La pine glissait dans les cuisses montait vers le chat, mais ne s’enfonçait pas. Régine avait sa raison qui s’égarait : une sensualité effrénée la dominait, elle envoya la main et plaça le bout rouge à l’entrée de son con ; il s’engouffra dans le vagin ; elle crut expirer de volupté sous la frénésie de l’attaque.
Médor la montait, Médor poussait jusqu’au bout ; il roulait des yeux fous, ne lâchant pas sa proie, et Fox stupéfait, se dérobant sous le buste de sa maîtresse qui s’appuyait contre son ventre, se dressait, contemplant ce spectacle, comprenant sans doute ce qu’il venait de perdre. Ses regards semblaient s’irriter, il menaçait de sauter sur son camarade.
Dans sa luxure Régine eut une lueur d’intelligence qui la poussa à commander :
—Paix Fox, couché de suite.
Le chien obéit avec une plainte. Médor continuait à grimper sa maîtresse avec des trépidations et des coups de reins formidables ; il jouissait, il avait joui.
Régine se sentait bel et bien prise, la détente se produisait ; les pattes de devant de l’animal mollissaient et ne se cramponnaient plus. Il lâcha le corps sur lequel il s’était hissé, se retourna comme sur une femelle de sa race : sa pine énormément grossie demeurait encore retenue dans le vagin féminin.
La bête et la femme se trouvaient cul à cul ; et la femme jouissait, épandait sa cyprine près de la tête de Fox qui, avec la langue, la séchait et l’absorbait avec gourmandise. Médor déconna enfin et, les oreilles basses, penaud comme un amant ordinaire, il s’en fût là où il était tantôt couché, se laissa tomber comme une masse ; se lécha la pine pour la nettoyer, à la mode de ses congénères.
La cyprine de Régine, jointe à l’odeur de Médor, avait agi sur Fox. Il rampait contre sa maîtresse, anéantie sous la félicité procurée par sa langue, succédant à l’enconnage. Elle étalait en l’air toute sa croupe, ouverte, appelant un nouvel assaut. Fox, cette fois, ne recula pas… Qui niera l’intelligence des bêtes !
L’exemple de son compagnon avait porté. Ses deux pattes de devant saisirent le cul de Régine qui se développa et se prêta encore mieux qu’avec Médor.
Elle s’agita sous les tressaillements du chien visant le con, le troublant plutôt que le facilitant dans sa poursuite, à l’enfiler. Fox était plus grand et plus fort, son bout rouge s’allongeait, franchissait l’entre-cuisse et battait contre le nombril. Régine restait clouée entre les puissantes pattes de l’animal, s’échinant à l’enfourner et l’écorchant au ventre sous ses efforts vigoureux, elle exécuta un habile mouvement de dos qui recula brusquement la pine des hauteurs où elle s’égarait et elle put, comme pour Médor, la placer au bon endroit.
Fox marcha tout aussi bien et franchit d’une poussée les lèvres secrètes. Se transformait-elle en chienne, la belle Régine ? Elle devait le croire , et éprouvait une âcre volupté à se livrer sans réticence à la fougue de son second chien.
Il s’en fallut depeu qu’elle ne s’en repentisse ; agissant trop dans son individualité féminine, elle l’entravait, et l’animal, oubliant un instant qui il grimpait, envoya un coup de croc à son épaule, avec un fort grognement.
Elle se confina dans son rôle passif, et Fox s’en donna comme Médor. Il fourragea le vagin féminin avec énergie, y sema son jus, amenant la cyprine de la femelle ; sa pine très gonflée fut plus longue à sortir du con. Régine se sentait mourir sous cet excès de luxure, sous l’ivresse de ses sens.
Ah ! maintenant elle s’abandonnerait à n’importe qui, tant elle appréciait la possession du mâle ! Si le satyre avait sonné à sa porte elle lui eut ouvert. Dans un dernier effort la queue de Fox s’évadait, elle avait bien rempli son oeuvre.
Le chien s’apprêtait à la recoucher sur le tapis pour digérer sa félicité. L’esprit prompt, Régine, debout sur le champ, comprenant qu’il s’agissait de maintenir sa domination sur les bêtes, courut vers un meuble, y prit une mince et fine badine et, en menaçant ses deux amants en Gomorrhe, les chassa du salon, commandant :
— Allez, oust à la couche, oust, oust ! allez !
Les deux chiens poussèrent un cri plaintif, la badine venait de les cingler ; la queue entre les jambes, ils se précipitèrent vers la cuisine où, dans un grand cabinet servant le débarras y attenant, ils possédaient un coin de paille.
Quoique encore émue, les jambes tremblantes, avec crânerie Régine chaussa ses mules, jeta sur un bras son peignoir et sa chemise et, la lampe à la main, sans souci de sa nudité, monta l’escalier pour se rendre dans sa chambre et dans son cabinet de toilette.
Elle terminait à peine ses ablutions, arrangeant ses cheveux devant son armoire à glace, que les aboiements forcenés des chiens l’obligeaient à s’arrêter pour écouter. Cette fois-ci ils jappaient avec fureur. Elle tressaillit. Le satyre devait s’être aventuré. Mais les ablutions avaient calmé son sang. La colère l’emporta sur la sensualité ; elle se demanda si elle ne lancerait pas ses bêtes et si elle ne le ferait pas dévorer. Il n’y avait pas à douter, il s’était introduit dans la propriété. Il devait rôder autour de la maison. À ce moment Coralie frappa à sa porte :
—Madame, demanda-t-elle, êtes-vous couchée ?
— Non, entrez.
La femme de chambre parut en chemise et resta saisie devant sa maîtresse toute nue.
— Madame, dit-elle pourtant, il y a quelqu’un qui cherche à crocheter la serrure d’en bas. Par votre cabinet de toilette on pourrait voir. Puis-je y aller ? Je tirerai dessus avec ce revolver s’il montre le bout de son nez.
— Oui, allez, mais ne tirez pas. Il a dû s’enfuir avec l’aboiement des chiens.
La fenêtre du cabinet de toilette entrouverte, une demi-croisée difficile à franchir pour un homme, Coralie se pencha et cria :
— Qui est là ?
Régine l’avait suivie et se courbait par derrière pour tâcher de voir ; elles distinguèrent un individu qui, en courant, se dirigeait vers un massif. Sur le conseil de sa maîtresse, murmuré à son oreille, Coralie tira un coup de revolver en l’air. L’homme dévala, fuyant vers le mur d’enceinte. En cet instant un coup de fusil retentit et elles entendirent le gardien qui accourait en criant :— Ne craignez rien, Madame, j’ai entendu les chiens et je vais régler le compte du chenapan qui se permet de venir chez les autres.
Régine repoussa Coralie et répondit :
— Il s’est sauvé, Gernaque, la leçon aura suffi ; laissez-le tranquille et rentrez.— Ah ! vous êtes trop bonne, Madame, intervint Coralie appuyée sur le dos de sa maîtresse.
— Bah ! bah ! l’audace d’un farceur ne mérite pas la mort.— C’est une fausse pitié que de faire grâce aux vauriens. Vous mériteriez d’être fouettée, et vous êtes toute prête pour cela.
— Eh bien, ne vous gênez pas, répliqua en riant Régine qui refermait la fenêtre.
Elle ne croyait pas être si vite obéie.


À peine avait-elle donné l’autorisation de fouetter que sa femme de chambre lui appliquait quelques claques, plutôt bénignes, et elles revinrent dans la chambre, Régine en courant pour esquiver la fessée, Coralie la poursuivant pour la continuer.
Soudain, comme elle allait s’élancer sur son lit pour se cacher dans ses draps, Coralie l’attrapa par les jambes, la retint, tomba à ses genoux et fourra sa tête entre ses cuisses, lécha son con si vaillamment travaillé par les deux molosses. Quelle était cette nouvelle aventure ?
La langue de Coralie dardait sur le clitoris, ses mains pelotaient les fesses ; Régine se sentait envahir de nouveau par toute sa fougue ; elle se laissait tomber sur le bord du lit et lançait les jambes autour du cou de sa femme de chambre.
Celle-ci, se voyant autorisée, multipliait ses caresses, ses minettes, soulevait en l’air les cuisses de sa maîtresse pour la dévorer d’ardents suçons depuis le chat jusqu’au trou du cul qu’elle savait amener à portée de sa langue. Elles ne parlaient pas. Régine jetait littéralement toutes ses parties sexuelles en pâture à Coralie. Certes la langue féminine fonçait moins que la langue canine mais elle n’en était pas moins très excitante par le plus de science qu’elle révélait.
— Ah ! murmura Coralie, que vous êtes en chaleur, maîtresse aimée ! Tout votre joli petit con baille comme s’il avait été enfilé par un régiment de grenadiers !
— Je jouis ! je jouis ! marchez, Coralie… Je n’en puis plus, je suis pareille à une chienne en chasse inventez quelque chose d’extraordinaire. Je veux jouir ! jouir ! encore !…
Elle tenait les deux pieds sur les épaules de sa femme de chambre et lui donnait des coups de talon sur le dos ou chatouillait avec ses doigts sa gorge.
Coralie, toute la figure prostrée entre ses cuisses, s’emparait tantôt d’un pied, tantôt de l’autre, et les couvrait de baisers fous. Régine travaillait de tous ses membres et, dans un brusque mouvement, elle se remontait sur les reins pour lui tendre tout son cul dans lequel Coralie enfonçait son médium. Elle ne cessait de décharger, elle fondait sous la sensation ; elle commença à geindre, à se désoler même de ce qu’elle n’eût pas à faire à un homme.
Coralie s’arrêta stupéfaite au milieu de ses minettes et de ses feuilles de rose. Pensant la mieux satisfaire, elle se débarrassa de sa chemise, monta sur le lit à côté d’elle, la serra dans ses bras, pressa le ventre contre le sien, essayant d’imiter un amant, et cela amusa Régine qui, à demi calmée, l’étudia tout en lui rendant quelques baisers.

Coralie était brune aussi, mais assez maigre, elle possédait peu de poitrine et affichait des membres à arêtes sèches ; elle n’en remplissait que mieux son rôle de gougnotte.
Régine se laissait caresser et lécher, commençant son instruction lesbienne comme elle venait d’ébaucher celle en Gomorrhe.
Par moment elle souriait malignement lorsque la langue de Coralie la fourrageait dans le vagin, en pensant qu’elle passait peut-être sur les restes des chiens, et cela l’émoustillait dans ses sens. L’idée, l’illusion, sont pour beaucoup en érotisme, et ce qui répugne à l’un délecte l’autre. Les lois outrecuidantes prétendent réfréner les abus de la chair ; ceux qui les appliquent se classent en général parmi les plus sales pornographes. Leur robe de juge ne recouvre que leur hypocrisie.
S’excitant, Régine ne refusait pas de branler sa femme de chambre et lui pelotait très finement le cul et ses petits nénés qu’elle comparait à des oeufs à la neige. Après la grosse secousse des chiens, ce duo saphique la remettait en équilibre, la cyprine se tarissait, la fatigue survenait. Elle fit entendre raison à Coralie qui consentit à se retirer pour la laisser dormir. Elle lui commanda d’oublier cette folie à laquelle elle ne voulait pas voir de suites. Coralie le jura, mais elle ne doutait pas qu’elle obtiendrait de nouveau les faveurs amoureuses de sa maîtresse. Rien ne vaut une interdiction pour développer les désirs.



Chapitre III
Exciter la folie sexuelle des chiens.
Encore des jours passèrent ! Régine cherchait à éviter les entraînements de sa chair, érotisée jusqu’à la folie ; elle luttait, et elle établissait pour cette lutte les étapes de sa luxure. Les heures fuyaient, elle marchait vers la fatalité qui asservit les volontés et les livre aux accidents sous lesquels elles succombent.
Le premier matin qui succéda à cette soirée, base des futurs événements qu’elle devait subir, elle laissa plus longtemps que d’habitude ses chiens enfermés dans leur niche où on les confinait pour les habituer à une bonne garde et veiller en même temps à ce qu’ils n’effrayassent pas les gens qui venaient à la villa.
Ce jour-là et les suivants elle les corrigea plusieurs fois rudement avec la badine pour les tenir en respect devant le monde et les empêcher de trahir, par quelque obscénité, le coït gomorrhéen accompli. Avec Coralie elle fut mauvaise et méchante comme jamais elle ne s’était montrée, l’enfermant dans les obligations de son service, et affichant de lourdes préoccupations pour ne pas lui fournir d’explications.
Elle reçut une lettre du satyre, elle la déchira dans sa folle colère. Il osait lui écrire en la tutoyant, lui disait de retourner au chemin où il la rencontra, la menaçant, si elle ne s’y rendait pas, de lui faire son affaire, malgré tous les revolvers et les fusils de la création. Elle avait voulu qu’on tirât sur lui, cela le déliait de son serment ; à la vie, à la mort, etc.
Jamais elle n’accusa autant d’agitation, de changements d’humeur. Lisant moins que d’habitude elle passait ses après-midi à une extrémité retirée et isolée de son parc, et où elle avait fait construire un gymnase avec tous ses appareils complets pour les exercices de corps qu’elle aimait assez à pratiquer.

Là, bien seule, sous la sauvegarde de ses chiens, tantôt libres, tantôt enchaînés, après avoir revêtu un costume élégant de gymnasiarque dans un petit kiosque élevé tout à côté ; elle se livrait au trapèze, à la barre, aux sauts périlleux, pour endormir ses nerfs et les dompter. Ou bien, variant ses plaisirs, elle s’installait sur une balançoire, à quelques pas plus loin, et s’amusait à la faire marcher, aimant les caresses de l’air sur son visage et son cou, et aussi dans les jambes quand elle relevait ses jupes sur les genoux. Personne ne la tourmentait dans ses fantaisies, elle était chez elle et maîtresse de ses actions.
Entre le gymnase et la balançoire on avait arrangé un cercle d’arbres avec une balustrade à colonnes tout autour, contenant des rockings et des hamacs, de là on pouvait apercevoir au loin les personnes qui venaient la retrouver.
Allongée sur un de ces fauteuils, dans sa solitude elle se laissait aller à la rêverie, tout en ayant un volume sous les yeux.
Elle analysait le travail, lent et persistant qui s’opérait dans sa cérébralité et dans ses actes. Malgré tout ce qu’elle entreprenait pour les enrayer, ses sens s’éveillaient et l’incitaient aux pires luxures.
Son imagination échauffée la poussait à vibrer à d’atroces images de stupre où elle considérait comme une gloire de séduire, de subjuguer à ses charmes, les frères inférieurs de l’homme : les animaux !
Oh ! elle résistait, mais elle sentait bien qu’à une heure venue elle deviendrait la proie du vertige et qu’elle succomberait comme cela était déjà arrivé. Oui, mais elle dompterait ces étranges amants qu’elle pensait à se donner, et ils se soumettraient à ses caprices mieux que le plus tendre des galants.
Peu à peu le roman se préparait et chacun des héros devant y jouer un rôle entrait dans le courant qui emportait âme, instinct et sens vers la satisfaction des lubricités les plus obscènes. Dans ces journées de lutte morale et physique, Régine allait de la trop sévère retenue à l’excessive dépravation, s’accoutumant aux plus éhontées compromissions.
Partant pour son salon champêtre, nom dont elle qualifiait son gymnase et ses dépendances, elle détachait ses chiens et les emmenaient. Assise d’abord sur un rocking elle s’appliquait à assurer sa domination sur eux, tout en s’exerçant à les asservir à son charme sexuel.
Elle procédait avec beaucoup de tact, beaucoup de méthode, avec une habile gradation où elle pouvait encore se figurer ne pas viser à recommencer la consommation du coït. Sûre de son isolement, convaincue que personne ne braverait sa défense de venir la déranger, elle avait la liberté de tout se permettre ; avec ses manières despotiques et souvent captivantes, provocatrices à propos, ses chiens finissaient par ne plus connaître qu’elle et eussent mis en pièces quiconque se serait jeté sur son chemin.
Le charme envoûtant de la femme les pénétrait, par cela même qu’ils en avaient joui, et même insensibles au désir de la possession dans les débuts, ils progressaient dans les obscénités qu’elle leur enseignait.
À son appel ils comprenaient ce qu’elle voulait, et ils la suivaient avec des attitudes très curieuses d’attente et de joie. Si elle se dirigeait vers la balançoire, ils la regardaient très tranquillement s’installer, assis sur leurs pattes de derrière, fixes, domptés, guettant le commandement qu’elle lancerait. En place sur la banquette rembourrée, elle appelait l’un d’eux, et les yeux dans les yeux, elle en obtenait ce qu’elle désirait, l’autre demeurant immobile où il se trouvait et japant à petits cris sourds.
— Ici, Fox.
Elle montrait ses genoux et Fox y appuyait sa tête ; elle imprimait un mouvement en arrière à la balançoire, le chien était obligé de reculer et de se placer par côté pour éviter les coups de la machine mise en branle. Elle riait à se tordre devant ses efforts pour l’attraper, à mesure qu’elle montait plus haut, pour passer plus rapidement devant lui. Enfin elle ralentissait, et c’était là que son génie de luxure dominatrice s’accusait. Sa voix devenait plus tendre, plus caressante :
— Fox, mon petit Fox, mon joli Fox ! vite à maîtresse, venez vite.

Le chien gambadait en accompagnant le ralentissement de la balançoire, il s’approchait comme elle s’arrêtait, et Régine, cyniquement retroussée, les cuisses nues et ouvertes, tendait le ventre et le con au chien qui envoyait la langue. Elle se penchait en arrière pour qu’il la lécha mieux, et elle appelait :
— Médor, ici, à toi !
Du pied elle chassait Fox, et elle s’offrait à la langue du second chien. Cette longue portion de chair qui la parcourait largement entre les cuisses, aux points les plus chatouilleux, lui produisait de délicieux et violents frissons ; elle s’en repaissait dans ses nerfs, sans encore entraîner son imagination aux moyens d’exciter la folie sexuelle des chiens.
Ceux-ci léchaient par obéissance, comme ils l’auraient fait sur toute autre partie de son corps, et ils ne se lançaient pas encore à l’assaut de la femelle comme l’autre soir, ressentant peut-être dans leur instinct la force humaine de l’âme féminine s’opposant à un contact charnel trop rapproché du précédent. Il fallait, pour cette nouvelle union en Gomorrhe, que Régine fut elle-même très en chaleur pour que son arôme féminin agit sur la sensualité animale, leur enlevât la notion du respect dû à leur maîtresse, détruisant la crainte de la correction par la badine.
Dans la béatitude qui l’envahissait sous la langue de ses chiens, elle se rappelait qu’elle en avait été grimpée une fois, elle s’accoutumait à cette idée et ne disait plus qu’elle ne recommencerait pas. Un reste de raison subsistait ; elle repoussait cette tentation autant que possible.
Brusquement, elle subissait une saute de caractère, elle frappait sans pitié les chiens pour s’être risqués à saisir sa jambe comme pour la couvrir ; elle les rossait et les rattachait à la chaîne.
Au gymnase, c’était encore pis. Il existe des femmes qui charment les animaux, Régine qui s’y essayait en possédait le don, même sans recourir à l’attrait sexuel. Quand elle arrivait au gymnase avec ses chiens, elle ne revêtait pas de suite son costume.
Elle se déshabillait en partie, ne conservait qu’un petit jupon par dessus sa chemise, elle allait alors d’un côté ou de l’autre, tournant et retournant, examinant les pièces, puis sautait sur un trapèze pas trop élevé, s’y mettait debout et, se troussant sur le cul, criait :
— Hop, hop ! à toi Fox ! Allons hop ! à toi Médor ! hop ! hop ! hop !
Les chiens couraient, sautaient ; Fox pour envoyer la langue à ses fesses ; Médor à son minet.
Elle lançait le trapèze en avant, en arrière, et ce devenait vertigineux d’allure. Heureusement que l’habitation était assez éloignée et que la cuisinière et la femme de chambre, en courses ou occupées, ne pouvaient rien entendre ; elles n’auraient pas manqué de venir voir ce qui se passait, tout au moins en cachette ; Régine était bien tranquille, ni l’une ni l’autre, pas plus que les gardiens, ne songeaient à intervenir dans ses distractions.
Le trapèze s’arrêtait, elle en descendait, calme et digne, prenait la badine, en menaçait les bêtes pour les obliger à ramper à ses pieds. Elle leur caressait la tête, posait un pied sur leur dos, sur leur ventre, sur leur pine ; elle recommençait à marcher, à courir à petits pas, les appelait, et ils tournaient à la queue leu leu à sa suite, comme dans un manège, jusqu’à ce que, se jetant à quatre pattes, elle leur commandait :
— Une, deux, une, deux, saute par dessus, hop !
Ils sautaient, repartaient à tourner, ne s’arrêtant que lorsqu’elle se mettait à genoux pour en prendre un à bras-le-corps, l’embrasser sur le museau et lui dire :
— Bravo ! très bien ! Il y aura du sucre.
De jour en jour les parties se corsaient. Elle tenait bien ses chiens sous son autorité ; elle les dirigeait à sa guise, et elle ne luttait plus contre le vice qui la gagnait.
Elle s’échauffait l’imagination, les parant de vertus surhumaines, les attirant de plus en plus vers ses sexualités. Son arôme féminin frappait leur odorat, ils l’aspiraient de toutes les façons ; elle le leur apportait avec science, pour agir sur leurs nerfs ; elle aboutissait, ils commençaient à trahir les besoins du rut : elle les bravait, les domptait, les retenait.
Agenouillée, leur embrassant le museau, elle ne craignait pas de leur faire poser les pattes sur ses épaules et elle apercevait devant ses yeux leur pine, avec une pointe de bout rouge qui apparaissait ; elle ne répugnait pas à y porter la main, sûre qu’ils ne la mordraient pas, et elle grondait :
— Qu’est-ce que c’est que ça ? mauvais sujet. Vous aurez le fouet et pas de sucre.
Cette denrée entrait dans son système d’instruction obscène.
Elle se relevait, toujours la badine à la main, allait chercher le sucre dans le kiosque, revenait se planter devant l’un d’eux, et, jupon et chemise relevés jusqu’au cou, elle mettait le morceau de sucre dans la fente de son cul que le chien léchait peu à peu sur place, et selon sa volonté.
Elle exécutait la même opération pour l’autre, et les entendait avec plaisir gémir dans leur chair excitée par son fluide féminin agissant de plus en plus sur leurs nerfs. De jour en jour elle accentuait son action et, se disposant à monter aux barres, elle s’amusait à se planter devant une bigue, le dos tourné, elle appelait :
— Viens vite, Médor.
Le chien se dressait sur ses pattes de derrière, portait celles de devant sur les épaules, et elle avait la malice de le laisser commencer sa manoeuvre des pattes de derrière : les élans pour la grimper, élans où il se rapprochait contre son jupon, la pine en érection, contre les rondeurs des fesses, elle se retournait brusquement, lui décochait un fort coup de badine lorsqu’elle sentait sa pression peser, au point de risquer de la jeter à terre.
Le pauvre Médor beuglait, se sauvait, mais il était le plus privilégié pour cette scène, car elle le reconnaissait plus amoureux, plus tendre, plus lippeur, plus facile à mener que Fox qui avait des manières brutales, et parfois méchantes ; il l’aurait mordue si elle ne s’y était pas prise avec beaucoup d’adresse pour le calmer.
N’en déplaise aux gens bornés, aux faux sages ou aux entichés d’une morale restrictive et surannée entre cette femme et ses animaux, dans la monstruosité du contact charnel qui les unissait, un courant passionnel se formait par lequel l’intelligence canine s’élevait à la compréhension de l’oeuvre érotique voulue par la femelle et où celle-ci, s’abaissant au niveau des chiens, devinait les points sensibles de leur nervosité, et dans les jeux où elle les entraînait, s’assimilait on ne peut mieux l’allure d’une chienne en chaleur pour les attirer.
Elle savait modifier le port du corps pour se tendre, le buste en avant, la croupe en relief, prête à tomber ou à marcher à quatre pattes pour les encourager au coup de museau dans les parties sexuelles.
Peu à peu la débauche la plus graveleuse montait dans son coeur, peu à peu elle se sentait emporter par les instincts les plus obscènes. Étendue sur son rocking, les chiens, attentifs à ses moindres mouvements, elle relevait ses jupes et sa chemise jusque sous le cou, laissait pendre ses jambes, les cuisses très entrebâillées, et elle murmurait :
— Médor !
Le chien préféré ne faisait qu’un bond, il entourait la taille de ses deux pattes de devant, il se cramponnait avec vigueur pour pousser sa pine en avant, vers le con qui semblait l’encourager à la jouissance, elle l’approchait pour que le bout rouge chatouillât le clitoris.
Était-elle décidée à se livrer de nouveau ? Non, non, pas encore ; elle s’amusait de ces efforts désordonnés de la bête qu’elle ne favorisait pas pour l’acte essentiel, elle s’insensibilisait pour allonger l’espèce de branlage picoté qu’elle se procurait ainsi, et tout à coup, se dressant debout, elle tapait durement à droite et à gauche ; Fox était survenu sournoisement, avait sauté sur son congénère et l’attaquait.
Oh ! ils comprenaient bien qu’ils en auraient leur satisfaction. Eux aussi s’éduquaient dans l’érotisme, profitaient des leçons sexuelles que leur donnait cette femme. Ils s’en éprenaient comme des hommes, ne pouvaient plus s’éloigner de ses jupes, que ce fût au salon champêtre, que ce fût dans la maison ou dans leur niche, ils rampaient pour l’approcher, léchaient ses bottines, aspiraient son odeur de femelle à travers les jupes, se roulaient sur les gazons où elle s’était assise.
Un nouveau grimpage devenait inévitable, pourquoi le retardait-elle devant les fébrilités de plus en plus marquées de ses bêtes ? pourquoi ne se repaissait-elle pas de cet abandon non plus inattendu, mais qu’elle désirait ?
Elle les provoquait moins au gymnase, à la balançoire ou sur son rocking, et elle les encourageait davantage. Ils se couchaient à ses pieds et leurs yeux l’imploraient vraiment, alors qu’elle voyait le bout rouge de leur pine sortir à son plus petit geste. Elle achevait de les dompter, de les assujettir à son charme. Accroupie sur l’herbe, serrant les genoux avec ses bras, Médor couché à sa droite, Fox à sa gauche, elle rêvait de longues minutes.
Quelle voie suivrait-elle ?
La chaleur de son corps se communiquait à ses chiens qui lui retournaient la leur, et elle les caressait, tantôt l’un, tantôt l’autre, posait leur tête sur ses genoux se demandant si elle n’allait pas se mettre nue, pour courir à quatre pattes, et les défier à sa possession. Elle n’osait ; elle craignait qu’ils ne se dévorassent.
Pour les remettre en amitié, c’est en vain qu’elle voulait réunir leurs deux têtes sur ses genoux, cela finissait toujours par une distribution de coups de badine pour leur imposer la paix.
Pourrait-elle se servir du jonc lorsqu’elle en aurait un sur les reins ? Et cependant, si elle se partageait également, si elle cochonnait avec celui-ci, pour ensuite cochonner avec celui-là, ils observaient la résignation la plus parfaite. Accroupie sur l’herbe, elle pouvait lutiner avec Fox sans que Médor bronchât, et réciproquement. Ce dernier gagnait de plus en plus ses grâces et s’affirmait bien son préféré. Le comprenait-il ? Il se montrait le plus tranquille dans ses obscénités, alors que Fox ne se soumettait pas toujours aisément quand c’était son tour.
Régine, du reste, avait une certaine crainte de Fox, malgré qu’elle le châtiât énergiquement, et n’en avait aucune de Médor. Oh ! oui, elle pratiquait franchement les obscénités, passant de la position accroupie à la position allongée sur l’herbe, démasquant ses jambes et ses parties sexuelles pour se faire renifler et lécher, patouillant elle-même ses chiens, prenant leur pine dans la main pour la regarder de très près, la tête parfois appuyée sur leur ventre. Pourquoi ne se livrait-elle pas ?
Un incident fortuit rompait cette réserve. Un après-midi, du gymnase, en petit jupon et en chemise, elle allait agrémenter la scène du trapèze par de nouvelles fioritures pour exaspérer les sens de ses bêtes lorsqu’elle fut prise d’un besoin subit de pisser.
Elle n’avait pas à se gêner. Elle courut vers une pelouse gazonnée, s’accroupit, et lança son jet.
Fox l’avait suivie ; à la vue des chairs et du jet qui en sortait, il s’abattit sur les quatre pattes, rampa par dessous, sans qu’elle eut le temps d’intervenir, envoya la langue dans les cuisses et sur l’herbe où giclait l’urine. Elle voulut le chasser, le repousser, elle lutta pour l’empêcher de continuer, mais la bête s’exaspérait de sa résistance et, alléchée par le piment féminin condensé dans le pissat, devenait intraitable.
Régine se trouvait en mauvaise posture pour se défendre et, cette fois-ci, c’était le chien qui émettait sa volonté et sa force. Sa gueule fourrageait et léchait, donnait de violents coups au minet, malgré ses cris de colère ; elle n’avait pas gardé la badine, d’un rude coup de museau, Fox la jeta sur le dos ; elle sentit qu’il se cramponnait à ses hanches et qu’il poussait ferme la manoeuvre pour la grimper.
La baiserait-il comme un homme, de face ?
Son museau déchirait le haut de la chemise, sa langue lui happait les seins ; elle détourna la tête pour qu’elle ne vint pas se promener sur son visage. Pur mouvement d’instinct ; que lui importait si une ou plusieurs gouttes de son pissat s’y trouvaient encore !
Elle hésita un instant à appeler Médor, pour repousser encore une fois le coït bestial. Mais sa chair était à bout de sagesse, Fox la secouait avec une rudesse qui la domptait et ouvrait tous ses pores à la nécessité de la décharge.
Elle n’avait plus la liberté de réfléchir, elle donna une tape amicale sur la tête du chien, évolua sans trop le déranger, se trouva à quatre pattes, le jupon et la chemise bien relevés, le cul entre les pattes de Fox qui, la harponnant solidement, poursuivit l’assaut comme la première fois, elle guida le bout rouge de la pine dans son con et s abandonna une seconde fois à être la femelle de son chien, et Fox l’eût.
L’affaire finie, elle aperçut Médor couché un peu plus loin et affectant de la mauvaise humeur. La jalousie d’amour (?) existait-elle entre les animaux ?
Aussi vite redressée que le chien déconnait, elle courut chercher sa badine, revint, et le battit de rudes coups et sans pitié. Fox, dans l’effarement du coup qu’il venait de tirer, se sauva en hurlant. Il n’osa cependant refuser d’obéir à son appel impératif et se laissa enchaîner à un des anneaux scellés dans le mur du kiosque pour servir à cet usage. Elle s’installa ensuite sur son rocking et dit :
— Médor, Médor !
Le chien s’approcha lentement ; elle s’assit sur le bord du fauteuil, saisit l’animal par le cou et lui dit, les yeux dans les yeux :
— Tu boudes, Médor ; tu es fâché avec ta maîtresse, tu es un joli chien-chien, il ne faut pas bouder.
Elle tenait l’animal, qui se laissait faire, dans ses bras, tout contre son corps, et il ne pouvait cacher son excitation par le bout rouge de sa pine qui se montrait.
Elle agissait, mais il croyait qu’elle ne s’en apercevait pas.
Elle reprit :
— Hein ! tu continues à bouder ! Qu’est-ce que cela signifie ? Allons, viens…
Elle l’attira sur elle comme s’il eût été un homme en se laissant aller sur le rocking et le bout rouge lui chatouillait le clitoris.
Le digne Médor consentait à la grimper et, comme Fox, il se cramponnait à ses hanches, elle voulait essayer avec celui-ci de pousser jusqu’au bout dans la position naturelle.
Boudait-il inconsciemment ? Le chien faillit soudain dans ses élans, et il la planta là pour aller s’étendre à une dizaine de pas.
Surprise, elle se redressa, un peu rouge de confusion, elle le regarda et il remua la queue avec des yeux très expressifs, dans lesquels elle pouvait lire son ennui et aussi son dévouement.
Le secouant et le menaçant de la tête, elle lui dit :
— Bah ! à une autre fois !

Chapitre IV
L’Odeur de bouc du Satyre
Régine avait pris son parti de son goût gomorrhéen, il s’agissait maintenant de bien conduire la chose en étudiant la nature et les besoins des chiens pour les tenir à la disposition de ses sens. Elle allait s’y appliquer. Elle ne pouvait prétendre les trouver tous les jours en haleine, cela appartient seulement à l’homme, mais en bien combinant, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, elle les amènerait à accomplir des prodiges.
Elle utiliserait la rivalité qui s’accentuait entre eux, et elle les séparerait souvent, en laissant l’un à sa niche pour conduire l’autre tout seul au salon champêtre.
Elle pensait à son plan de conduite, étendue sur son rocking, les deux chiens au repos à leur chaîne du kiosque, lorsqu’elle aperçut Coralie qui s’avançait au milieu de l’allée, venant directement de l’habitation, car c’était son jour de sortie ; elle lui demanda dès qu’elle fut en sa présence :
— Qu’y a-t-il ?
— Un homme qui veut vous voir et qui prétend que vous l’attendez.
Régine tressaillit. Cet homme, elle n’en doutait pas, était le satyre. Elle prit des mains de Coralie un petit paquet qu’elle lui tendait en ajoutant :
— Il m’a dit de vous remettre ceci, et que ça vous rappellerait votre rendez-vous.
— En effet je me le rappelle ; envoyez le moi.— Vous le recevez ! Il ne paie pas de mine, vous savez ! Bon, je ne sortirai qu’après que vous l’aurez renvoyé.
Du tout, du tout, ma fille, je n’ai rien à craindre et, à la rigueur, j’aurai vite détaché les chiens.
— Louison est en course et Gernaque est descendu en ville.
— Je vous affirme que je n’ai rien à redouter. Partez tranquille.
Coralie n’insista pas davantage et se retira. Au bout de quatre à cinq minutes, Régine vit arriver le satyre qu’elle n’eut pas de peine à reconnaître ; elle était à demi-couchée sur son rocking et le considérait sans frayeur. Les chiens aboyèrent avec rage à son entrée dans la rotonde, quoiqu’ils fussent au moins à une cinquantaine de pas. Il s’informa d’une voix rude :
— Vos chiens sont attachés ?
— Tu n’as pas à en avoir peur.
Elle l’avait dévisagé avec effronterie, et il comprit que la luxure la travaillait. Elle cria :
— Chut donc, Fox, Médor ! ou le fouet.
Sans un mot, le satyre ouvrait sa culotte, montrait sa queue, son ventre, ses poils ; elle venait de défaire le paquet et d’en sortir le mouchoir de dentelles, elle le lui lança dans les cuisses et, se retroussant comme elle en avait coutume avec ses chiens, elle lui dit :
— Frotte-t-en, ou viens m’en branler, ou fais ce que tu voudras.
Elle étalait sa chair, depuis les seins jusqu’aux genoux, et elle s’offrait, attirante, admirablement belle, de plus, elle se tortillait sur les reins, appuyait un doigt sur son con, comme il tenait sa queue dans la main : elle avait bien l’air d’attendre son bon plaisir.
— Tu es une fameuse vache, dit-il, mais j’ai si envie de tirer un coup dans ta boîte que je te pardonne pour aujourd’hui tout ce que je te dois.
— Pour toujours ! Où trouveras-tu une femme de ma qualité consentant à tes saletés ?
Il n’admirait pas son corps, comme elle supposait ; il s’avançait, la queue en avant, pour se placer sur elle et l’enfiler. Son ventre se plaqua sur le sien, il poussa dans les cuisses, il avait des maladresses qui l’empêchaient d’aboutir. Elle s’écria :
— Tu ne sais donc pas faire l’amour ?
— J’attends que tu me l’apprennes. Tes chiens m’embêtent….Tu veux qu’ils me dévorent !
— Si je l’avais voulu ils ne seraient pas enchaînés.
Par un fait assez fréquent, il avait débandé en poussant la queue sur le con. Il se releva et poussa Régine au gymnase où les chiens, en le voyant, se dressèrent debout pour lui sauter dessus, malgré la chaîne qui les retenait. Il pâlit et sortit son couteau. Régine lui tapa sur la main et dit :
— Referme ça : ici tu ne t’en servirais que pour signer ton arrêt de mort. Le temps que tu agirais, un de mes chiens serait libre et t’aurait vite étranglé.
Il ne demandait pas mieux que d’être assuré de sa luxure ; il obéit, s’empara des fesses de Régine, ce qu’elle lui laissa faire, et murmura :
— Il ne fallait pas me cacher tes pommes.
— Tu les tiens. Attends une seconde que j’administre une correction à mes bêtes pour qu’elles se taisent ; nous ne penserons plus ensuite qu’à la chose…
Il ne s’y opposa pas. La badine en main, elle châtiât durement Fox et Médor qui hurlèrent de douleur et finirent par se coucher en grondant sourdement.
— Les voilà en paix. Viens dans le kiosque, on sera mieux pour tes cochonneries.
— Non, je préférerais te voir ici toute nue, au milieu de ces arbres, ce serait rigolo.
— Comme tu voudras.
Régine marchait très bien, elle n’avait encore rien quitté de ses atours, elle ne fut cependant pas longue à se dévêtir, et les chiens, en apercevant sa nudité, poussèrent quelques cris plaintifs qu’elle sut arrêter par la simple menace de la badine.
Le satyre l’imita et, nu à son tour, il lui mit la main sur sa queue pour qu’elle le masturbât, tandis qu’il roulait le mouchoir de dentelles pour l’introduire dans son con. Elle l’examinait dans son corps avec peut-être plus de lascivité qu’il ne le faisait pour le sien : elle comparait sa musculature à celle de ses chiens ; la trouvait évidemment supérieure, mais ne perdait pas le goût de ses obscénités gomorrhéennes.
Elle s’appliquait à l’exciter par ses agaceries, par ses poses, se prêtait à ses jeux, lui recommandant de hâter son plaisir de peur que ses domestiques ne survinssent et la privassent de sa jouissance.
Il recommençait à s’avouer brutal, et cela, loin de la contrarier, semblait au contraire l’échauffer. Elle ronronnait, le caressait, le pelotait, l’embrassait, ne se préoccupant ni de sa vulgarité, ni de ses mauvaises manières, et il la claquait sur les fesses, sur le gras des cuisses, sur les épaules, la chatouillait avec l’extrémité de la badine, lui allongeait même des coups de pied au cul.
Il ne pouvait se repaître de sa chair sans frapper, il la fouettait de plus en plus fort, à mesure que les chiens s’irritaient de ce spectacle. Il en vint à vouloir la flageller avec la badine, et elle s’enfuyait, courant autour du gymnase, pour l’éviter.
Fox et Médor se dressaient debout, fous de rage, tendant leur chaîne à la briser. Elle n’osait se mettre sous leur sauvegarde, craignant qu’ils ne la mordissent dans leur colère, et elle tournait en tous sens, sautant les parallèles, essayant d’attraper une bigue pour grimper dans une logette qui surmontait les barres, et dont elle aurait pu fermer la trappe.
Il l’atteignit enfin et, comme une brute, il lui flanqua une dégelée de badine sur les épaules, les reins, les fesses et les jambes : elle levait les bras pour se préserver le visage qu’il n’eut pas épargné, il bandait ferme, il la jeta à terre et l’enfila en levrette sous les yeux pleins de furie des bêtes.
Ah ! si elle avait été rudement battue, le coït l’en récompensait, les cuissons, les douleurs se changeaient en chatouillements de délices, et elle eût volontiers consenti à ce que tout son sang se précipitât aux écorchures, tant elle jouissait sous la sauvage pression de ce mâle.
Son corps se marbrait de teintes bleues et violettes, de taches sanguinolentes qu’il essuyait avec le mouchoir de dentelles, le passait sur ses couilles à chaque tacherette humide de sang, en recouvrait une nouvelle énergie, et il rebandait.
Elle s’accroupissait sous son corps en bête soumise, il la pinçait et la mordait pour la secouer, il la poussa violemment sur le dos, lui colla sa tête sur sa queue, et commanda, d’une voix sèche :
— Suce-moi, j’en ai assez de ton sang dans la bouche, pour que tu boives de mon sperme.
— Te sucer !
— Ah ! vas-y, ou je te fous des gnons à te démolir.
Il sentait toujours le bouc, mais cette odeur n’incommodait pas Régine. Elle était en chaleur et, dans ces conditions, une femme, tant affinée qu’elle soit, trouverait exquises les pires odeurs.
Du reste, ne s’accoutumait-elle pas à celle de ses chiens !
Elle saisit la queue entre ses lèvres et la suça, écoutant ses conseils, les exécutant ponctuellement, pleine bouche, petite bouche, air de flûte, pressage du gland, avalage de l’outil…
La queue ne bandait pas avec la force espérée par le satyre. Régine s’arrêta tout d’un coup et s’écria :
— Bats-moi si tu veux, mais il y en a assez. L’heure passe et il ne me plaît pas qu’on me surprenne ainsi.
0151 Bon, bon, attends que je t’applique une bonne correction pour que tu te souviennes de moi, et puis on se dira au revoir.
Mais elle avait saisi la badine et, d’un bond elle se réfugia près de ses chiens qui grognaient toujours, quoique un peu plus calmes.
Il voulut s’avancer, ils se redressèrent, leurs poils ras hérissés, et elle fit le geste de les détacher.
— C’était pour rire, dit-il, je crois que je ne pourrai plus me passer de toi. Viendras-tu dans le chemin, à la carrière ? Je te ferai jouir comme tu n’as jamais joui.
— Je ne refuse pas, mais je veux savoir comment tu t’appelles, et ce que tu es.
— Je m’appelle Pierre Turnot, je suis marchand ambulant, et j’habite à Belleville. Tiens, voilà ma carte, je ne te cache rien.
— Je passerai mercredi prochain, le soir, dans le chemin, arrivant par le dernier train, comme l’autre fois. Tu m’attendras au tournant de l’avenue de la Gare.
— J’y compte.
Ils se rhabillèrent et il ne manifesta plus aucune brutalité ; ses sens étaient repus.
Pour éviter qu’on le remarquât, elle le conduisit à une petite poterne, tout près de là, et donnant sur les bois. Il ne la bouscula plus et, avant qu’elle ouvrît, il lui demanda :
— Ne veux-tu pas jouir sur le mouchoir ?
— Grande bête ! J’attendais que tu me le proposes, mais tu ne conserveras pas longtemps le mouchoir si tu y mêles mon sang à ma décharge.
Elle se retroussait et lui montrait ses cuisses, il s’agenouilla entre ses jambes, le mouchoir de dentelles à la main, et il la branla avec une science consommée, suspendant le mouvement du doigt pour chatouiller le con avec le mouchoir, enfoncer le médium dans le trou du cul. Petit à petit, elle s’abandonnait à ses mains qui la fouillaient, à ses lèvres qui lui faisaient feuilles de rose, et elle tressaillit enfin, jouissant et se collant le cul sur son visage.
Il partit. Elle avait renouvelé sa promesse du rendez-vous.

Chapitre V
Le dressage sexuel des chiens.
Que préférait-elle ? Ses chiens ou l’homme, le satyre ? Elle n’en savait rien. Elle vibrait d’une façon extraordinaire, ne cessant pas de guetter les réveils sexuels de Fox et de Médor, les couvant pour ainsi dire en excitation sous le fluide de ses jupes.
La venue du satyre avait jeté dans le sang des bêtes comme un ferment de folie érotique. Assistant au baisage de leur maîtresse, ils en récoltèrent comme du feu leur embrasant le corps. Ils la sentaient portée à la satisfaction sexuelle de leur race, il leur naissait un perpétuel désir.
Elle continuait son manège à leur égard, et s’imprégnait de ce qu’il fallait pour les mettre en haleine. Elle en venait à imiter parfaitement la chienne, s’amusant au salon champêtre à courir à quatre pattes, sur les genoux ou même sur les pieds, avec le buste portant sur les bras, gagnant une extrême élasticité à la manoeuvre, les fesses en l’air pour être reniflée et léchée, selon leur docte méthode, leur soulevant une patte de derrière pour embrasser leur pine, et, petit à petit, elle glissait sur la pente de la dépravation jusqu’à passer la tête sous eux pour la prendre dans la bouche, se réjouissant si son suçon attirait le bout rouge.
Où s’arrêterait-elle ?
Un jour le gardien Gernaque lui adressa un étrange rapport. Il s’étonnait d’une chose bizarre. Tous les chiens des environs venaient rôdailler devant la grille ; ils écoutaient les aboiements de Fox et de Médor, et quelques-uns, parfois, aboyaient en réponse. Elle rit comme une folle à cette histoire.
Elle voulut s’en rendre compte et apparut à la grille. Elle constata en effet la présence de cinq ou six caniches d’espèces différentes, qui se reculèrent aussitôt, mais agitèrent leur panache caudal quand elle les appela, se jetèrent sur le dos pour lui faire mille grâces et, s’approchant, eurent l’audace de renifler le bas de ses jupes, de chercher à lécher ses bottines.
Gernaque leur aurait lancé des seaux d’eau si elle ne l’en eût empêché
— L’ennuyeux, dit-il, c’est que ces sacrées bêtes prennent notre mur pour leur urinoir, et que tous y lèvent la patte.
Elle rentra toute songeuse dans sa villa, et marchant seule à travers les allées, Fox et Médor ayant été laissés à leur niche, elle se demandait ce que signifiait cette abondance de toutous à sa porte. Se doutaient-ils de ce qui se passait ? Leur flair percevait-il ses dispositions charnelles favorables à leur race ? Ou des confidences s’échangeaient-elles, par les aboiements, entre ses chiens et ceux du dehors ?
Plongée dans ses réflexions, elle, ne regardait rien autour d’elle, et soudain son attention fut attirée par un bruissement de feuilles ; elle aperçut à travers les arbres un chien mouton de taille ordinaire qui la suivait et ne la perdait pas de vue. L’aventure devenait drôle. Les bêtes s’entendaient-elles ? Il lui appartenait d’éclaircir l’affaire. Elle s’assit sur un talus et héla doucement le chien. D’un saut l’animal fut à ses pieds.

Il était noir de peau, très soigné, la laine taillée sur la moitié du corps, et elle le reconnut pour être la propriété d’un épicier du bourg. Le chien s’était étendu devant elle, sur le dos, les pattes en l’air, comme le soir où elle asticota, pour la première fois, Fox.
Elle pouvait le contempler dans son genre et ne s’en privait pas. Déjà la vue chatouillait perversement ses sens. Il avait la pine un peu courte, mais grosse, sous le bout rouge un peu sorti. Donc il la désirait, donc il savait qu’elle était dans le cas d’accepter sa jouissance. Elle approcha une jambe et appuya avec délicatesse le pied sur le ventre, le chien tournoya sur lui-même, raclant le dos et les reins sur l’herbe, et se trouva la tête sous ses jupes. Elle ne remua pas.
Elle allait bien savoir si les bêtes causaient à distance, ne pensant pas en la circonstance qu’elle portait dans ses cuisses l’arôme canin par les fois où elle s’était fait couvrir.
Le chien n’hésita pas. Il se dressa peu à peu sur les pattes, et lui lécha le con, tout comme si elle y avait placé du sucre. Une folie la travaillait. Elle repoussa, en le caressant, la tête de l’animal, le sortit de sous ses jupes, le prit par les pattes de devant et le planta debout, face à face avec elle. Bien moins haut que Fox et Médor, qui le dépassaient d’une bonne longueur de tête, celui-ci avait presque sa taille.
Le bout rouge s’exhibait, agressif, rutilant ; le chien ne se troublait pas, semblait sûr de sa décision. Elle ne recula pas. Regardant de tous côtés si personne ne pouvait la surprendre, elle se faufila derrière un taillis, se jeta à quatre pattes comme elle en avait l’habitude, et, sans encore trousser ses jupes, appela le chien.
Il était déjà contre elle, reniflant ses vêtements qu’elle relevait peu à peu, pour l’accoutumer à la vue des chair nues, dans le cas où il en aurait eu peur. Mais il avait déjà envoyé la langue, mais il connaissait déjà les choses, où les avait-il apprises ?
Elle devait se hâter à trousser ses jupes si elle ne voulait pas s’exposer à ce qu’il la déchirât, car il se cramponnait de ses pattes, visant n’importe où…
Mais elle lui livrait ses chairs, il les tenait ferme, les deux pattes de devant la serrant fortement sous le ventre, il sautillait avec vigueur sur celles de derrière, le bout rouge frétillait entre les fesses et entre les cuisses, la chatouillant délicieusement.
Par deux fois elle dut le placer sur le con qu’il enfila très brillamment, et elle jouit sous sa volupté, peut-être plus qu’avec ses gros chiens, à cause de l’imprévu de la chose. Puis, tout aussi honteuse que le toutou, elle se releva pour se diriger vers le gymnase, tandis qu’il détalait d’un autre côté.
Honteuse ? Oh ! pas longtemps. Une sorte de vertige incompréhensible s’emparait de son esprit et enflammait ses idées. Des frissons l’agitaient. Elle entrevoyait des félicités sans nombre dans la faiblesse monstrueuse où elle se laissait entraîner. S’imposer aux animaux, les attirer à ses folies, et jouir sans répit, toujours, à mesure qu’elle acquerrait l’expérience pour les séduire, les lancer pour la possession de ses chairs.
L’amour d’un homme se présentait banal en comparaison de ce qu’elle rêvait de turpitudes obscènes. Avait-elle déjà de leur sang dans les veines ? Elle aimait leurs manières, elle préférait leur odeur à tous les plus subtils parfums.
La dépravation de l’odorat et des autres sens se greffait sur la dégradation morale. Elle devenait pareille à une chienne, pire qu’une chienne, car la bête polluée sait observer une continence plus ou moins longue. Sortant des pattes du chien mouton, se lavant le cul et les parties sexuelles dans une petite cahute dépendant du kiosque, et où se trouvait ce dont elle avait besoin pour ses soins de toilette, elle aspirait l’odeur sui generis qui montait de ses cuisses, et elle pensait à tous les chiens entrevus devant la grille. Pourquoi n’imiteraient-ils pas le chien mouton ? Elle les eût tous satisfaits !
Que lui importait maintenant si Fox et Médor subissaient des périodes d’affaissement ?
Elle ne devait aucune fidélité à ses amants à quatre pattes, il lui appartenait de s’assurer de la bonne qualité de ceux qu’elle appellerait à ses faveurs. Pour commencer elle prendrait tout ce qui se présenterait, les grands et les petits ; elle les classerait et en userait selon leurs mérites divers.
Dans les relations qu’elle allait nouer, pas d’emballement à craindre. La sensation chatouilleuse fixerait seule son jugement. Si le chien mouton n’avait pas l’ampleur de ses bêtes, il titillait à coups plus précipités, sa pine excitait davantage le vagin par des picotements plus caractérisés, et elle en gardait une impression de frémissement plus prolongée qu’avec ses animaux. Il s’agissait de ne rien dédaigner. Tout s’osait dans ces rapports ; ils ne trahiraient jamais les cochonneries qu’elle brûlait de faire.
Elle réfléchissait, adossée contre une bigue du gymnase, lorsqu’elle entendit la course précipitée du chien mouton, et elle le vit reparaître.
Viendrait-il encore ? Non, il portait la tête basse et n’agitait pas trop son panache. De ses yeux il lui demandait quelque chose. Qu’était-ce ? Elle le devina. La grille fermée l’empêchait de s’échapper. Bon, bon, il n’y avait pas à s’inquiéter, elle allait lui ouvrir la petite poterne par où était parti le satyre. Pauvre toutou ! Il connaîtrait le chemin, et puisque les bêtes parlaient il l’indiquerait aux autres.

La femme et l’animal s’entendaient à merveille. Ils se dirigèrent vers la porte. Celle-ci ouverte, et le chien s’étant esquivé, Régine eut la curiosité d’examiner si par hasard il n’en restait pas sur la lisière du bois, devant laquelle s’étendait le mur de clôture de sa propriété.
Elle rougit d’émotion et aussi d’embarras plusieurs toutous se distinguaient sous la feuillée, trois, quatre, combien, dix peut-être ! Ses yeux se troublaient, ils l’avaient aperçue, ils avaient vu partir leur congénère, l’un d’eux l’avait reniflée et, avec un singulier jappement, il venait vers elle et les autres l’imitaient. Elle eut peur.
Les chiens ne racontent pas aux hommes ce qu’ils font, c’est vrai, mais ne finirait-on pas par soupçonner quelque chose ? Elle savait bien qu’on comptait un grand nombre de chiens dans le pays, jamais elle n’eût supposé qu’il en existait autant et qu’ils fussent si facilement libres. N’en viendrait-il pas des localités voisines ? Elle s’effrayait.
Elle s’était avancée de deux ou trois pas au devant de la porte, elle portait les mains sur les yeux, craignant de s’affaler, sept à huit bêtes de toutes catégories l’entouraient, lui faisaient fête, et comme de véritables pornographes, se livraient à des manifestations les plus obscènes devant sa passivité.
Un se roulait sous ses jupes et lui mordillait les bottines ; un autre de son museau soulevait sa jupe et elle sentait son souffle sur ses fesses où il envoyait aussitôt un coup de langue. Celui-ci, debout sur ses pattes de derrière, affichait l’érection de son bout rouge, s’approchant peu à peu et lui posant les pattes de devant sur les épaules ; celui-là se vautrait sur le dos avec sa pine toute rouge qui fascinait ses regards.
Bonté divine, qu’arriverait-il si elle ne recouvrait pas son sang-froid ? Comment ces chères petites bêtes pouvaient-elles connaître les bonnes intentions qu’elle nourrissait à leur égard ?
Des pieds et des mains elle se dégagea, menaça de la tête et du bras, se précipita vers sa porte et, rentrée dans la propriété, la referma. Elle regrettait déjà sa brusquerie, pourquoi ne pas en avoir amené un ? Risquerait-elle l’invasion de sa villa en entrebâillant l’huis ? Que non.
Elle entrouvrit lentement, une ombre passa comme un éclair, elle repoussa le battant, eut une petite grimace, un joli épagneul noir et feu, plus petit que le chien mouton, se trémoussait à ses pieds en folles démonstrations de joie et de tendresse. Celui-là, elle le connaissait, il appartenait à une famille amie, elle ne pouvait le rudoyer.
— Comment, c’est toi, Tom, dit-elle. Tu t’es échappé, vilain, on te grondera !
L’épagneul tournait en courant autour d’elle, s’arrêtait en face pour se lever debout et lui lécher la main, se remettait à tournoyer, puis rampait avec cynisme, se couchait sur sa bottine, et comme elle se dégageait, passait par derrière ou bien la tête sous ses jupes, il flairait son mollet, envoyait des langues à ses chairs au dessus du genou. Décidément les chiens marchaient très bien ! Elle s’amusait de ses manoeuvres et, le considérant dans ses frétillements, elle ajouta :
— Mais mon pauvre vieux, si tes camarades Fox et Médor t’ont parlé, tu dois savoir que je ne puis rien pour toi. Tu es certes bien gentil, mais comment parviendras-tu à me le faire ?
Comprenait-il ce qu’elle disait ? Messire Tom se dressa sur ses pattes de derrière, il n’atteignait pas la poitrine de Régine, mais il montrait un beau morceau de pine, à peu de chose près aussi forte que celle du chien mouton.
— Ah ! mon cher Tom, je ne dis pas que tu manques d’étoffe ! Enfin ! on peut toujours essayer. Allons, viens, nous étudierons les moyens, il est certain que tu as de quoi bourrer mon petit trou.
Tom voulait sauter de joie, ils ont donc l’intelligence des choses, les chiens ? Elle le prit dans ses bras, il lui lécha le visage à grandes languées. Elle le caressa sur le dos, comme on caresse les bêtes et, le tenant ainsi, elle sentit sa pine qui se tendait vers ses seins.
— Non, pas là ; mon petit allons, viens, marchons.
Elle le mena dans le kiosque, dans une pièce octogonale flanquée de deux logettes, couverte d’un tapis et meublée d’une coucheuse et quelques sièges. Elle s’y reposait de temps en temps, au milieu de ses exercices de gymnastique, y lisait ou y rêvassait, se mirait dans les glaces, y étudiait des effets de costume ou de nudité.
Cherchant à bien se rendre compte des instincts sexuels de l’animal, elle s’étendit sur la coucheuse et l’y fit monter. Il sauta sur son corps, en long, en large, lui léchant les joues, le cou, la pétrissant sur la poitrine, vers les nichons ; elle répondit en attrapant d’une main sa pine et en le couchant sur le dos pour lui souffler sur le ventre.
Peu à peu il glissa vers ses pieds, et elle le sentit qui, reniflant et aspirant, se faufilait sous ses jupes. Les hommes n’agissent pas autrement. Elle ne bougea pas pour voir ce qu’il ferait. Il grimpa en rampant contre ses jambes, jusqu’à ses fesses et les lécha.
Elle estima alors que c’était l’instant d’essayer. Elle descendit à bas de la coucheuse, malgré qu’il s’agrippât au gras de ses cuisses pour la garder, elle s’accroupit à quatre pattes, les jupes sur le dos, le cul à ras du sol, pour se prêter à ce qu’il la couvrit.
Il existait encore trop de distance entre son con et la pine, par la saillie des fesses et des cuisses. Soudain il lui vint une inspiration.
L’épagneul avait trop à embrasser de ses pattes, avec la surface de son derrière pour s’y cramponner, dans le tremblement de ses pattes de derrière, mal soutenues par celles de devant. Il ne pointait même pas le trou du cul.
Elle remonta sur la coucheuse, s’y plaça sur le dos, les cuisses ouvertes, mit Tom sur son ventre, de façon à ce qu’il eût prise sur ses hanches et à ce que sa pine fut bien en présence de son con. Il fourragea de suite, lui écorchant cependant les chairs. L’entreprise présentait encore de la difficulté, la pine pénétrait bien dans le vagin, mais ressortait ; Régine s’échauffait, regrettait de ne pas avoir Fox et Médor ou d’autres toutous.
Dans un moment d’énervement, elle le jeta de côté et quitta la coucheuse. Tom l’attrapa par une jambe et se mit à la harponner entre ses pattes, comme s’il allait jouir contre.
— Mon pauvre Tom, où vas-tu t’enrayer ? Tiens, viens, essayons encore…
Elle s’affala sur le sol, les jambes en l’air, écartées et ramassées vers le buste, tout le con fendu et en évidence avec les mamelons des fesses en avant. Cette fois le chien trouva un appui solide dans les cuisses, darda si bien sa pine qu’elle disparut dans le vagin où elle déposa sa décharge.
Oh ! que n’avait-elle d’autres chiens à sa disposition ! elle les appellerait tous à la curée sexuelle ! Oui, elle pensait à cela, s’exaltait et murmurait :
— Femelle de chiens ! putain de chiens ! oui, je le sais, je le serai !
Elle avait éprouvé du plaisir avec Tom, elle vibrait à la honte de ces rapports charnels, elle le laissait faire, s’abandonnant dans une langueur invincible, il léchait son con comme pour le laver, en effacer la souillure.
Les autres ne l’avaient pas fait, mais même dans ces atroces contacts, elle relevait des nuances qui la débauchaient pour toujours. Oh ! elle n’était pas rassasiée, loin de là ; elle avait envie, une envie folle, de se rouler dans une fange encore plus immonde. Tom repu cherchait à ouvrir la porte pour s’en aller.
Elle se releva, enragée de luxure, se sentant la proie de désirs tumultueux. Son vagin lui démangeait, son cul brûlait, elle était prête à se livrer nue, devant la terre entière, à tous les animaux de la création. Elle se débarrassa de ses vêtements dans l’espoir que sa nudité inspirerait de nouvelles ardeurs à Tom.
Il n’en témoignait rien, et au contraire semblait l’éviter quand elle tournait autour de lui, se précipitant sous un fauteuil pour se cacher. Elle eut un rire nerveux d’hystérique, remit sa chemise et une robe de toile grise simplement nouée à la ceinture, boutonnée de trois boutons sous le cou, dont elle se servait pour avoir la complète liberté de ses mouvements sur ce coin réservé de son parc. Elle appela Tom :— Allons, viens, que je te mette dehors.
Ses yeux lançaient des éclairs, son allure se saccadait, elle ramasserait un autre chien. Elle verrait ce qu’elle déciderait à la poterne si ses sens en ébullition ne se calmaient pas. Et là, elle poussa un cri de joie. Un superbe, un grand et magnifique lévrier blanc, assis sur ses pattes de derrière, guettait, et ce lévrier était comme un ami, il appartenait à un de ses voisins.
— Zig, Zig ! s’exclama-t-elle.
Zig ne se fit pas répéter l’invitation ; il bondit vers le parc et, après lui ce fût comme une avalanche : deux forts chiens de chasse à poils ras blancs et jaunes, un basset, un ratier, se ruèrent comme si l’appel s’adressait aussi à eux, et elle referma brusquement la porte pour qu’il n’en entrât pas davantage.
Cinq bêtes étaient là, dont trois pouvaient rivaliser avec Fox et Médor. Le lévrier, quant à lui, les dépassait en hauteur, s’il était plus mince et plus svelte de corps.
La porte fermée, adossée contre, dans l’épouvante de son acte, Régine considérait avec des yeux effarés cette meute qui l’entourait et qui attendait très visiblement la curée amoureuse à laquelle elle la conviait. Elle n’osait bouger, elle s’intimidait, elle ne savait comment elle dirigerait un tel troupeau, et le peu de vêtements qui la recouvrait la troublait.
Les chiens la regardaient. Pourquoi se blottissait-elle contre la porte ? Zig, qu’elle a appelé et qui la connaissait depuis plus longtemps que ses camarades, se leva soudain debout, appuya les pattes sur ses épaules, la colla encore davantage contre la porte, rabaissa son museau qui dépassait sa tête, et se mit à la lécher sur la figure, le nez, les joues, le menton.
Elle le prit à la taille, comme elle eût agi avec un homme, l’attira dans ses bras, et vit son bout rouge, d’une longueur très accentuée, qui s’allongeait bien au-dessus de ses cuisses.
Elle lui produisait donc de l’effet, sur lui et sur les autres, car, tous en effervescence devant cette attaque de leur congénère, ils l’imitaient et commençaient à se presser contre son corps, l’aspirant, la reniflant. Elle en conçut de la joie et de la fierté, mais voulut établir de l’ordre ; elle cria :
— À bas, à bas ! Zig ! Laisse-moi.
Elle repoussa le chien qui retomba sur ses pattes ; elle quitta la porte pour s’avancer de quelques pas, contempla son escorte de bêtes, ne fit même pas la grimace pour le basset et le ratier, deux animaux très musclés et très solides. Elle ne parvenait pas à écarter de ses jambes ce dernier qui reniflait davantage après ses chairs en se penchant pour le chasser, elle eut un faux pas, se buta sur le basset, et tomba sur les genoux.
Zig et les deux chiens de chasse se précipitèrent pour grimper sa croupe, elle voulut se relever, elle était harponnée par un de ces deux derniers, l’autre luttait avec Zig, mais sans rage et sans colère.
La robe de toile voilait ses parties sexuelles, le chien tournait tout autour, toujours cramponné à son corps pour la grimper dès qu’il trouverait le joint, trépidant selon la coutume sur ses pattes de derrière, sa pine en érection et dans les conditions requises, maintenant ferme sa proie sexuelle, attaquant tantôt à droite, tantôt à gauche, lui sautant parfois dessus, l’aplatissant à terre, dans son ennui de ne pas découvrir le trou où il pisserait son jus.
Il était impossible à Régine, malgré la fièvre qui la consumait, de le favoriser. Le second chien de chasse roula sous un coup de poitrail de Zig qui l’abattit tout de son long. Cette chute lui rendait sa liberté, elle en profita pour se relever vivement. Mais, dans cette algarade, les boutons de sa robe avaient été arrachés, la ceinture à son tour devait lâcher et, en se relevant, elle vit la robe tomber à ses pieds. Elle n’était plus qu’en chemise devant cinq chiens en rage de sexe.
Cela est-il possible, ou cela n’est-il pas possible ? Nous n’avançons rien à la légère. Les femmes qui s’adonnent au saphisme, en général n’aiment pas l’homme. Les animaux qui, en sexualité, sortent de leur espèce, prennent de l’espèce supérieure et agissent tout comme…
Aucun de ces cinq chiens n’avait encore approché Régine, tous la jugeaient leur femelle, par suite d’affinités que nous ignorons, par suite de ces confidences, à travers l’espace qui leur avaient été faites. Une chose apparaissait certaine : ils se conduisirent vis-à-vis de Régine comme ils se fissent conduits vis-à-vis d’une des leurs, avec cette nuance qu’ils apportaient plus de méthode, une méfiance intermittente, à cause de son caractère humain.
Régine, en chemise, se sentait plus à l’aise, plus maîtresse de ses allures. Elle avait ramassé sa robe, les chiens se tenaient, deux à sa gauche, trois à sa droite ; ils paraissaient attendre ses ordres.
Dans ce court moment de calme surprenant, elle arrangeait ses cheveux qui tendaient à se dénouer, repoussait du pied le museau qui visait à se frotter contre ses jambes Elle reprenait de l’empire sur elle-même et résistait à rire de sa situation, ne s’épouvantant pas à l’idée que si elle retombait, cette fois sa chemise serait vite en lambeaux. Elle s’en épouvantait si peu que, ne tenant pas à la voir déchirer sur son dos, elle l’enleva bravement et se montra toute nue à ses bizarres amoureux.
Qui l’apercevrait dans ce coin de sa propriété ? Une seule personne, sa cuisinière Louison, elle ne la trahirait pas, c’était sa mère nourrice. Pour Coralie, elle l’avait envoyée en courses, et quant à Gernaque, son rapport fait, il travaillait dans un jardin du voisinage ; sa femme ne se permettrait pas de circuler dans le parc et dans la partie qu’elle se réservait.
Droite et sereine, elle marcha au milieu de ses bêtes, se dirigeant vers le gymnase et le kiosque. Elle serait mieux par là. Ecoutant la prudence malgré tout, elle suivait une allée couverte et sinueuse qui contournait par derrière, passant à travers d’épais taillis, et où nui ne la distinguerait.
L’allée se rétrécissait, entravée par des haies et des arbrisseaux ; les chiens ne s’écartaient pas de ses côtés, on avançait avec force difficultés et, son sexe agissant, les bêtes recommençaient à entrer en chasse après ses chairs. Elle repoussait le museau de celui-ci, s’essayant à renifler son con ou son cul ; les pattes de celui-là ne craignaient pas de la saisir, elle murmurait avec une adorable autorité :
— Chut, chut, à bas, vilains chiens ou je me fâche !
En débouchant sur une clairière en contrebas, elle reçut un nouveau choc et roula de nouveau sur les genoux. Zig, qui la suivait de près, bondit avec l’élasticité de son espèce, et tomba les quatre pattes sur son corps. Il montra alors les dents à ses camarades qui s’étaient approchés. Mais il y a une loi entre les animaux qui les oblige à respecter celui tenant la femelle en posture. Ils s’écartèrent.
Régine se soumettait à l’assaut et à la volonté de Zig ; elle demeurait immobile sous ses pattes. Plus tard, en plein air ou dans le kiosque, elle aviserait à ce que tous la grimpassent. Puisque ça allait débuter là, tout de suite, que la position s’y prêtait, elle n’avait qu’à aider Zig. En somme c’était lui l’appelé.
Il la couvrait en entier, un peu trop en avant sur les épaules, la pine battant le haut des fesses, sa taille en longueur se trouvant très prononcée. Il se recula lentement, la gardant toujours sous lui, cramponnant successivement sous les seins, à la ceinture, il rabaissa peu à peu sa pine, le bout rouge se faufila dans les cuisses ; elle souleva légèrement le cul pour qu’il manoeuvra à sa commodité.
Il gigotait et faisait les yeux blancs, elle s’anéantissait sous son attaque, femelle domptée et soumise en apparence. Il l’enfilait sans qu’elle l’assistât, avec de très violentes trépidations, ses pattes butant contre ses jambes, et elle jouissait dans un délire inexprimable, éprouvant la sensation de se donner debout, pour se rouler ensuite sous la poussée de tous.
Il accélérait le mouvement, il la grimpait en efforts vigoureux, où son vagin fêtait avec ivresse l’invasion de cette pine de chien. Zig la collait, il déchargeait, et elle se tordait en convulsions hystériques, la tête en bas, appuyée sur les bras, le cul en l’air, sans s’apercevoir que le basset l’avait agrippée par le cou et exécutait la manoeuvre d’enfilage dans les cheveux, sur son crâne. Zig avait fini, il donnait peu à peu, il s’échappait.
Elle se souleva sur les coudes, et alors, devant ses yeux, sur son visage, pointa le bout rouge du basset ; elle le jeta sur le dos, lui donna une légère claque sur le ventre et, effarée, étonnée de ne pas être attaquée à nouveau, se redressa debout. De l’indécision se manifestait chez ses amoureux. Allaient-ils renoncer à la chevaucher parce que Zig l’avait grimpée et, assis quelques pas plus loin, se léchait la pine !
Elle en appela à sa nature féminine.
S’installant sur l’herbe, elle provoqua un des deux chiens de chasse, en le caressant, le mignottant, écartant les cuisses pour le basset qui rampait et s’escrimait à atteindre son con avec la langue. Ce fut l’allumette qui ralluma le feu.
Le basset trépidait, se plaçait très bien dans ses cuisses, se cramponnant à son ventre des pattes de devant, à demi ployé sur celles de derrière, il recommençait à l’attaquer pour la grimper. Le chien de chasse se levait debout, l’attrapait par le cou, et poussait son bout rouge sous ses aisselles, l’autre la reniflait sur l’herbe, vers le cul, et quant au ratier, il sautait bravement dans ses bras, trouvait à se caler contre sa tête, cette sale bête dardait en gestes désordonnés son bout rouge contre sa bouche.
C’était bien la ruée générale que présidait le repu Zig en tournoyant tout autour, lançant un coup de patte à celui-ci, un autre à celui-là. Régine se dégagea dans une brusquerie, se leva et, courbée en deux, comme si elle marchait à quatre pattes, elle reprit le sentier à pas hâtifs, suivie de la meute, le basset la serrant de plus près et manifestant sa volonté de ne pas céder le tour. Il était hargneux, envoyant les dents sur les pattes des deux chiens de chasse ; on lui cédait le rang. Les bêtes ne perdaient pas la piste, se pressant devant la femelle en chaleur dont ils reniflaient le fluide sexuel, le museau à terre.
Spectacle étrange que celui de cette femme nue, sauf les bottines et les bas, portant sur un bras sa chemise et la robe de toile grise, allant droit devant elle, à pas précipités, agaçant et séduisant ces chiens qui l’escortaient en file indienne !
De temps en temps elle s’arrêtait, imitant très bien le jeu d’une chienne se décidant à être montée, se laissait aller à quatre pattes ; elle avait immédiatement sur les reins le basset qui s’escrimait à l’enfiler, l’effleurait, et à qui elle enlevait le morceau de la bouche, pour se redresser et repartir.
Course échevelée où la luxure de la femme se communiquait aux animaux, et les enrageait à la chasse de son con et de son cul. Une agitation excessive la gagnait, elle cherchait le moment propice pour être couverte de nouveau, ses nerfs s’exacerbaient, elle voulait choisir celui qui la grimperait en second et c’était le chien de chasse qui, tout à l’heure lui chatouillait les aisselles de sa pine, qu’elle entendait favoriser.
Il commençait par mieux la sentir, il bondissait par-dessus le basset pour lui expédier la langue dans les cuisses et les fesses ; d’un coup de gueule il rejetait au loin le pauvre basset et lui prenait sa place, après qu’elle se fût prêtée encore une fois à son essai d’enfilage.
Certes le brave chien aurait pu la couvrir, car sa pine assez forte, malgré sa basse taille, pointait très bien le con, mais elle le coupait dans son jeu au bon moment, pour établir le droit de ses caprices en bonne femelle, femme ou chienne.
Avec le chien de chasse, il en alla autrement. À la première chute qu’elle esquissa, en revenant sur ses pas, presque juste à l’endroit où Zig la grimpa (le terrain en pente lui convenait à merveille), elle eut sur le dos, le chien. L’action s’engageait aussitôt pour être menée à bonne fin. Comme naguère, elle ne bronchait plus que pour approcher le con à portée de la pine, et ce ne fut pas long. En quelques sauts habiles sur ses pattes de derrière, le chien la lui enfonça dans le vagin.
Elle jouissait encore plus que tantôt elle claquait des dents, se relevait sur les genoux, mais elle était si bien tenue que le chien, les pattes de devant harponnées au gras de ses bras, ne déconnait pas et continuait à presser sa pine dans le con. Agenouillée, elle se présentait de face au basset qui guettait ses moindres attitudes ; celui-ci, très excité, voyant la pine de son congénère bien enfermée, léchait par-dessous et la femelle et le mâle.
La décharge se produisant, elle retomba par-dessus le basset et demeura pâmée quelques secondes et ne s’aperçut pas de la fuite de son second amant. Elle revint à elle sous les secousses du basset qui, profitant de sa prostration, s’était juché sur ses reins ; elle poussa un petit cri, l’animal se trompait-il ? Il enfonçait son bout rouge dans le trou de son cul !…
Oh ! c’était délicieux quand même, tout lui versait du feu dans les veines, elle coulait, elle fondait de bonheur, et les deux qui restaient lui laissaient comprendre qu’ils n’attendraient pas longtemps pour agir. Ils tournaient et retournaient, allant du couple en rut à Zig et au chien de chasse satisfaits, qui ne se désintéressaient pas du spectacle ; ils semblaient, par leurs sourds jappements, implorer leur protection. La pine du basset, après la jouissance, eut plus de mal à sortir du cul que les autres du con.
Régine se redressa et, d’un mouvement des reins, la relança au dehors. Elle était comme folle. Trois l’avaient grimpée, il ne lui en restait plus que deux. Oh ! s’ils pouvaient recommencer ! C’était bien meilleur qu’avec un homme, qu’avec son mari, ou même le satyre.
Jamais elle n’éprouva pareille félicité.
Sans savoir ce qu’elle faisait, elle se mit à courir à courtes enjambées à travers l’allée, se dirigeant vers la colonnade. Tous lui emboîtaient le pas, elle les entraînait par son arôme, et les deux qui ne l’avaient pas grimpée, s’effaraient de ce qu’elle ne les contentât pas.
Le chien de chasse accusait de l’humeur et l’accompagnait à sa droite, la frôlant, la heurtant, lui envoyant la langue, sans se soucier de l’étroitesse du sentier. Soudain elle exécuta une volte-face, retourna sur ses pas, repassa devant la clairière, courant plus vite, ce qui excitait les chiens à la harceler avec plus d’ardeur et d’audace, se réengagea dans la partie du sentier qui ramenait à la poterne, repoussant les assauts de plus en plus furibonds du chien de chasse, et à une cinquantaine de pas avant d’arriver à la petite porte, se faufila sous les arbres, le cul constamment harponné, pour se précipiter vers une cahute carrée, assez grande, où l’on déposait la paille.
On y distinguait à peine, le jour ne venant que d’une lucarne près du toit. Tous les chiens s’y élancèrent à sa suite. Elle avait roulé sur la paille, le second chien de chasse déjà sur son dos, elle se débattait sous une violente crise d’hystérie, se mordait les lèvres pour ne pas crier, se tordant, se disloquant les membres et se désolant à la pensée qu’elle touchait à la fin de sa provision de baiseurs.
Le chien ne pouvait la grimper dans les mouvements désordonnés auxquels elle se livrait, il s’irritait, il la mordit au bras, la douleur la rappela à elle. De nouveau à quatre pattes, elle se plaça dans la posture convenable pour être grimpée.
Celui-ci était-il plus énervé d’avoir tant attendu ? Il la labourait avec une double vigueur des autres, la serrant dur aux hanches, il plongeait un long bout rouge dans son con et l’agitait avec des frémissements ininterrompus.
Ah ! plus ces pines de chiens l’enconnaient, plus elle en avait envie ! Une fièvre de désirs la tuait.

Combien existait-il de chiens dans le pays, en France, dans le monde entier ? Elle perdait la raison dans ses assauts réitérés. Le chien de chasse céda sa place au ratier, tous y avaient passé, tous se roulaient à présent avec elle dans un inconnu de lascivités où la caresse suffit parfois à l’organisme surmené. Elle était la reine de ces chiens qui, accroupis autour de son corps, dans le calme de leurs nerfs détendus, la recevaient dans leurs pattes à mesure qu’elle évoluait pour se frotter contre leur chair, la couvraient de petites lippées, ouvraient leurs pattes pour qu’elle patouillât leurs pines qu’elle ne craignait pas d’embrasser, ni même de sucer, comme si elles eussent été des pines d’hommes. Plus rien ne la retenait, elle jouissait du simple contact de leur peau, s’éprenait de leur odeur.
Ils jappaient gentiment à ses turlupinades, et elle apprenait à lancer la langue à leur manière, se couchant entre les pattes de Zig, serrant dans ses bras le ratier, le plus petit de tous et le dernier qui la grimpa, se pressant contre les chiens de chasse qui s’étendaient de leur long pour approcher le ventre de sa chair, s’oubliant dans cette infernale débauche, où la paille entretenait le feu des sens, et où elle suçait ses mâles pour rallumer leurs désirs, ressusciter leur vigueur, se délectant à la courte apparition du bout rouge qu’elle travaillait alors de ses lèvres. Bast ! n’était-elle pas leur femelle ? N’avaient-ils pas jeté en elle leur semence ? L’échange du sang ne s’opérait-il pas dans la décharge commune ?
Elle agirait comme un vraie chienne si ça lui disait, et enverrait la langue sous leur queue pour leur infuser la folie du coït.
Comment prévoir la limite exacte de l’entraînement charnel lorsque l’esprit se détraque dans la perversité des rapports contre nature ?
Les chiens ne se lassaient pas plus que la femelle extraordinaire envoyée par leur providence ! La paille, de plus en plus saccagée, se transformait en un lit de délices. C’étaient bien là des jeux qui leur plaisaient. Ils répondaient de leur mieux aux invites de Régine, elle triomphait dans tous ses gestes.
Elle plaçait Zig sur le dos, pour appuyer sa tête sur son ventre, et la bête immobile ne remuait plus que sur son ordre ; elle appelait un chien de chasse pour qu’il reniflât et léchât son con, et l’animal s’y blottissait, la travaillant à larges lampées ; elle prenait dans ses bras le basset et le dorlotait comme un enfant, lui fouillant la pine de baisers pointus ; elle hélait l’autre chien de chasse, le jetait en travers de son corps, s’amusait d’une de ses hanches à chatouiller sa pine, et elle obligeait le ratier à lécher celle de Zig à côté de sa tête. Son corps s’imbibait du fluide de ces animaux, elle ne pouvait se décider à leur rendre la liberté, et ils ne la souhaitaient pas.
Cependant tout doit avoir un terme ; la lumière du jour pâlissait, elle s’arracha, l’âme chagrine, à ce sérail de chiens qu’elle se formait ; elle se secoua tant bien que mal, remit sa chemise, sa robe de toile, dont elle noua la ceinture, et qu’elle agrafa sous le cou avec une épingle à cheveux : en tenue ainsi présentable, elle appela sa meute hors de la cahute et eût de la difficulté à la conduire vers la poterne. Elle dût sortir au dehors pour la décider à franchir le seuil de sa propriété.
Elle n’en vit plus un seul sur la lisière du bois, il était trop tard. Quand tous furent dans le chemin, elle rentra avec précaution, et referma vivement sa porte. Elle avait bien rempli sa journée. Mais quel bain elle dût prendre ! et quel travail elle donna à Coralie pour démêler sa chevelure !

Chapitre VI
La femme à quatre pattes et les chiens en rut.
Si le saut, dans ces désordres érotiques, fut brusque, Régine n’en lutta pas moins le lendemain et les jours suivants pour réagir contre cet odieux entraînement. D’ailleurs, la prudence le lui commandait.
Le dimanche, à l’aller et au retour de la messe, bien des toutous la reniflèrent et lui firent des grâces, au grand étonnement de tout le monde, et à son grand embarras.
Chez l’épicier qui la fournissait, et chez qui elle se rendit avec Coralie, elle ne pensait pas au chien mouton, lorsque tout à coup elle eut un haut-le-corps et poussa un cri. Le chien, qui l’avait sentie sans qu’elle s’en aperçut, s’était glissé sous ses jupes. À son mouvement et à son cri, l’épicier se précipita, un balai à la main ; Coralie voulut donner un coup de pied à l’animal qui se recula en grognant.
Régine accueillit froidement les excuses de l’épicier, une certaine anxiété la saisissait, que les autres, s’ils la rencontraient, ne montrassent autant de reconnaissance.
Dans son parc, peu lui importait toutes leurs audaces ; ailleurs il s’agissait de ne pas se compromettre. Il ne lui en survint aucun autre ennui et, en rentrant, elle s’informa auprès de Gernaque si les chiens stationnaient toujours près de la grille.
— Bien moins, Madame, de temps en temps, un, deux, mais ils ne s’arrêtent plus.
— Ne leur faites pas de mal, et s’ils veulent entrer, laissez-les passer. Peut-être flairent-ils quelque plante salutaire, il ne faut pas les en priver.
— Et s’ils causent des dégâts ?
—On les réparera.
Revenait-elle sur sa résolution d’éviter une chute irrémédiable ? Non, elle subissait ses époques, et elle n’allait pas au gymnase pour ne pas se fatiguer.
De plus, elle approchait du mercredi où elle avait promis de revoir le satyre, et elle tenait à se rendre compte si l’influence de l’homme la disputerait à celle des bêtes. Si dangereuse et si scabreuse que fût cette expérience, elle n’y manquerait pas.
Ce mercredi soir, en effet, elle arriva de Paris par le dernier train, comme la fois précédente, et un employé de la gare lui ayant demandé si elle n’avait pas peur et si elle désirait qu’on l’accompagnât, elle répondit que cela n’en valait pas la peine. Et elle partit toute seule.
Elle était très surexcitée. Après avoir vécu plusieurs jours dans la continence, les exigences de la chair recommençaient à la dominer. Habitué aux liqueurs fortes, un ivrogne ne peut s’en passer bien longtemps, accoutumée à des jouissances excessives, quoique anti-naturelles, Régine ne pouvait jeûner davantage.
Elle avait soif du mâle, d’un être qui la dominât, homme ou chien. Ecœurée par les fadaises des amoureux de salon qu’elle venait de quitter, elle aspirait à la brute qui la courberait sous son désir, qui la brutaliserait au besoin, qui la violerait dans un rut formidable.
À cette seule pensée, elle sentait ses cuisses se mouiller et, marchant avec des enjambées assez longues, elle s’arrêtait de temps en temps pour se frotter par dessus ses robes, résistant avec peine à l’envie de passer la main sous sa chemise pour se caresser, se branler le bouton qui se dressait sous ses désirs.
Elle arriva enfin à l’endroit où se tenait le satyre tapi dans le fossé. Il la prit par le bras et l’attira à lui. Dans un geste spontané, elle lui saisit la tête de ses deux mains et lui planta sa langue dans la bouche, murmurant :
—Toi, au moins, tu es un homme ! Fais-moi ce que tu voudras. Touche-moi, je n’ai pas de pantalon.
—Je veux t’enculer, fit-il.
— Oui. Tout ce que tu voudras !
De ses mains aristocratiques, elle déboutonna la culotte grossière et saisit l’énorme vit qu’elle sortit.
Elle empoigna aussi les couilles dont elle avait peine à enfermer une dans sa main, et, de plus en plus en chaleur, elle tomba sur les genoux, et d’un coup elle engloutit la queue dans sa bouche. Sa langue se mit à travailler le filet avec tant d’ardeur que le satyre trembla sur ses jambes en étouffant un juron.
Tout à coup on entendit parler :
—Ce n’est pas naturel, disait une voix, nous aurions dû la rencontrer, elle marche moins vite que nous et elle devrait être par là.
— Oui, ce n’est pas bien catholique ; elle a disparu.
— D’autant plus qu’à la lueur de la gare je la voyais marcher devant moi. Tiens… j’ai entendu du bruit par là…
—J’ai bien apporté une lanterne, mais je n’ai pas d’allumettes ; allume ton briquet.
— Zut ! Il n’a plus d’essence ! Reste là à veiller, je cours à la gare ; dans cinq minutes je suis de retour… Il y a quelque chose !
C’était deux employés de la gare qui habitaient pas loin de là et qui, leur travail fini, s’en retournaient chez eux.
Le satyre, l’oreille tendue, n’avait perdu ni un son, ni un mot. D’une pesée sur l’épaule, il avait fait s’accroupir Régine sur le sol, puis il avait tiré son couteau et l’avait ouvert ; et c’est le bruit du déclic qu’avaient entendu les deux passants.
Habitué à voir dans les ténèbres, il suivit d’un regard fulgurant l’employé qui s’en allait au pas de course, et il était prêt à bondir sur le second, lorsque celui-ci, pas très rassuré, prit le chemin de son camarade, d’abord lentement, puis en allongeant le pas.
Lorsqu’on ne l’entendit plus, le satyre d’une bourrade releva Régine et lui dit :
— Allez ! Hop ! Au trot ! Faut se barrer ! J’ai ma bécane. Trotte ! la môme ! on se reverra ailleurs. Nom de Dieu ! Pas de veine ! Je te ferai savoir où me trouver. Foutons le camp !
Il ne l’embrassa même pas. Il sauta sur sa bicyclette et pédala à toutes jambes.
Quant à Régine, prise de peur elle-même, elle sortit vivement du fossé, secoua le bas de sa robe et partit en courant chez elle. Elle rentra avec ses clés particulières, car elle avait donné l’ordre qu’on ne l’attendit pas, ne sachant pas si elle reviendrait le soir même.
Elle tremblait du risque d’avoir été surprise, et ses sens surexcités, loin de se calmer, s’exacerbaient encore davantage. L’émotion du danger, l’instinct pervers de se livrer à l’amour de la brute, les premiers attouchements avec la pensée de la victoire toute proche, la proposition de l’enculage, la fuite stupide, tout cela développait son hystérie.
Elle éprouvait un désir insurmontable du contact mâle, et sa chair souffrait. Elle se révoltait contre cette fatalité qui avait brisé ses espérances voluptueuses.
Elle maudissait son amant de s’être dérobé sans la satisfaire. Avec les hommes on ne pouvait compter sur rien. On récolte toujours des ennuis et des chagrins à condescendre à leurs cochonneries.
Dans le vestibule, sous la petite lampe allumée pour l’éclairer dans le cas où elle rentrerait, elle aperçut un billet de Coralie.
Sa femme de chambre l’avisait de se méfier des chiens qui, par deux fois, avaient failli la jeter à terre, avec de sales manières incompréhensibles. Elle n’en était venue à bout qu’à grands coups de badine, et en les enfermant dans leurs pièces.
Régine poussa un gros soupir, les animaux étaient en chaleur, cela arrivait on ne peut mieux, elle allait en user avec la science et l’expérience qu’elle possédait en leur commerce.
Comment n’avait-elle pas prévu qu’ils sauteraient sur Coralie si elle les négligeait ? Et elle les négligeait, eux et les autres ! Elle monta à sa chambre et se dévêtit. S’étant ensuite assurée que ses servantes dormaient d’un profond sommeil, elle redescendit, nue, avec son peignoir sur le bras.
Les bêtes semblaient bien tranquilles, on ne les entendait pas. Se seraient-elles assagies ? Qui donc oserait affirmer qu’elles ne pressentent pas les choses ?
Lorsqu’elle entrouvrit bien doucement leur porte, elle les vit toutes les deux debout, comme si elles l’attendaient. Les deux molosses s’apprêtaient à bondir à son cou pour l’embrasser, la lécher, manifester leur joie, elle n’eût qu’à lever la main pour qu’ils rampassent à ses pieds et la suivissent de cette façon jusque dans le salon.
Oh ! la femme est vraiment charmeuse et dompteuse des animaux ! Là, elle ferma la porte à clé, abaissa les tentures, diminua la clarté de la lampe au point d’y distinguer tout juste et, dans cette demi-obscurité qui lui plaisait pour ses obscénités, elle se mit à quatre pattes afin de provoquer et de diriger l’événement. Elle se précipitait ainsi au devant du rut de ses chiens, dans cette posture ; il fallait qu’elle jouit à sa soif.
L’un d’eux la tenait déjà dans ses pattes, la couvrait ; elle se retourna sur le dos, glissant sous lui comme une anguille, le désarçonnant de son cramponnage. Elle sentit son souffle sur le visage ; c’était ce brutal de Fox, elle lui jeta les bras autour du cou, les jambes autour du corps ; il resta sur elle, la léchant, comme elle l’embrassait. Elèverait-elle la bête à agir comme un homme ?
L’autre, Médor, reniflait par côté ; elle lâcha Fox pour se remettre à quatre pattes, et elle en eût un à droite, l’autre à gauche. Alors, changeant brusquement de rôle, elle attrapa Médor par derrière, à sa grande surprise, et fit la manoeuvre comme si elle allait le grimper.
Elle le tenait, les bras enlacés sous son ventre, elle pressait sur son dos, y apportait une réelle force qui l’obligeait à baisser sa croupe à terre, et elle l’échellait, donnant des coups de ventre contre son train d’arrière. Médor se prêtait très bien au jeu, se frottait avec onction, tournait la tête et cherchait à lui lécher la sienne. Fox, aussi étonné que son congénère de la voir jouer ce jeu, lui léchait les fesses par derrière, mais, tout en léchant, il reprenait position sur ses reins pour la grimper, parvenait à la faire abandonner Médor et, malgré toute la volonté qu’elle avait de retarder l’affaire, elle devait reconnaître la nécessité de se rendre.
Fox la gardait solidement dans ses pattes quand le foutre bouillonnait dans ses artères. Il l’avait attirée en sa possession, ses pattes de devant la harponnaient ferme à la ceinture, celles de derrière trépidaient avec vigueur et sa pine, pointée droit sur le con, par l’habitude acquise, s’enfonçait sans hésiter.
Elle ne se serait pas hasardée en ces instants, à le contrarier dans son assaut. Il était le mâle, conquérant de la femelle, malgré la différence des espèces, elle devait demeurer passive, comme morte, sous peine de recevoir un dangereux coup de croc.
Fox montait en sauvage. Sa forte pine s’actionnait dans le plaisir, gonflait démesurément, et il ne s’occupait pas si ses harpions déchiraient parfois la peau délicate de sa maîtresse. La langue de Médor cicatrisait ensuite et instantanément les déchirures.
S’il fichait, despotique et intraitable, la pine dans le con de Régine, en revanche, dès qu’il avait joui il devenait sot et mollasse à s’abattre inerte à la moindre bourrade qu’elle lui infligeait.
Sous son emprise actuelle, elle ne bougeait pas, elle frémissait à la pine qui s’agitait dans son vagin. Fox jouissait, il avait joui, il se reculait, elle s’étendit tout de son long sur le tapis.
Elle rêvait à prolonger hors des limites habituelles sa débauche, elle voulait passer la nuit dans le salon, avec ses chiens.
Se souvenant comme elle excita les cinq bêtes qui la suivirent dans la cahute à la paille, elle se promettait bien d’obtenir des merveilles de Fox et de Médor, et de s’en servir pour son propre plaisir jusqu’à plus soif.
Elle était étendue sur le ventre, et Médor ne cessait de la renifler sur tout son corps, essayant de s’accroupir contre ses fesses, sans trouver une posture commode pour l’enfiler à son tour. Elle s’intéressait vraiment à son manège. La bête craignait de lui faire mal, et, plus prévenante que ce méchant Fox, elle passait et repassait, attrapait le cul ou le gras des fesses avec ses babines pour tâcher de soulever les membres, Régine évoluait avec lenteur, tournoyait pour le dépister, Médor la grattait avec ses pattes.
À un certain moment, elle le jeta à terre, courut se tapir contre la tenture de la porte. Déjà il était sur elle debout, ayant le ventre à hauteur de son visage ; sa pine effleurait le nez de Régine qui ouvrit la bouche consciente ou non ; la chaleur moite qui caressait l’organe canin fit osciller les pattes sous le plaisir ressenti.
Elle ne suça pas. Elle ouvrit et referma les lèvres à plusieurs reprises, pinçant la pine sous leur velouté, le chien se laissait faire, elle l’enroula de ses bras autour des reins, et il poussa un gémissement de volupté énervée. À ce gémissement, Fox se rapprocha et vint renifler entre les jambes de son compagnon.
Elle laissa échapper la pine pour se coucher sur le côté, Médor s’abaissa sur-le-champ pour la lécher sur tout le corps, et Fox joignit sa langue à la sienne.
Elle fut secouée de telle façon par ces deux langues qu’elle jouissait, déchargeait, sans désemparer. Elle se remit à quatre pattes et marcha ainsi lentement, suivie par l’un et par l’autre. Médor recommençait à l’attaquer, posant les pattes sur ses fesses, elle les abaissait avec prestesse, et il ne pouvait pas l’enconner. Fox ne le gênait pas, mais trahissait de l’excitation.
Il s’engagea une lutte des plus curieuses et des plus érotiques entre Régine et Médor.
Tandis que le chien se reculait pour renifler les fesses et les repousser en l’air de ses pattes, Régine, semblant suivre son impulsion, se remettait en posture à quatre pattes, le cul très relevé. Médor en profitait pour se jucher, se cramponner, arriver à la couvrir. De nouveau elle rabaissait le derrière sur les talons, et l’animal se butait dans ce mouvement de va-et-vient. Il eut l’intuition d’un changement de tactique, et qu’elle tint le cul en haut, qu’elle le tint en bas, il ne la lâcha plus de ses pattes de devant, la harponnant à la ceinture, sur les épaules, donnant du ventre contre les fesses entre lesquelles il faufilait sa pine, tant et si bien que celle-ci finit par trouver son chemin de Damas dans la fente, pointa le trou, et avant qu’elle ne songeât à s’y opposer, Régine, pour la seconde fois, fut enculée.
Elle avait le fondement étroit, elle se débattit pour chasser l’engin, elle ne réussit qu’à mieux l’agripper, et la petite douleur éprouvée au passage de la pine se calmant, elle se laissa bien manoeuvrer. Médor manoeuvrait là avec plus de maîtrise, il jouissait…
Elle laissa échapper la pine pour se coucher sur le côté, Médor s’abaissa sur-le-champ pour la lécher sur tout le corps, et Fox joignit sa langue à la sienne.
Elle fut secouée de telle façon par ces deux langues qu’elle jouissait, déchargeait, sans désemparer. Elle se remit à quatre pattes et marcha ainsi lentement, suivie par l’un et par l’autre. Médor recommençait à l’attaquer, posant les pattes sur ses fesses, elle les abaissait avec prestesse, et il ne pouvait pas l’enconner. Fox ne le gênait pas, mais trahissait de l’excitation.
Il s’engagea une lutte des plus curieuses et des plus érotiques entre Régine et Médor.
Tandis que le chien se reculait pour renifler les fesses et les repousser en l’air de ses pattes, Régine, semblant suivre son impulsion, se remettait en posture à quatre pattes, le cul très relevé. Médor en profitait pour se jucher, se cramponner, arriver à la couvrir. De nouveau elle rabaissait le derrière sur les talons, et l’animal se butait dans ce mouvement de va-et-vient. Il eut l’intuition d’un changement de tactique, et qu’elle tint le cul en haut, qu’elle le tint en bas, il ne la lâcha plus de ses pattes de devant, la harponnant à la ceinture, sur les épaules, donnant du ventre contre les fesses entre lesquelles il faufilait sa pine, tant et si bien que celle-ci finit par trouver son chemin de Damas dans la fente, pointa le trou, et avant qu’elle ne songeât à s’y opposer, Régine, pour la seconde fois, fut enculée.
Elle avait le fondement étroit, elle se débattit pour chasser l’engin, elle ne réussit qu’à mieux l’agripper, et la petite douleur éprouvée au passage de la pine se calmant, elle se laissa bien manoeuvrer. Médor manoeuvrait là avec plus de maîtrise, il jouissait et se complaisait dans sa jouissance, quand il s’agit de sortir du trou, il se produisit un réel tirage.
Le cul serrait, Régine se contractait à l’effort du chien, et elle restait vraiment collée, jouissant, coulant comme une fontaine, à se sentir cul à cul et pour de bon avec sa bête. Fox tournait tout autour, geignait doucement, essayant par des coups de langue de détacher Médor. Enfin les organes rentrèrent dans leur état naturel, et les deux combattants en volupté se séparèrent.
Régine goûta ensuite un long moment de repos délicieux, couchée sur son sopha ; elle contemplait avec encore de l’émoi ses deux chiens allongés sur le tapis.
Elle ne résista pas à la tentation de se vautrer au milieu d’eux, pour batifoler et les exciter pendant plus d’une heure.

Chapitre VI
Elle raccole les chiens du voisinage, qui la grimpent.
Régine, fatiguée, ne se leva pas le lendemain, prétextant une forte courbature. Elle était troublée et un peu effrayée, comme quelqu’un qui vient d’échapper à un danger. Elle avait failli être surprise, et c’eût été un vrai malheur pour elle.
Aussi résolut-elle de ne plus accepter de rendez-vous dans ces conditions. Ne pourrait-elle pas s’arranger autrement ? Ne pourrait-elle pas recevoir son amant au gymnase en l’introduisant par la petite porte des chiens ? Et puis, non ! Elle ne voulait plus de l’homme. Elle en avait assez de son contact, de ses suites, et des risques qu’elle encourait.
Elle voulait oublier cet homme et s’étourdir, s’enivrer de volupté avec les chiens. C’était meilleur et c’était plus sûr.
Des désirs plus impérieux que jamais commençaient à la travailler. Dans sa surexcitation elle s’arrangea pour être bien seule un après-midi à sa villa, afin de s’ébattre dans des délices déjà vécues avec les bêtes du dehors.
Elle quitta le kiosque, n’ayant que la robe de toile grise pour unique vêtement, et se dirigea vers la poterne dans l’intention de raccoler les chiens qu’elle apercevrait.
Il s’était passé déjà quelque temps depuis le fameux jour où elle s’en paya une fournée de cinq. Un vent léger adoucissait la température et transformait sa robe en un véritable éventail qui lui chatouillait les jambes et les hanches. Il en résultait quelque inconvénient ou le vent la soulevait trop par moment, découvrant ses chairs jusqu’à la ceinture, ou il la plaquait sur la peau, et toutes ses formes se dessinaient, même la fente de son cul.
Bast ! elle était chez elle, personne d’autre que les chiens ne jouirait de ce spectacle.
Elle ouvrit la petite porte avec émotion, et ne dissimula pas une moue de dépit. Deux toutous seulement rôdaillaient par là, le basset, qui ne la quitta pas d’une semelle lorsqu’elle amena la bande de cinq par le sentier isolé de son parc, et un chien de demi-taille et d’espèce mal définie.
Elle ne se contenterait pas d’une aussi maigre aubaine. Elle aurait bien ajouté Fox et Médor, mais ils étaient éreintés pour l’instant, et ne demandaient qu’à dormir dans leur niche. A trop user d’eux, elle avait réfléchi qu’elle s’exposait à ne plus avoir de chiens de garde.
Pas âme qui vive ne se montrait sur le chemin et dans les bois qui s’étendaient le long du mur d’enceinte de sa propriété. De plus, elle apercevait un peu plus loin un autre caniche. Elle résolut de suivre le sentier qui bordait en dehors le mur, et de voir si elle ne trouverait pas d’autres animaux à joindre à son sérail.
La fièvre qui la dominait anéantissait dans son esprit et son coeur tout ce qui ne se rapportait pas à son genre d’odieuse luxure. Cent cinquante, deux cents, trois cents mètres, elle s’éloigne de sa porte. Deux autres chiens la suivaient.
Elle fit encore cent mètres et dût suspendre sa marche pour ne pas s’aventurer trop en vue d’une autre propriété, justement celle qui appartenait au maître de Zig, et elle fut assez heureuse pour apercevoir celui-ci tout près, à un détour de sentier, qui gambadait avec son frère, un second lévrier un peu plus petit en hauteur, et un magnifique terre-neuve qu’elle connaissait et qu’on appelait Gosse.
Très adroitement, elle pinça le basset qui jappa, et de suite elle fut éventée par Zig qui accourut avec ses deux compagnons.
Derrière eux, il en arriva plusieurs. Elle battit précipitamment en retraite, se dérobant à toute vue indiscrète, en s’avançant sous la feuillée, bien à l’ombre. Mais c’était une vraie trombe canine qui galopait dans son sillage, et, malheureusement, le vent étant contre, à chaque pas elle rattrapait sa robe qui voltigeait très en l’air, et livrait sa chair au reniflement des chiens.
Bientôt elle ne put plus avancer, le terre-neuve la houspillait de près, le museau dans ses cuisses, lui allongeant des coups de tête dans les fesses, essayant de la saisir par les épaules pour la jeter à terre. Par deux fois il la colla contre un arbre, toute tremblante qu’on ne la surprit ; elle tourbillonnait dans ses puissantes pattes, elle mourait d’envie de porter la main à son bout rouge qui papillonnait sous ses regards.
Il l’aurait grimpée si le basset, profitant de la lutte, ne s’était glissé par dessous pour la lécher et mordre les pattes du grand et brutal chien.
Elle s’était trop éloignée, elle ne finirait jamais la route sans accident. Les tempes lui bourdonnaient, elle avait eu une sotte idée, par ce vent, de ne pas conserver sa chemise, de ne pas avoir ajouté un jupon, et même un pantalon. Elle rit à cette pensée : un pantalon pour protéger ses appas contre les chiens !
Regardant autour d’elle, dans une courte accalmie, elle aperçut dans la bande les deux chiens de chasse et un troisième noir et roux. Elle savait à présent leurs noms les deux qui l’avaient déjà grimpée s’appelaient Ajax et Castor, le troisième Mercure.

Oh ! ce terre-neuve, ce Gosse ! il ne se lassait pas de l’attaquer ; elle reprenait la marche, il l’emboîtait, le museau à son cul, sa langue lui courant dans la fente ou entre les cuisses, il se faufilait, la soulevait de son cou, et elle se retenait difficilement pour ne pas tomber.
Elle collait sa robe entre ses jambes, il ne s’en embarrassait pas, il l’enlaçait, elle donnait des coups à ses pattes, il la lâchait et elle courait quelques pas en avant. Elle arriva enfin à sa porte et l’ouvrit rapidement. La trombe canine pénétra sur ses pas, et quand elle eut refermé, elle se vit le centre d’un vrai troupeau de chiens.
Elle en compta quatorze !
Quatorze ! dont six de forte taille, quatre d’une bonne moyenne, et les quatre derniers s’échelonnant jusqu’au plus petit, le basset. De la fois précédente, seul le ratier manquait. Les bêtes appréciaient donc le plaisir qu’elle leur servait !
Enfin, elle était chez elle, et ils pouvaient tout oser, elle jugerait bien si elle suffirait à tous. Un nombre plus grand ne l’aurait pas effrayée.
Elle réfléchissait, étudiait ; ils s’étaient tous assis autour d’elle.
— Ah ! vous voilà sages, dit-elle, allons, c’est bien, et maintenant à vous… tous.
Elle se débarrassa crânement de sa robe, la plaça au pied d’un arbre, avec une grosse pierre dessus pour que le vent ne l’emportât pas, et, avec des chaussettes, des bottines serrant le coude-pied, pour tout vêtement, elle s’élança dans le sentier conduisant à la pelouse où elle fut couverte par trois.
La bande s’ébranla à la suite, la chasse au rut débutait. Elle marchait vite, vite, escortée surtout par les plus petits, à cause de l’étroitesse du chemin entre les arbrisseaux et des haies d’aubépines. Un dôme de feuillage, encadrant un nid de verdure, lui sembla très propice pour un premier assaut. Il ne fallait pas perdre de temps avec tant de lippeurs à ses trousses.
Lequel commencerait ?
Le corps plié en deux, elle courut sur la droite à un gros tronc, pareil à un socle de statue, elle y appuya les mains, le corps en boule, à la portée des gros toutous.
Déjà saisie à la taille par un des trois chiens de chasse, le premier qui l’avait grimpée, Ajax, elle en fut presque aussitôt lâchée, ses pattes s’étant mal cramponnées. Elle se sauva pour tourner autour du tronc. Le terre-neuve la serrait de près, il l’agrippa au second tour.
Il était plus puissant qu’elle ne le supposait sa pine entrait avec difficulté dans le con, et il poussait avec rage sans désemparer. Les petits assistaient en gémissant à l’action, les gros se dispersaient dans les fourrés, s’éparpillaient en courses furibondes, se désintéressant momentanément de la femelle que couvrait leur fort congénère.
Ils agissaient comme les maîtres du lieu, Gosse, accroupi sur Régine, la maintenant rudement sous ses pattes, poussait, poussait sa pine, au risque de blesser la patiente ; l’engin se développait, à force de pousser, il enfila le con et se casa dans le vagin.
Régine était bien couverte, supportant gaillardement le poids du corps de l’animal. Il la manoeuvrait ferme, et l’organe féminin s’imbibait de son plaisir, s’excitait à cette vigoureuse chevauchée.
Il jouit avec une telle force que, de ses pattes de derrière, il chercha à écheller sur son cul. Elle s’abattit sur l’herbe, clouée sous le ventre du chien qui ne semblait pas disposé à abandonner son con.
Il la quitta après un bon moment de cette étrange possession en se reculant avec lenteur, et elle sentit le basset, qui ne s’était pas éloigné, prendre sa place. Elle se rappela qu’il l’avait enculée, et, craignant de n’éprouver aucune sensation par le con, après le montage du terre-neuve, elle abaissa le cul à sa portée, pour qu’il recommençât dans le trou.

Le basset l’attaqua sur-le-champ, il se conduisait très bien et gratouillait de très délicieuse façon, sa pine se logea prestement dans les fesses, Régine en eût de l’agrément plus qu’elle ne se le serait imaginée après le travail de la grosse pine de Gosse dans son con.
Le basset la grimpait avec de très vives trépidations qui agissaient on ne peut mieux sur ses centres nerveux. Il terminait à peine qu’un troisième larron lui visait encore le trou du cul. Elle tourna la tête et vit que c’était le camarade du basset, celui qui attendait à la poterne en sa compagnie, quand elle sortait de sa villa.
Elle avait de la fièvre à sentir cette nouvelle pine dans son cul, elle ne se refusa pas ; les picotements et les chatouilles la berçaient voluptueusement, elle se reprenait peu à peu dans cet abandon de ses chairs et, au milieu de son plaisir, décidait qu’elle emploierait ce côté de son corps pour les bêtes les moins fortes.
Ce nouveau chien l’encula très bien, et dès qu’il eut joui, elle se releva, s’évada de ce point pour revenir sur le sentier, rappeler les chiens un peu trop éloignés. Ils accoururent à son appel, et cette fois ce fut Zig qui mena la chasse à la femelle, la pressant, lui léchant le con et le cul à tout instant, qu’elle tendait du reste à sa moindre attaque.
Malgré la satisfaction reçue, le basset conservait le rang près de ses jambes, lui flairant les mollets, et s’affichant en chien de garde d’une si complaisante maîtresse, veillait à ce que l’ordre ne fût pas troublé par de trop brusques écarts.
Regardant de temps en temps en arrière, il vint tout à coup à l’idée de Régine que les chiens pourraient bien aller à sa robe, la dégager de la pierre qui la retenait pour s’en amuser et s’en repaître, soit à cause de l’arôme de son corps, soit à cause des agacements de leurs dents.
Elle voulut faire volte-face, Zig se dressa tout debout, et mettant les pattes sur ses épaules, lui barra la route. Il approchait son bout rouge de son ventre, comme s’il allait la baiser à la manière des hommes. Il la poussait avec tant de force qu’elle plia sur les genoux, et qu’elle n’hésita pas à ouvrir la bouche pour une caresse à la pine. Zig se laissa tomber par-dessus son dos, se retourna avec vivacité et, comme il se trouvait en posture, il la grimpa sans plus attendre.
Le bout rouge disparut dans le vagin, et les coups de reins recommencèrent de plus belle, le basset tournant et retournant autour du couple, aboyant après ceux qui s’avançaient pour renifler. Malgré les quelques touffes d’herbes sur lesquelles elle essayait de se poser, le terrain était mal choisi et elle s’écorchait les genoux. Mais elle ne ressentait aucune douleur : Zig la couvrait, et elle jouissait, alors qu’elle ne l’avait encore fait ni avec le terre-neuve, ni avec les deux autres bêtes.

La surexcitation s’accentuait. Les chairs, à force d’être frottées et de s’imbiber de foutre, devenaient d’une sensibilité extrême qui, par les frictions réitérées les agitant, les dilataient et amenaient un plaisir indéfini. Régine eut cependant la raison, lorsque Zig la lâcha, de courir vers la poterne pour ramasser sa robe et voir si parmi ses amoureux il n’y en avait pas qui désirassent partir. Mais plus ils la couvraient, plus ils témoignaient de l’ardeur, la quittant de moins en moins.
Elle eût la chance de retrouver sa robe en bon état ; elle la prit sur un bras, elle lui servirait pour ses genoux si on la montait à un endroit peu commode. Elle revint dans le sentier, harcelée par les trois chiens de chasse, le basset continuait à se maintenir à sa droite, et elle s’attachait à ce petit animal qui ne cessait de la caresser et émettait la prétention de la défendre, si on cherchait à la bousculer.
Il lui tardait d’arriver à la pelouse pour s’y rouler dans la plus dépravée des débauches, et y défier tous ces mâles qui la suivaient, la gorge sèche.
Elle s’engagea subitement dans le chemin conduisant à la cahute à la paille, se jeta sur la gauche ; elle sentait tous les chiens, les quatorze, échelonnés à sa piste, malgré les quatre déjà satisfaits. Elle avait jugé qu’elle n’aurait pas le temps de parvenir à la pelouse avant un nouveau montage, et elle se rappelait un petit monticule où elle serait comme sur un lit.
Ajax cherchait à gagner sa revanche, il l’entravait dans sa marche, l’arrêtait à chaque pas, pour la harponner par les jambes, par la taille, et lui pousser sa pine dans les cuisses.
Elle avait une peine infinie à le tenir en respect, il décuplait ses forces, il devenait hargneux, bondissait sur ses épaules pour l’entraîner à terre ; elle hâta sa course, funeste inspiration, elle roula sous la meute, il y eut des fureurs entre les animaux, l’affaire se gâtait, elle eut la présence d’esprit de se relever et d’aboyer avec énergie.
Cet aboiement inattendu apporta la paix, tous la regardèrent en remuant leur panache, et elle repartit dans la direction du monticule, les mains en avant, le cul en relief, continuant de japper. Enfin elle y était, elle s’écroula, et la folie du grimpage se déroula. Ce fut horrible et fou.
Elle se tordait sous le délire de la passion, plus hardie que le plus fougueux de ces animaux, la croupe en l’air, jamais libre d’un attaqueur, car, pas plus tôt qu’un la quittait un autre le remplaçait.
Il soufflait un vent de vertige sur cette femme et sur ces bêtes. Combien la grimpèrent là, cinq, six… elle ne comptait pas. Elle appelait, elle provoquait, elle s’offrait, et on la prenait ; un feu extraordinaire unissait cette femelle à ses amants à quatre pattes, feu qui les secouait dans leur torpeur momentanée pour les remettre en haleine. Elle perdait tout jugement, elle vibrait au moindre frôlement, elle partit comme une folle, traversant les haies, les broussailles, et vint s’abattre sur cette pelouse, son premier but.
Là, elle n’eut plus conscience de ses actes, elle grimpait elle-même les chiens pour les entraîner au rut, elle leur donnait de si rudes coups de ventre, leur triturait de ses doigts la pine avec une telle volonté, qu’ils se renversaient sur le dos, l’attrapaient dans leurs pattes, la reniflaient, et se retrouvaient en posture sur ses reins.
Elle ne leur laissait aucun répit, les émoustillait, les échauffait, jouait à courir avec eux, leur fourrait à tout propos leur museau entre ses cuisses, les grisait de son arôme féminin, en obtenait tout ce qu’elle voulait. Elle ne voyait plus rien, ne sentait plus rien, sa personnalité s’effaçait dans cette effrénée poursuite sensuelle.
Était-elle seulement encore de ce monde ? Il lui semblait se débattre sous un poids énorme qui l’écrasait. Le vertige avait agi, la nuit l’entourait, une nuit imaginaire, et elle roulait, roulait dans des abîmes effroyables. Avait-elle succombé, allait-elle succomber ?
Elle ne savait plus rien de ce qui s’accomplissait, plus un son ne sortait de ses lèvres, elle haletait, voulait aboyer, elle ne pouvait plus. Combien de temps cela se prolongea-t-il ? Des minutes et des heures, des heures ou des siècles ? La machine détraquée ne correspondait plus avec le cerveau. Une chaleur excessive se répandait dans son corps, elle sentait toujours le même poids qui persistait à l’écraser, elle ouvrit les yeux, elle cherchait à se souvenir.
Quelque chose d’humide lui caressait la nuque ; elle regarda et s’expliqua le poids. Le terre-neuve la tenait toute entière sous lui, léchait sa nuque, la réchauffait de son corps, dans un instinct subtil de bête la croyant trépassée.
Elle était enveloppée par le puissant animal, elle se reposait avec délices dans ses pattes, sous son emprise, et ses yeux ayant rencontré les siens, la bête eut un sursaut de joie en la reconnaissant vivante. Elle ne pouvait bouger, remuer, il continuait à la garder sous lui.
Elle regarda tout autour, quelques chiens restaient à guetter ce qui se passait, le basset et Zig entr’autres. Où était toute la meute ? Divisée sans doute, circulant n’importe où dans le parc. Une terreur l’envahissait. Qu’adviendrait-il si ses servantes, étant de retour, les voyaient ?
Elle donna un faible coup de dos pour obliger Gosse à la laisser. Il la serra encore davantage entre ses pattes pour se redresser. Il se fâcha et lui allongea un coup violent de patte sur la tête pour qu’elle demeurât paisible. La peur la ressaisit. Comment s’échapper à cette pression ? Il ne la couvrait pas, elle sentait sa grosse pine au repos sur le gras de ses cuisses.
Il fallait cependant aviser à se délivrer de cette étreinte. Il la léchait de nouveau sur la nuque, sur le cou. Elle agita les jambes contre la pine, mais elle se sentit comme anéantie, brisée. Le chien se décida à lui donner de l’aise, il se redressa sur ses pattes de devant, laissant son arrière-train appuyé sur ses jambes, allait-il la grimper ? Non, il la découvrait lentement et lui rendait sa liberté.
Alors elle voulut se lever, elle ne put se tenir debout, ses jambes flageolaient, une cuisson insupportable lui torturait le vagin. Épouvantée, elle se mit à pleurer. Elle était perdue. Étendue, la tête sur les bras, elle ne contenait pas ses larmes. De petits jappements plaintifs la firent se retourner.
Le basset lui léchait les épaules et les bras. Un bien-être relatif se répandait dans son corps. Gosse, installé sur ses pattes de derrière, à côté, la contemplait avec des yeux bienveillants, semblant approuver le basset.
Elle se secoua, en appela à toute son énergie, elle se souleva et, clopin-clopant, se dirigea vers le kiosque. Elle allait se laver, se rafraîchir, se donner une injection, se rhabiller et se reprendre.
Sept à huit chiens l’entouraient, ils devaient être rassasiés, ils trottinaient très tranquilles à sa suite, le terre-neuve l’escortait comme pour lui offrir son appui. Petit à petit tous la rejoignirent.
Quoi ! l’auraient-ils tous grimpée qu’ils se montraient aussi calmes ! Elle retrouvait des forces, mais souffrait toujours du con et du cul. Au kiosque, elle sauça avec volupté ses parties sexuelles dans l’eau, s’injecta, chassa les matières grasses qui sans doute irritaient le vagin. Elle reconquérait de la quiétude, elle distribua du sucre à tous ces braves animaux qui ne s’éloignaient pas de son ombre, et ne la dérangeaient pas dans l’ouvre réparatrice des souillures de son corps.
Elle remit sa chemise, ses jupons, sa robe, et pensa alors à ramener les chiens à la poterne pour les renvoyer.
Le vent avait cessé, il n’était pas encore trop tard, elle aurait le temps de se reposer une petite heure sur un des hamacs de la rotonde, et d’oublier ainsi la cuisson qu’elle conservait dans ses sexualités. Une ombrelle-canne à la main, elle prit par une des allées principales pour se rendre à la porte donnant sur les bois.
Si les chiens s’ébattaient autour d’elle, il n’était pas nécessaire de se cacher, puisqu’elle ne circulait plus nue, et qu’elle ne les provoquait pas à la monter. Comprenaient-ils qu’elle se disposait à les chasser ? Ils marchaient avec moins d’entrain et la tête basse.
Elle ne se pressait pas, cueillait des fleurs, caressait de la main celui-ci ou celui-là, et s’arrêtait même parfois sous un arbre pour reprendre haleine. Les chiens l’imitaient, et se couchaient de droite et de gauche : elle repartait, tous se remettaient en route. Elle dût laisser la petite porte ouverte un long moment.
Ils sortaient bien, mais il y en avait qui rentraient, et même elle en apercevait de nouveaux qui, ayant reniflé les partants, se hasardaient dans le parc, s’approchaient pour la sentir et glisser le museau sous ses jupes, lui chatouiller le clitoris de leur souffle, et qu’elle ne parvenait à chasser qu’en les menaçant de son ombrelle. Elle ne serait pas arrivée à les mettre à la porte si profitant de ce que le terre-neuve et le basset, se constituant ses gardiens assidus, elle n’eut eu recours à leur aide.
—Gosse ! Gosse dit-elle, et toi petit, allez, hop ! dehors, tous.
En trois bonds le terre-neuve chassa toute la bande, et sortit lui-même. Elle ferma la porte et se rendit à la rotonde où, sur un hamac, les jambes allongées, elle essaya de se reposer.
Ah ! elle souffrait de terribles cuissons dans le con et dans les fesses !

Chapitre VIII.
Les chiens du pays sont en rut.
La secousse avait été trop forte. Régine garda le lit plusieurs jours et fut obligée de se soigner sérieusement pour réparer l’irritation amenée par ses folies sadiques.
Elle avait été quelque peu forcée par la pine de Gosse, et il fallait laisser à dame nature le temps de tout remettre en ordre. Avec des bains, des injections, des promenades, elle se retrouva comme ci-devant. Sa cuisinière Louison lui apporta tout son dévouement pour l’aider à se rétablir.
Elle se traîna assez longtemps en convalescence parce qu’elle évita d’en référer à la science d’un docteur. Elle redoutait trop qu’il ne devinât la cause de son mal, et Louison, en qui elle avait toute confiance, et à qui elle raconta avoir abusé de l’amour d’un galant trop vigoureux et trop membré, connaissait des recettes pour venir à bout de ces inconvénients. Elle prétendait qu’elle se serait guérie, même si elle avait été enconnée par un âne.
Pendant ces jours de maladie, Coralie allait et venait, s’occupait de tout, faisait les courses en ville, trouvait très peu l’occasion de s’entretenir avec sa maîtresse ; mais lorsqu’elle commença à mieux aller, elle lui apprit différentes choses.
D’abord que tous les jours un chien basset s’introduisait dans le parc, rôdait autour de la maison, et qu’on avait bien du mal à le chasser. Ensuite, qu’on avait dû tuer d’un coup de fusil le lévrier Zig, qui s’était précipité sur une fillette de douze ans pour la violer. Enfin qu’une bizarre maladie sévissait sur les chiens du pays, que toutes les femmes en prenaient peur, parce qu’ils venaient les renifler de trop près.
Régine dissimula le grand trouble qu’elle ressentait de ces nouvelles. Elle plaignait davantage le pauvre Zig que la fillette violentée. Instinctivement elle percevait que sa femme de chambre, en lui racontant tout cela, nourrissait de l’animosité à son égard. Malgré la méfiance qu’elle lui inspirait, elle la chargea de lui conduire le basset dès qu’on le surprendrait autour de la maison.
Le jour même le chien lui fut remis. Que de folles démonstrations de tendresse il fit !
Il gardait la reconnaissance du plaisir éprouvé, et peut-être chez les animaux existe-t-il des notions de passionnalité amoureuse. Elle ne s’embarrassa pas, et comme Coralie souriait à l’exubérance du toutou, elle lui dit :
— Voilà bien un bête extraordinaire, Coralie, à peine l’ai-je vue trois ou quatre fois dans la rue, et elle paraît m’affectionner autant que si elle m’appartenait.
— Bien extraordinaire ! À votre place je voudrais me l’attacher. Faut-il demander à son maître de vous le donner ou de vous le vendre ?
— Vous le connaissez ?— Le nom est sur le collier. Ce chien appartient à un des cafetiers de la place, et je sais qu’il n’y tient pas beaucoup, il en a un autre plus beau et qui ne vagabonde pas comme celui-là.
— Eh bien, vous lui proposerez de me le vendre.
— Quel prix y mettriez-vous ?
— Ce qu’il demandera. Il ne peut pas exagérer la valeur.
— Et si ce basset ne s’accorde pas avec Fox et Médor ?
— Oh ! Ils finiront bien par s’habituer.
La vente fut conclue moyennant cinquante francs, et le basset devint la propriété de Régine.
On le lava et on le parfuma. Un joli velours remplaça l’ancien collier en acier. Régine le choya et s’en créa un compagnon inséparable.
Chose qui l’étonna, Fox et Médor ne le regardèrent pas de travers. Elle trouvait l’allure de ses chiens suspecte. D’abord ils se montrèrent plutôt réservés lorsqu’elle reparut dans les appartements après avoir quitté le lit et, loin de lui faire fête, ils s’éloignèrent de sa présence, ce qui, en d’autres circonstances, l’eût frappée et choquée.
Mais ses sens, pour l’instant émoussés, l’écartaient de ses anciennes aspirations érotiques, et elle ne considérait plus ses bêtes que comme des chiens de garde.
Le basset installé dans la maison, et la convalescence de Régine s’achevant, peu à peu elle chercha à se rappeler les abus gomorrhéens commis qui lui causèrent une si violente crise de maladie. Elle soignait l’animal d’une façon toute particulière, elle aimait à se souvenir qu’il partageât ses grandes orgies et, de lui, elle en vint à évoquer la superbe prestance du terre-neuve. Tous les autres s’effaçaient devant l’image où elle se revoyait étendue et couverte sous ses puissantes pattes.
Pour le posséder, elle aurait bien payé cinq cents et même mille francs. Vraiment où courait donc sa pensée ? Allait-elle se mettre en tête d’acquérir tous les beaux chiens qui la couvrirent !
Tous, non mais le terre-neuve, oui. Hélas ! on ne lui vendrait pas Gosse, et l’émotion que laissait le souvenir de celui-ci profitait au basset, surnommé Amour, qui couchait dans sa chambre sur une chaise longue.
Régine allait de mieux en mieux, mais ne sortait pas encore. Un soir, elle lisait dans son lit, et par moments elle s’interrompait pour laisser errer ses yeux, rêver.
Elle vit tout à coup que son cher basset ne dormait pas et la regardait avec une expression bien tendre et… chaude. Elle descendit de son lit et s’en approcha. Il rampait déjà à ses pieds. Debout, elle le considéra longuement. Il lui léchait les pieds et les jambes, elle s’assit sur le tapis, le prit sur ses genoux, le dorlota.
Les deux pattes sur ses épaules, il la lippait maintenant au visage et au cou. Elle sortit ses nichons de la chemise pour qu’il y envoyât la langue, et il ne se fit pas prier. Elle le soutenait de ses bras autour de son corps et, de temps en temps, jetait ses regards sur sa pine, pour examiner si son bout rouge se développait, le prenant parfois dans la main pour l’exciter, le réchauffer, tandis que le chien se trémoussait contre sa poitrine.
Elle le pressait de plus en plus contre sa chair, et toute son infâme passion se rallumait. Elle n’hésita plus et s’étendit sur le dos, les jambes écartées et soulevées, le con en évidence ; elle le posa dessus pour qu’il lui fit minette, mais il avait le désir de la grimper ; après deux ou trois fortes langues, il se leva sur ses pattes de derrière et essaya de la harponner avec celles de devant.
Elle se retourna sur le ventre pour lui présenter son cul où il avait l’habitude de jouir. Elle ne fut pas plus tôt en posture qu’il la saisissait et l’enculait. Il la manoeuvrait avec plus de vigueur que les autres fois, se sentant sans doute bien le maître de son plaisir, et était-elle plus enragée, elle se délectait avec ivresse de cette pine de bête qui la chatouillait à l’anus et au dedans.
Le basset déchargeait, il finissait, et il ne cherchait pas encore à retirer sa pine gonflée, pressée dans l’étui où elle avait agi. Un cri obligea Régine à se redresser brusquement. C’était Coralie, sa femme de chambre qui, entrée par le cabinet de toilette, avait tout vu et s’exclamait :
— Oh ! la cochonne je m’en doutais.
Oui, elle s’en doutait depuis longtemps.
Aimant les femmes, lesbienne dans l’âme, à la suite de circonstances que nous n’avons pas à raconter ici, cette histoire n’étant pas la sienne, Coralie, devant la beauté de sa maîtresse, ne pouvait pas contenir ses désirs et, depuis la fameuse soirée où elle avait pu se repaître de ces trésors convoités, elle était encore plus amoureuse d’elle.
Elle espérait chaque jour trouver dans l’attitude de sa maîtresse un encouragement à une nouvelle attaque sur sa personne, et chaque jour elle était déçue.
Elle ne pouvait cependant croire à une froideur véritable. Quand on se donne comme Régine s’était donnée, on n’est pas une femme insensible. Et Régine s’était offerte, s’était donnée comme une chienne en chaleur, suivant sa propre expression ; le sexe tout ouvert, le cul épanoui, elle avait fourré tout cela sous la bouche pompeuse de la gougnotte, et elle avait joui abondamment.
Coralie, plusieurs fois, en avait eu plein la bouche. Tout cela n’était pas un rêve. Donc Régine était chaude et faisait passer sa chaleur avec un autre, avec d’autres. C’était logique, et Coralie en éprouvait un dépit aigu qui se traduisait par une rancune bien naturelle.
Elle se mit alors à épier le moindre geste de sa maîtresse. Elle remarqua ses fatigues, sa lassitude, certains jours où elle n’avait pas quitté sa maison, son clos. Puis elle fut frappée de cette invasion de chiens aux environs, de l’attitude de ceux de la maison à son égard. Elle fit des rapprochements. La jalousie, qui aveugle quelquefois, rend souvent bien clairvoyant.
Elle crut comprendre, mais sa découverte lui fit monter le rouge au visage et elle ne voulait pas admettre cela.
Quoi ! une femme aussi belle, aussi soignée, se donner à ses chiens ? se cochonner avec des bêtes ? Cela n’était pas possible.
Puis vint l’incident du basset, encore une preuve. Voilà le chien installé à la maison. Je saurai bien ! pensa Coralie, et elle épia plus que jamais. Enfin vint le soir où, cachée, elle vit de ses yeux Régine enculée par le basset. Il n’y avait plus de doute. Alors le dépit, la jalousie, se muèrent en une haine farouche, mitigée cependant par cet amour charnel que lui inspirait malgré tout Régine, et contre lequel elle luttait. Elle ouvrit brusquement la porte du cabinet de toilette et, les yeux furieux, les lèvres pâles et serrées, elle avait poussé cette exclamation qui avait effrayé Régine, et lui avait lancé par deux fois cette insulte :
— Cochonne !
Pâle comme une morte, le sang figé dans les veines, l’esprit paralysé, Régine jetait des regards effarés sur sa servante en chemise, comme le soir où elle s’était livrée à elle.
Le basset, arc-bouté sur ses pattes, le poil hérissé, semblait prêt à bondir sur l’intruse. Il y eut un silence lugubre. Les deux femmes se fouillaient dans le plus profond de leur âme. La pâleur de Régine devenait livide sous l’insolence des regards de Coralie. Elle répliqua pourtant :
— Vous oubliez à qui vous parlez, Coralie.
— Je parle à une cochonne !
— Dès demain je vous chasserai.
— Et moi, je parlerai aux gens du pays !
— II faudra prouver.
— Il y a des médecins, et je fournirai des détails. On verra.
— Taisez-vous !
— Pas de grands airs ! Tu peux me tutoyer comme je te tutoie. Oh ! t’avoir adorée comme je t’adorais ! Te désirer nuit et jour à en perdre le sommeil et l’appétit ! J’aurais baisé la trace de tes pieds. Et n’obtenir que du dédain, et se voir préférer des chiens ! Ah ! salope ! Tiens, je ne suis pas méchante, mais il me faut tout de suite une réparation. Je t’ai léché le con et le cul, et tu ne me l’as pas fait, eh ! bien, tu vas me le faire à présent !
— Je vous tuerai !
— Non, tu irais à la guillotine. Et puis quand on se fait baiser par des chiens on ne doit pas faire la dégoûtée. À genoux ! et travaille. Quant à ton basset, tu vas voir s’il va me ficher la paix !
Elle saisit une chaise pour la jeter à la tête du chien qui devenait de plus en plus menaçant.
Régine, arrêtant son bras, dit :
— Laisse-le tranquille, je t’obéis.
— À la bonne heure ! Mène-le coucher pour qu’il ne nous embête plus.
— À bas, Amour ! viens ici.
— Amour ! murmura avec ironie l’implacable Coralie.
Régine conduisit le chien dans le cabinet de toilette, et le coucha délicatement sur un fauteuil qu’elle y poussa, puis, revenant en face de sa femme de chambre, les bras croisés, elle lui dit froidement :
Tu comprends que je cède contrainte et forcée, mais tout se paie, et tu me paieras avec tous les intérêts tout le mal que je te devrai.
— Entendu ! Pour l’instant, passe-moi la langue sur le con, nous nous occuperons ensuite du cul, et fais en sorte que je pisse mon jus dans ta bouche. Je veux jouir autant que je te fis jouir ; tu suivras bien mes indications. Pour ma part je ne puis plus te lécher. Ah ! non ! Mettre ma langue où a giclé ton chien ! Pouah ! Mais mon con et mon cul ne doivent pas te répugner. Je suis sûre que tu t’es fait monter par Fox et Médor ! Je m’explique à présent leurs sales manières. Heureusement que j’y ai mis bon ordre ! Tu sais, j’ai conté la chose au pharmacien qui m’a donné une drogue pour les rafraîchir. Je crois que de longtemps ils ne courront après tes jupes. Mais s’ils avaient continué à me renifler, j’aurais augmenté la dose et ils seraient crevés ! Si ça te plaît, d’être grimpée par des chiens, salope, ce n’est pas une raison pour que toutes les autres femmes y soient exposées ! La pauvre petite estropiée par Zig va mourir ! Tu auras du sang sur les mains, car c’est toi qui a dû lui apprendre à ce chien ! Tiens, lève-toi de là, je ne veux plus que tu me lèches le con ; voilà mon cul, fourre ton nez et ta langue dedans !
Prostrée, écroulée aux genoux de sa servante, Régine léchait et subissait ses injures. Elle lécha le cul comme elle avait léché le con ; mais, dans son esprit, les idées les plus sauvages et les plus féroces s’amassaient.
Ah ! comme elle se vengerait ! Et quoi ? cette harpie de servante se permettait de ruiner les forces de ses chiens avec des drogues ? Elle ne s’étonnait plus de leur mollesse et de leur indifférence. Comment lui ferait-elle expier le supplice qu’elle endurait ? Oui, oui, elle en avait les moyens ! Elle la livrerait en pâture à ses amants à quatre pattes ; ils la dévoreraient et elle assisterait avec délices au spectacle de son corps mis en pièces !
Elle blêmissait et tremblait de colère.
Coralie venait de l’attraper par les cheveux pour l’arrêter dans ses feuilles de roses.
— Assez ! tu m’énerves plus que tu ne me fais jouir. Tu vas me servir : prépare-moi un grog, j’ai soif.
— Je commence à trouver que cette farce a assez duré.
— C’est bien, je ne te contrarierai pas. Je vous laisse, Madame. Je vais me vêtir et sortir.
— Tais-toi !
— Veux-tu me préparer un grog, oui ou non ?
— Oui.
Les yeux sombres, elle partit pour s’occuper du grog. La femme de chambre commettait une grave imprudence en laissant descendre sa maîtresse : celle-ci écoutant la rage qui la mordait au cour, pensait revenir avec Fox et Médor, et à les lui jeter dessus, après avoir réveillé leur énergie.
Les molosses bougèrent à peine à son apparition, remuèrent faiblement la queue, et ne daignèrent pas abandonner leur pose paresseuse. Ils ne valaient plus rien, même pour la garde.
Sa vengeance ajournée n’en serait que pire. Tuer Coralie d’une balle de revolver ou d’un coup de couteau ne convenait pas à sa colère. Il ne fallait pas qu’elle fût recherchée pour ce meurtre, et elle voulait la faire souffrir beaucoup avant de mourir.
Oh ! la voir déchiqueter, par les chiens !
Quelle volupté elle en éprouverait ! Elle était certaine d’y parvenir en bien combinant son affaire, Gosse, les chiens de chasse, tous ceux qu’elle accueillait par la poterne, n’en feraient qu’une bouchée !
Elle préparait le grog et étudiait son plan.
À cette étude elle reconquit une partie de son assurance et revint dans sa chambre avec plus de calme.
— Voici votre grog, dit-elle. Coralie, le rôle que vous jouez est dangereux, autant pour vous que pour moi. Il vaudrait mieux examiner de quelle façon nous pourrions nous entendre.
— Je suis de ton avis, mais je ne sais pas bien comment nous y arriverons.
— Si je te donnais une somme pour vivre de tes rentes, n’importe où ?
— Tu n’es pas assez riche pour me contenter comme je le voudrais.
— Je le suis assez pour t’assurer une vie tranquille.
— Non, je veux toute ta fortune ou rien ! Tu ne me condamneras pas à mendier mon pain ?
— Je te laisserai juste de quoi vivre cette vie tranquille que tu me proposes.
— On peut donc discuter et, par conséquent, s’entendre. Nous en causerons demain. Le plus sage maintenant est de dormir. Et si tu veux me croire, tu reprendras à ton réveil ta vie habituelle. Il n’est pas nécessaire que Louison soit au courant de ce qui se passe : elle te disputerait la part de fortune que je suis disposée à t’abandonner. Dans l’après-midi nous serons seules, et nous traiterons cette affaire.
— Bon, bon ! À demain, nous causerons.
— À demain !
Si Coralie avait surpris le regard que lui lança sa maîtresse, elle en eût tremblé !
Mais elle ne voyait plus que cette fortune miroitant à ses yeux ; et par cet appât, elle devenait la proie assurée de Régine.

Chapitre IX
Invasion des chiens et duo lesbien. Conclusion.
L’après-midi ! Ah ! comme il était long à arriver !
La maîtresse et la femme de chambre, espérant toutes les deux en la conclusion du traité qui les séparerait et emporterait leur existence vers des ports de paix et de bonheur, comptaient avec impatience les heures à tuer.
Oh ! oui ! la paix, le bonheur, la fortune pour l’une ; la délivrance d’une atroce tyrannie pour l’autre. Rien dans la matinée ne trahit l’événement de la nuit ; de la fatigue sur les traits de la maîtresse, de l’animation sur ceux de la femme de chambre ; cela ne tirait à aucune conséquence. Elles observaient l’attitude de jours précédents, peut-être avec plus de condescendance.
À deux heures, personne ne se trouvant plus à la villa ni dans le parc pour entraver leur entretien, elles partirent ensemble dans la direction du gymnase où Régine projetait de traiter Coralie en camarade, de l’accabler de prévenances, afin d’endormir sa méfiance !
Quelle science ! chez cette femme d’instruction et de valeur, pour parvenir au but implacablement fixé ! Rien dans son coeur ne faiblissait. Sa vengeance demeurait le point culminant de ses espoirs, elle l’obtiendrait, dût-elle y risquer sa vie !
Elle installa la femme de chambre sur un rocking, à la colonnade, en l’invitant à se mettre à l’aise afin que la chaleur ne l’incommodât pas ; elle allait en faire autant dans le kiosque.
— Nous ne sommes que deux femmes, lui dit-elle ; nous n’avons aucune envie l’une de l’autre ; mets-toi en petit jupon, ou même en chemise, si ça te va, je te prêterai au besoin un de mes peignoirs.
Non, je resterai en petit jupon, je réfléchirai à ce que je puis te demander.
Oui, réfléchis bien, et tâche de ne pas me jeter sur la paille.
Je me montrerai raisonnable.
Coralie, Sa robe retirée, ne craignit pas de se mettre en chemise ; étendue sur le rocking, elle rêva au bonheur qui se préparait grâce à la fortune qui allait lui échoir, et le temps lui parut court.
Régine, dans le kiosque, se débarrassa de ses vêtements et ne se recouvrit que de sa robe de toile grise, comme la dernière fois où, avant sa maladie, elle vint chercher les chiens. Il s’agissait encore daller les ramasser, d’en amener ; elle ne doutait pas que, quoique ne les ayant pas vus depuis plusieurs jour, ils ne rôdassent autour de la poterne.
Le coeur très ému, elle ouvrit la porte. Elle avait lieu d’être satisfaite. Une douzaine de chiens dormaient à l’ombre des grands arbres et, parmi eux, Gosse, le terre-neuve, les trois chiens de chasse, Bob, le frère du pauvre Zig, puis, dans les inconnus, un très beau danois. Elle n’apparût pas plutôt que tous s’élancèrent pour lui faire mille démonstrations, mais elle n’entendait pas les accueillir si vite.
Elle se recula prestement et, avant qu’un seul ne, l’eut rejointe, elle fermait la porte. Puis, de retour auprès de Coralie, elle lui dit :
N’est-ce pas qu’on est très bien par ici ? Ah ! tu as bien tort de garder même ta chemise. Moi je trouve que j’ai encore trop chaud avec cette robe, mon seul vêtement sur le corps. Imite-moi ! Tu verras combien c’est amusant de marcher nue dans les allées du parc. Tu sais bien que personne ne s’y promène.
Quel malheur que tu sois si salope et que tu coures après les chiens ! Tu es vraiment une très belle femme !…
Ne t’occupe pas de ça ! Nous n’avons rien à désirer ensemble, et c’est pourquoi je ne me gêne pas et que tu ne dois pas te gêner. Viens cueillir des fleurs puisque tu es nue, et apprendre à circuler ainsi dans le parc, ta propriété pour toujours.
Ma propriété pour toujours !
Nue jusqu’aux genoux comme sa maîtresse, elle la suivit à travers les allées, et s’amusèrent à faire un bouquet. Il n’existait aucune méfiance dans l’esprit de Coralie. Elle plaisantait, riait, s’étonnait que Régine, avec sa beauté lui permettant tant de caprices chez les hommes, nourrît une si vilaine passion pour les bêtes. Régine ne répondait plus que par monosyllabes.
Peu à peu on approchait de la poterne. Les chiens sentaient-ils quelque chose ! On entendait le reniflement de leur museau au bas de la porte, et encore fallait-il une oreille exercée pour le saisir.
Arrivée devant cette porte, Régine s’y adossa et dit :
Regarde bien, Coralie, c’est par là que je reçois mes amoureux à quatre pattes, et j’en ai beaucoup reçu.
Beaucoup ! tu oses le dire !
— Plus il y en a, plus ça m’agrée ! Je t’invite aujourd’hui à la noce ! Juge si je suis appréciée, si on t’appréciera !
Brusquement elle ouvrit la porte en se jetant sur le côté ; les chiens se ruèrent, courant vers Coralie, droite et terrifiée, épouvantée. Seul Gosse demeurait et reniflait Régine.
Coralie ne pouvait crier, sa voix se séchait dans sa gorge et un brouillard obscurcissait sa vue.
Elle portait la main sur son ventre, sur ses fesses, pour se protéger. Les chiens bondissaient, la reniflaient, la léchaient sur ses nudités ; le danois sautait plus haut que les autres, elle se voyait perdue. Tout à coup sa voix se fit jour, elle cria :
Madame ! Madame ! Grâce ! Sauvez-moi !…
Elle ne tutoyait plus sa maîtresse, elle l’implorait. Devinait-elle que son sort dépendait de sa clémence ?
Régine était aussi très pâle, très troublée, la porte repoussée, elle luttait avec Gosse.
La folie sexuelle dominait le terre-neuve, il avait goûté de cette Circé, il la voulait de suite, se dressant debout, l’attrapant aux épaules avec ses pattes de devant, se soulevant sur celles de derrière pour la grimper, et il grognait de sa résistance.
Elle s’effarait de ce long bout rouge qui la battait au nombril, elle se sentait toute petite devant l’énorme bête qui pesait de tout son poids sur son corps. Elle ne se jugeait pas prête à être couverte, et elle appela :
Ajax, Castor, Bob ! À moi !…
À son appel les chiens de chasse, le lévrier, lâchèrent Coralie pour accourir. Le danois les suivit.
Bob donna un coup de croc à Gosse qui abandonna Régine pour lui tenir tête. Sa peur égalait celle de sa femme de chambre. Elle ne s’estimait pas de taille à dompter cette meute, dont elle venait de déchaîner les mauvais instincts en la lançant sur une étrangère non consentante aux débauches de Gomorrhe.
Le danois surtout la terrorisait. Il remplaçait Gosse et, les pattes nouées autour de son cou, il la poussait par derrière, cherchant à loger dans son cul une grosse pine, risquant de la tendre sur toute la longueur de la raie ! Comment le chasser ?
Il accusait une terrible force ! Oh ! elle préférait encore le terre-neuve ! Elle se repentait d’être venue là toute nue, et commençait à comprendre que le mal souhaité aux autres se retourne toujours contre vous. Elle espérait assister au déchiquetage des chairs de Coralie, ne risquait-elle pas elle-même d’être mise en pièces par ses amants à quatre pattes ?
Cinq gros chiens l’entouraient et se battaient. Le danois avait été obligé de se joindre à la lutte. Comment fuir ? Coralie, le dos appuyé contre un arbre, se défendait contre ceux qui l’attaquaient, et avait toutes les peines du monde à se tenir debout.
Bob et Ajax, culbutés, mordus par Gosse, s’enfuirent dans le parc en hurlant, le combat se transforma en un sauvage duel entre le danois et le terre-neuve. Régine se trouva plus libre. Dans un subit mouvement d’énergie, elle rouvrit la porte et cria :
Oust ! dehors, sales bêtes !
Elle allongea un coup de pied au ventre du danois, ce qui causa à ce dernier un instant de faiblesse et de distraction dans sa lutte avec Gosse. Il se jugea en désavantage et se précipita au dehors, pourchassé par son adversaire. Prestement elle referma, elle se trouvait délivrée des deux bêtes les plus dangereuses. Elle héla Coralie :
Viens ici, à nous deux nous réglerons les chiens !
Venez plutôt, vous ; je ne puis me débarrasser de ces vilains animaux.
Laisse-toi faire.
Jamais ! Dans ce cas, adieu !…
Oh ! ne m’abandonnez pas !…
Régine avait encore avec elle Castor et Mercure qui, prudemment, s’étaient tenus à distance des redoutables batailleurs. Ils lui faisaient maintenant leurs grâces, lui léchaient les mains, les hanches, mais obéissaient et se reculaient si elle les repoussait. Sûre de ne pas être violentée, elle ramassa une solide branchette et se rapprocha de Coralie.
Celle-ci commençait à faiblir et à se trouver en fâcheuse posture. Un demi-dogue, de taille assez forte, lui ayant soulevé une jambe avec son museau, la poussait loin de l’arbre. Manquant de son point d’appui, elle tremblait sur ses jarrets. Elle espéra en son salut en voyant arriver Régine qui lui dit énergiquement :
—Tu es bien dégoûtée, ma chère, de ne pas céder au caprice d’un de mes amoureux, c’est encore là le meilleur moyen de leur faire prendre patience. Il te faut choisir : ou te donner à ces animaux, ou être dévorée par eux. Cette nuit tu étais la plus forte, à présent c’est mon tour. Il me serait très facile de te condamner à mort, et sans courir aucun risque. Un signe et ils te déchirent sur-le-champ. Je préfère t’entraîner à partager mes plaisirs. Tu ne te plaindras pas de ma bonté d’âme. Je t’assure que lorsque tu auras joui sous leur assaut, tu m’en voueras une reconnaissance éternelle.
Jamais !
Tant pis ! ma fille ; je vais rappeler le danois et le terre-neuve pour qu’ils t’expédient plus vite dans l’autre monde.
Oh ! non, pas ça !
Tu es une sotte, je te le répète, ils font très bien l’amour avec les femmes, et ils ne les embêtent pas comme les hommes.
Devant ce discours, Coralie se débattait plus mollement contre les entreprises du dogue, et Régine prenait un plaisir méchant ou érotique à la contempler se pencher en avant pour échapper à l’étreinte de la bête, mouvement qui, au contraire, lui donnait plus de prise. Sur ses cuisses, les pattes du dogue marquaient leur empreinte, il l’empoignait par les hanches, et sa pine se hissait de plus en plus vers le con. Régine reprit :
Tu es vaincue, Coralie, tu ne fuiras pas ta destinée ; les chiens te grimperont. Tu es bien bête de résister ! Tu devrais me remercier de mon peu de jalousie et de ma condescendance à t’inviter à ces jouissances.
Et là ! Et là ! On n’est pas bien par ici pour ces cochonneries.
Fais ce que je fais, et suis-moi. Ton chien entrera en chasse derrière ton cul, et il tiendra les autres en respect.
Ah ! vous ne me donnerez plus une partie de votre fortune !
Je t’appelle à partager mes plaisirs, nous serons deux cochonnes dans le même sac.
Et là ! Et là ! ce salop ne me lâchera pas !…
Imite-moi. Hop ! Castor !
Elle s’élança vers le sentier, le chien de chasse, le museau dans ses jambes, partit derrière, plusieurs autres se jetèrent à sa suite. Elle cria :
Viens, viens, Coralie !
Celle-ci donna un violent coup de reins qui désarçonna le dogue et, se soumettant à l’aventure, elle courut après Régine, en répondant : Hop ! hop ! je viens !
Deux bandes de chiens s’acharnaient après les femelles, mais s’espaçaient, respectant le droit acquis du mâle qui leur emboîtait le pas. Régine se tortillait en avant, en arrière, simulait mille singeries, pour agacer Castor et aguerrir Coralie, heureuse de s’assurer sa complicité qui lui serait très utile.
Coralie cherchait à s’inspirer de ses manières, mais avait moins d’élasticité dans les gestes. Son dogue la serrait de plus près, et s’amusait à l’entraver dans sa marche, se rendant compte de son inexpérience. Elle faisait faux pas sur faux pas, et de suite elle sentait l’enragé animal l’écheller pour la couvrir. Ses sens commençaient à s’exaspérer. Elle aperçut vaguement Régine qui revenait de son côté avec Mercure marchant par devant et lui envoyant des coups de langue au ventre, tandis que Castor se tenait debout derrière son dos, les pattes de devant sur ses épaules pour essayer de la grimper sans l’arrêter.
Quand elles furent face à face, Régine dit en s’écroulant sur les genoux :
Allons, vas-y, tu as envie maintenant, regarde comme ça entre bien, et aide ton amoureux s’il ne trouve pas ton trou.
Coralie s’abattit, la tête près de celle de sa maîtresse, et répondit :
Et là ! c’est vrai, c’est bon ! et ce que tu es bien avec ton chien sur le dos !
Et mais, le dogue fait bon effet sur tes reins, et il enfile très bien ton con !
Oh ! là, là ! Oh ! là, là ! Oh ! là là ! Sa pine vaut celle d’un homme ! Vivent les chiens ! Les amours de chiens !
Elles s’étreignirent par les épaules et échangèrent une langue. Les animaux les couvraient et pissaient leur semence en elles.
Les deux premiers mâles repus déconnèrent avec un peu de difficulté, et les deux femmes se hâtèrent vers une pelouse où l’herbe haute leur faisait un tapis épais et là, talonnées par d’autres chiens, elle se remirent en position côte à côte. Elles furent assaillies aussitôt par deux autres qui les manoeuvrèrent avec ardeur, puis par d’autres…
Coralie éperdue, pissait sa cyprine en jets continus ; plus elle était montée, plus elle en voulait. Elle subissait exactement les impressions physiques et morales qu’avait subies Régine à sa première séance avec les chiens. Cette dernière observait son élève en cochonneries avec beaucoup d’attention.
Elle poursuivait son idée, son oeuvre de corruption, avec toute sa volonté qui la dominait même au milieu des plaisirs. Il fallait que cette fille, déjà sa complice, devint son esclave pour son bonheur futur.
La sachant malgré tout amoureuse de son beau corps de femme, elle voulut ajouter sa propre séduction à celle des chiens, et joindre au vice gomorrhéen le doux vice de Lesbos, pour lequel du reste elle éprouvait des tentations, surtout dans les moments où, comme à présent, sa chair était surchauffée. Elle avait passé son bras gauche autour de la taille de Coralie et, de la main, lui enfermait un téton dont son doigt titillait la pointe. Hein ! grosse bête ! Ne t’avais-je pas dit que c’était bon ! Qu’est-ce qu’un homme comparé à cette meute ? à ces mâles sans cesse renouvelés, qui giclent leur foutre dans notre vagin, sans danger pour nous ? Et puis, ils sont gentils. Vois ce petit qui vient nous mettre sous les yeux sa jolie quéquette rouge. Tu vas voir ce que je lui fais.
Et Régine, mettant le toutou sur le dos, s’empara de son vit à pleine bouche et le suça. Coralie, les yeux hors de la tête, donnait de violents coups de cul, regardant faire sa maîtresse. Et celle-ci, la voyant au paroxysme de la passion, lui passa le chien :
Tiens, goûte, il est mouillé de ma salive.
Et comme une goule, Coralie donna au chien deux ou trois sucées si violentes qu’il se mit à crier.
Ne le mange pas ! Ton amoureux a fini de jouir, je vais te mettre celui-ci. Il est un peu petit pour ton con, il fera autre chose ; laisse-toi faire.
Elle mit le petit chien en place et introduisit son petit vit dans le cul de Coralie qui poussa un cri en balbutiant des mots sans suite.
Comment trouves-tu un vit dans le cul ? lui dit Régine en la serrant contre elle et en lui passant une main sous le ventre.
Ton bouton est dur comme du bois. Attends, tu vas voir…
Elle saisit un autre chien de petite taille qui se trouvait là et l’aplatissait sous Coralie, elle lui mit le museau sur le con qu’il se mit à lécher en se tenant à la renverse.
Coralie éperdue poussait des exclamations, des sons inarticulés qui ressemblaient à des râles. Régine avait saisi ses deux seins dont elle caressait la pointe, et lui mordait l’oreille.
Tu vois comme je suis cochonne ! Je serai ta cochonne à toi, et tu seras la mienne. Nous ferons ensemble des horreurs pendant le jour avec les bêtes, et la nuit tu m’auras toute. Tu coucheras avec moi et, toute nue, je me donnerai à toi. Tu pomperas tout le jus que nos amants u’ auront pas tiré, et pour dormir tu choisiras ton oreiller : mes cuisses ou mes fesses. Et je te prendrai aussi. Tu seras ma femme comme je serai la tienne ; un ménage de cochonnes !
Ah ! maîtresse ! Tais-toi ! Tu me tues !
Oui, de bonheur !… Tiens, prends ma langue ! Jouis !…
Le cerveau de Coralie chavirait. Elle était descendue jusqu’au fond de cet enfer lubrique. Sa pensée s’obscurcissait peu à peu et, sous le coup d’une nouvelle décharge, elle s’aplatit à terre dans une syncope.
Régine souriante ne perdit pas la tête, elle la prit dans ses bras pour la réchauffer, et attendit que la circulation se rétablisse, tout en lui chatouillant les centres nerveux pour hâter son retour à la vie. Elle revint tout doucement sous les baisers de Régine qui, pour continuer son emprise, la mignottait, lui léchait les paupières, les lèvres, les oreilles.
Elles avaient reçu dans le con ou dans le cul tous les chiens qui se trouvaient là. Il n’y avait plus rien à en faire aujourd’hui. Après avoir conduit et installé dans le kiosque Coralie dont les jambes flageollaient, Régine alla faire sortir la meute et revint donner ses soins aux organes intimes de Coralie et aux siens propres qui en avaient bien besoin.
Puis, reposées et réconfortées, par l’hydrothérapie, elles se reposèrent un peu en jacassant et en faisant des projets d’avenir. Puis la conversation devint plus tendre, et Régine qui s’était réservée pendant les assauts pour s’occuper de sa compagne, éprouva soudain des démangeaisons quelque part.
Elle se leva et, les mains derrière le dos, la taille cambrée, les tétons dressés et offerts, elle tira la langue à sa compagne qui, se levant aussi, la saisit brusquement et, la couchant sur le tapis, releva ses cuisses et fourra son visage sur le minet. Au bout de quelques léchées furibondes, Régine mouilla et lui dit :
— Ton cul ! Donne-moi ton cul !
Coralie obéit, pivota, et sans lâcher son doux travail, posa son con sur la bouche de sa maîtresse qui s’en empara aussitôt.
Après la séance des chiens, ces caresses lui parurent douces et reposantes et les deux femmes, soeurs maintenant en luxure orgiaque, se sucèrent jusqu’à épuisement de leurs forces et s’endormirent dans leur position.
Elles étaient bien, à partir de ce moment, liées pour toute leur existence.
CONCLUSION
Il y a lieu de croire que ces infernales amours ne durèrent pas longtemps. On peut lire en effet dans les journaux du 6 avril 1912 l’article suivant :
Un drame obscur et troublant vient de jeter la consternation dans la jolie localité des B***, où l’une des victimes, Mme Moutiers, était universellement aimée à cause de son amabilité et de sa charité inépuisable. Voici les faits : Dans le parc qui entoure l’habitation où logeait la victime, on a aménagé dans un coin ombreux un gymnase et un kiosque fermé où des appareils hydrothérapiques sont installés avec tout le luxe moderne.
Mme Moutiers y passait souvent ses après-midi en compagnie de sa femme de chambre, occupées toutes deux à des menus travaux de couture. Avant-hier elles s’y rendirent comme de coutume, mais, le soir venu, la vieille cuisinière de la maison, fut prise d’inquiétude et se dirigea vers cette partie du parc.
Mais avant d’y parvenir elle fut arrêtée par deux gros chiens qui lui montrèrent les dents. Saisie de peur, elle alla appeler le concierge-gardien Gernaque qui prit son fusil et accompagna la vieille domestique. Par son attitude énergique et menaçante, il put se défaire des deux chiens qu’il fit sortir du parc, puis il alla jusqu’au kiosque ; deux ou trois autres chiens rôdaient encore par là.
De plus en plus inquiets et intrigués, les serviteurs pénétrèrent dans le kiosque et poussèrent un cri au spectacle qui s’offrait à leurs yeux. Les deux femmes qu’ils cherchaient étaient couchées sur le tapis, complètement nues, sauf les bas et les bottines, et paraissaient inanimées, mortes peut-être. Elles étaient encore entourées de cinq ou six chiens qui les léchaient comme pour les rappeler à elles.
Le garde, à coups de canon de fusil et à coups de pied, chassa la meute pendant que la vieille cuisinière commençait à donner ses soins aux deux femmes après les avoir recouvertes. Elles furent transportées à la villa sans avoir repris leurs sens, et le docteur de Mme Moutiers qu’on était allé chercher en hâte, constata d’abord le décès de la femme de chambre, morte foudroyée d’un arrêt du coeur provoqué par une commotion violente, la frayeur probablement. Quant à sa maîtresse, elle n’en vaut pas beaucoup mieux, car tout en étant revenue à la vie, elle n’a pas repris sa lucidité, et dans un délire de fièvre intense, elle raconta des histoires horribles, par petites phrases hachées, et souvent incompréhensibles. Le docteur craint une méningite.
On suppose que les deux femmes, incommodées par la chaleur, allèrent prendre une douche et que, une fois déshabillées, elles furent assaillies par cette meute de chiens venus on ne sait comment, et qu’elles s’évanouirent de peur.
Nous lisons encore le 8 avril :
Mme Moutiers, la victime du drame obscur que nous avons relaté avant-hier, vient de succomber à une fièvre cérébrale, malgré tous les soins qui lui ont été prodigués. C’est une grande perte pour tous, et particulièrement pour les pauvres.
Nous envoyons à sa famille nos condoléances émues.
0 commentaire