Chapitre I
Comme une boule de flipper
C’était Papa Jean-Luc qui avait choisi son nom…
Quand elle était « tombée enceinte » Mylène avait plutôt dans l’idée Fabienne, ou Cédric, pour son premier bébé… mais après de longues, âpres et tendres discussions, devant la première échographie, Maman, des larmes de bonheur plein les yeux de savoir qu’elle attendait une petite fille, avait trouvé qu’« écrit comme ça, avec un «y» ça faisait chic », et rendit les armes et Corynne s’appela Corynne.
Elle devait son prénom à une chanson que Jean-Luc, son père, écoutait en boucle depuis qu’il était adolescent, c’était sa chanson fétiche : « Comme une boule de flipper » de Corynne Charby, jolie chanteuse, des années quatre-vingt, à la carrière météore, dont il était secrètement éperdument amoureux quand il avait quinze ans.
La ritournelle avait bercé toute l’enfance de la petite fille et faisait maintenant quasiment partie de son patrimoine génétique… Sans même y penser lui venaient les premiers mots du refrain : « Et j’suis comme une boule de flipper… qui roule… » qu’elle chantonnait, la répétant comme un mantra…
Corynne, en grandissant, était devenue une très jolie jeune fille.
De ses ascendances normandes elle avait hérité sa blondeur, ses yeux bleus de lin et son teint de lait et de sa mère ardéchoise elle avait ce joli corps à la sensualité nerveuse et déliée qui faisait déjà se retourner bien des hommes…
Elle avait, de surcroît, un caractère empreint de douceur, enjoué et gai qui faisait d’elle la copine que toutes ses petites camarades de classe de l’école primaire Robespierre recherchaient. Comme son père le proclamait avec fierté, Corynne était une « adorable petite fée ».
Mère Nature avait été généreuse et s’étant penchée avec bienveillance sur son berceau, avait gâté la « petite fée », fierté de ses parents, et la petite Corynne qui grandissait et embellissait chaque jour, était heureuse au milieu de sa famille et de ses amis.
Il existe cependant des endroits où être un peu trop gâtée attire à la longue, immanquablement ire et sanction… et la jolie Corinne qui avait vécu ses premières années à Saint-Étienne-du-Rouvray, au Château Blanc, dans cette banlieue près de Rouen, commença à s’en rendre compte, sans toutefois tout comprendre…
« Une boule de flipper…qui roule… »
Sa sixième au collège Pablo Picasso l’avait enchantée, elle aimait cette liberté qu’offraient les changements de salle, les va-et-vient dans les couloirs, les nombreux profs… tout ce monde, c’était génial ! Elle se sentait presque une grande. Ses résultats en classe étaient brillants et elle aimait toutes les matières avec une petite préférence pour l’anglais. Elle s’était bien fait traiter d’« intello » à plusieurs reprises par Nassima et sa petite bande, qui l’appelaient aussi « Boule de flipper » à cause du petit refrain, mais ce n’était pas grave, elle s’en fichait.
Pourtant, plus le temps passait, elle était maintenant en quatrième, plus elle se sentait en bute à une hostilité qui lui semblait incompréhensible, comme si, à part quelques copines, pour la plupart bonnes élèves avec lesquelles elle formait un groupe solide, elle était rejetée par les autres.
« Et j’suis comme une boule de flipper… »
Elle faisait partie de ce que les enseignants appelaient la « tête de classe », noyau sur lequel ils s’appuyaient pour pouvoir continuer à exercer leur sacerdoce. Le chahut plus ou moins larvé qui s’installait maintenant dans tous les cours à quelques exceptions près, les comportements indisciplinés, les insolences répétées l’écœuraient, la révoltaient… mais que pouvait-elle ?
D’« intello » au départ, avec l’âge on en était venu à des insultes à caractère sexuel nettement affirmé et sûrement plus proches des véritables griefs qu’on retenait contre elle. Corynne s’entendait régulièrement qualifier de « pouffiasse », « connasse », de « salope » et de « pute » mais on continuait aussi à l’appeler « boule de flipper » qui par glissement en était arrivé à s’assimiler aux insultes qui lui étaient adressées… ce qui ne l’empêchait pas de continuer à fredonner la petite ritournelle.
L’attitude des garçons la choquait aussi. Plusieurs d’entre eux l’appelaient « suceuse de bites » et ricanaient en se frottant l’entrejambe, ce petit con de Joël, avait même ouvert son pantalon sous son bureau et s’était « astiqué », un jour, en cours de SVT en la regardant avec un sourire écœurant…
Dans les couloirs et dans la cour, il lui était arrivé de se faire harceler par des grands de troisième… elle s’était même entendu un jour proposer un « tour dans les chiottes pour une petite pipe »… elle avait entendu que ça se faisait. Elle haussa les épaules et s’en fut, se faisant traiter de « salope ».
Toutes ces histoires perturbaient d’autant plus la jolie Corynne que, depuis longtemps maintenant et de plus en plus souvent, elle se sentait tourmentée par des envies et des pensées qui la poussaient à explorer son jeune corps découvrant ainsi des plaisirs insoupçonnés et délicieux… ce que lui procuraient ces séances de caresses et de masturbation la laissait étourdie de plaisir et sans le savoir, la mignonne était déjà arrivée plusieurs fois à l’orgasme… c’était divin. Elle avait cru « tomber dans les pommes » tellement c’était… Mmmh !! Elle en éprouvait bien parfois un vague sentiment de culpabilité… mais ne pouvait plus s’en passer… c’était trop bon… !
Bien sûr, elles en parlaient souvent avec les copines parfois en riant, ou à mots couverts elles s’étaient même, avec certaines, échangées des confidences et s’étaient aperçues des similitudes de leurs envies… et de la façon de les satisfaire… et d’aucunes qui semblaient être très averties sur beaucoup de ces choses, lui avaient raconté des trucs qui enflammaient son imagination…
« …une boule de flipper… »
L’incident avec le grand de troisième s’étant reproduit, et ce à plusieurs reprises, elle avait fini par en parler à sa mère qui, choquée, n’aurait jamais imaginé ce genre de choses arriver dans un collège !— Oooh ! Mais, on n’aurait jamais vu ça de mon temps ! Oh ! Mon Dieu… ma pauvre petite chérie… !
Bouleversée, elle avait pris sa fille dans ses bras et la cajolait… elle était désemparée, la pauvre Mylène, et ne savait comment réagir… elle essaya de rassurer « son bébé » lui disant que tout ça, c’étaient des comportements de malades et que « les garçons n’étaient pas tous comme ça, heureusement ! ».
Mylène, se sentant totalement démunie devant ce problème, se confia le soir même à son époux
— C’est qui ce trou du cul ? Dis-moi qui c’est, ma chérie, tu vas voir que ça va vite lui passer… C’est moi qui te le dis !
Corynne eut toutes les peines du monde à dissuader son père d’aller lui « casser la gueule » et Mylène la soutenant finit après une longue discussion à lui faire entendre raison, lui faisant comprendre que pour elle, sa vie au collège deviendrait insupportable… Alors, il céda.
« Et j’suis comme une boule… »
Ce n’était pas toujours facile… ce n’était toutefois pas l’enfer et la jolie Corynne n’ayant connu que cet environnement s’était endurcie, et même si son côté tendre et sensible lui faisait ressentir les injustices et la méchanceté avec une cruauté qui la peinaient profondément, elle gardait sa joie de vivre et adorait retrouver les copines qu’elle avait su conserver. Ensemble, elles s’offraient de « gros délires » comme elles disaient, dans lesquels se manifestaient toute l’exubérance et la fantaisie débridée de leur jeune âge.
À quelque temps de là, sa bonne copine Nathalie lui apprit que
— Tu sais le mec de troisième qui t’emmerde avec ses histoires de pipe… ? Eh ben, il s’est fait casser la gueule… quelque chose de bien ! Il est pas en cours aujourd’hui.
« …Une boule de flipper…qui roule… »
Le soir quand Jean-Luc rentra, Corynne, après l’avoir embrassé, peut-être un peu plus fort que d’habitude, lui demanda
— C’est toi, papa ?
— Oui, ma chérie c’est bien moi… Regarde…
Et, lentement, il tourna sur lui-même.
Elle rit doucement
— Non… c’est toi qui lui as cassé la gueule ?
— À qui ?
— Au mec de troisième qui m’a dit… tu sais, là… ?
— Ah, Non… ! Non ! J’y suis pour rien, ma chérie… Il s’est fait casser la gueule ? Eh, ben ! Y a un Bon Dieu… !
Il avait l’air si sincère que Corynne fut prise d’un doute. Et il s’en fut embrasser Mylène
— Chérie, t’es où… ?
Corynne se marrait « Eh, ben ! Mon papa Jean-Luc, il ment vachement bien… pour un peu, j’y aurais cru. »
En bon normand, Jean-Luc se régalait, non seulement il avait réussi son coup, de plus, il dupait tout le monde, ni vu ni connu…
Il était allé chez la meilleure copine de Corynne, Stéphanie… « Sûr qu’elle, elle savait ! » En plus, Claude, son père était un copain.
Ils n’eurent pas à cuisiner la gamine, les larmes aux yeux, elle leur avoua, à peine l’incident évoqué, qu’elle « en avait plein le dos de tous ces cons » et leur donna le nom et la classe de l’imbécile en suivant. Claude qui savait les méandres torves que peuvent prendre certains « codes de l’honneur » dévoyés par des crapules embrassa sa fille en lui disant
— T’es pas une balance, tu sais, ma chérie ! Tu l’empêches de faire du mal à d’autres !
L’affaire fut réglée en quelques secondes… Jean-Luc ne ferma pas les mains comme il l’aurait fait avec un adulte. C’est avec des gifles qu’il infligea la correction… mais cela ne faisait pas de doute : « ce petit trou du cul » s’en souviendrait.
Corynne termina brillamment ses années collège, trois fois félicitée pour ses résultats et son travail au cours de son année de troisième, elle fut appuyée par le conseil de classe du dernier trimestre dans sa demande d’intégrer une seconde en section européenne au Lycée des Bruyères à Sotteville, classe dans laquelle elle fut immédiatement admise.
Comme chaque année, elle passa ses vacances d’été chez Mémé et Pépé, « la mé pis le pé à Jean-Luc »*… à Criquetôt-la-Marnière, près de Barentin en pleine campagne.
Elle adorait ses grands-parents et eux étaient fous de leur unique petite fille « qu’était une si gentille » tite baisote* … et pis belle, avec ça ! »… Mémé et Pépé lui parlaient en Cauchois, lui racontaient les histoires du pays « dans l’temps », la guerre, les « Boches et pis les Ricains », l’enfance de son père
— « Et, j’suis comme une boule de flipper… »
— Ah, bah ! Tu la chantes oco », celle-là… ? I’ nous ja t-i’ pas s’riner, tô pé, avec cha… ! Aquau qui s’y mettait, ah bah, tu l’arrêtais pus… ! Nous ja tis rien câché é machins pou’ êt’ poli… Oh ! Oh !!
Et Pépé rigolait…
Elle allait se promener dans les chemins creux bordés de hêtres, allait passer des après-midi chez sa copine Lydie, au village, elle accompagnait Mémé traire les trois vaches dans le champ avec la petite carriole pour traîner les deux brocs de galva.
Et le soir dans sa petite chambre en haut de l’escalier de meunier, elle se caressait, se mordant les lèvres pour ne pas crier.
Elle s’ennuyait bien parfois un peu de ses copines, de son quartier et de ses hautes façades de béton… de l’école. Mais son caractère facile reprenait vite le dessus et elle se trouvait mille raisons d’être heureuse là où elle était.
Papa et Maman venaient passer les week-ends à Criquetôt… « on n’était pas bien, là, tous les cinq… ? », jamais Pépé et Mémé n’étaient aussi heureux…
Cette année encore, ce fut un enchantement…
Et vint septembre.
Cette rentrée eut pour la mignonne un impact semblable à son entrée en sixième, tout ce qu’elle découvrait dans le « Bahut », comme disaient les « anciennes »… tout lui plaisait et l’enthousiasmait… Elle eut l’impression de faire un bond impressionnant vers quelque chose de fort et merveilleux… « l’âge adulte… tu crois… ? »
« Comme une boule de flipper… »
Sa classe de seconde était constituée d’élèves brillants provenant de tous horizons, même si la majorité d’entre eux provenait des quartiers chics autour du lycée, certains même venant de Saint-Sever et du centre-ville… des bourges, quoi ! Le brassage social n’en était pas moins réel. Et la jolie Corynne aimait ça…
Chaque rencontre était un plaisir, il n’y avait ni défiance ni jalousie à son égard, même si elle rencontrait parfois des attitudes plus fraîches, elle se sentait accueillie par ses nouvelles copines avec la même confiance qu’elle les accueillait.
Elle n’avait pas tardé à retrouver son surnom, mais les copines qui l’appelaient ainsi le faisaient par connivence et sans aucune trace de mépris.
« Comme une boule de flipper… qui roule »
Là aussi elle se rendait compte qu’elle attirait le regard des garçons… et elle y trouvait toujours quelque chose d’étrange, comme avant, mais n’y ressentait aucune hostilité ni malveillance… au contraire. C’était agréable. Elle se savait jolie, mais n’en tirait aucune vanité « C’est pas de ma faute, hein ? J’ai rien fait… J’aurais aussi bien pu naître moche, hein… ? Non… ? »
« une boule de flipper… »
Oui, elle était heureuse la belle gosse, même si parfois elle avait l’impression de se coltiner un gros sac de trucs, lourd…lourd… elle ne savait pas d’où elle le tenait ni ne savait ce qu’elle devait faire pour s’en débarrasser…alors c’étaient des coups de cafard qui avaient la violence de chagrins d’enfant et des profondeurs de tristesses de femme.
Dans ses moments-là, elle était sûre, la jolie petite, que sa chanson fétiche à deux sous, ne mentait pas… que c’était elle qui lui disait la vérité.
Les choses, la vie, la maintenaient là, de fonctionnement en fonctionnements, dans la grande bécane à laquelle elle ne comprenait pas tout, contrainte, d’agir, d’interagir, « comme une boule de flipper », qui devait cogner, mitrailler, faire clignoter les signaux, déclencher ce qui devenait une obsédante musique, tintements, klaxons, sirènes, claquements qui faisaient que les yeux rivés au compteur tu ne pouvais plus penser à rien d’autre… Extra ball ? Partie gratuite ? Autre chose qu’on te faisait miroiter… te faisant croire que tu l’avais, là, à portée… Au bout de tes doigts… « Same player shoot again »…
Avant d’être avalée par le bas…
Dans ces moments la jolie petite boule de flipper sentait sa gorge se nouer et des larmes emplir ses yeux…Elle s’enfermait alors dans sa chambre, non qu’elle en voulait à tout le monde et ne voulait voir personne… « C’est pas de leur faute, hein ? » Elle avait seulement la pudeur de ne pas imposer à qui que ce fût le spectacle de son chagrin et de sa détresse. Ça durait un moment, parfois la journée… puis, sa jeunesse impétueuse et son caractère heureux reprenaient le dessus… et ça repartait.
Ces moments-là, plongeaient Mylène dans l’inquiétude :
« Notre Corynne serait bien en train de nous faire sa crise d’adolescence, ma pauvre petite chérie… ! »
Elle avait lu dans les nombreux magazines qu’elle feuilletait que le problème « number one » que rencontraient les adolescents en crise était le manque de compréhension et de dialogue avec leurs parents. Aussi bordait-elle les choses de ce côté-là, avec un soin particulier.
Alors elle lui disait
— Tu sais ma chérie, si t’as un problème, faut que tu m’en parles, hein ? … D’accord ?
Et Corynne rassurait sa maman
— Bien sûr, Manou, tu sais bien que je te dis tout…
« Et j’suis comme une boule de flipper… »
Elle allait souvent se balader dans son quartier, avec ses anciennes copines du collège, Stéphanie était en BEP à Val de Seine, Sophie en seconde à Jean Zay. Les gars les sifflaient où leur criaient des bêtises pour les draguer, elles riaient parfois ou haussaient les épaules mais ne répondaient jamais.
Elles aimaient bien « traîner » comme elles disaient, se racontant leurs petits « potins », leurs tracas, se faisaient des confidences de filles, Parfois, c’était salé ! Riaient beaucoup… ou ne disaient rien… ensemble, comme avant.
Quand ça lui venait à l’idée, elle avait un petit pincement… Oui beaucoup de choses avaient changé… ou peut-être était-ce elle qui avait changé… Sophie l’avait dit
— Ouais… mais t’es plus pareille. On dirait que tu fais ta sérieuse…
« j’ai pas l’impression, mais si elle le dit… ? »
Elle aimait aussi traîner seule, les yeux perdus sur les hautes façades grises… « C’est marrant, elles me semblent moins hautes… ? »
« Qui roule… »
Et elle rentrait avec un drôle de sentiment, ne sachant pas si c’était sa banlieue qui foutait le camp… ou elle.
« Et j’suis comme une boule… »
Dans la Cité, quelques mois auparavant, était arrivée une famille au parcours un peu particulier.
Les Zâanoune habitaient le quartier de La Rose au nord de Marseille Meryem y élevant ses quatre enfants, Saïd, Tarik, Nadia et Abdelatif, seule depuis son divorce. C’était une maîtresse femme au caractère trempé, mais pas que…
Les trois frères, petits caïds, cambrioleurs et dealers notoires avaient pour activités principales le trafic de drogue, et le recel, qui, outre quelques « menus » soucis avec la police, leur rapportaient des revenus substantiels à en juger par leurs vêtements de marque à l’élégance périphérique ainsi que leurs grosses voitures de luxe dont ils changeaient souvent.
La bande qu’ils constituaient avec quelques copains et intervenants d’occasion avait des activités multiples et variées qui étaient organisées et orchestrées avec brio et maestria par Meryem, elle-même ! La matriarche délinquante, sorte de « Ma Baker »* des banlieues, conseillait, orientait, encadrait, administrait, blanchissait et plaçait l’argent provenant des trafics de ses enfants.
Ceux-ci ne comptaient plus le nombre de leurs arrestations et avaient déjà eu maille à partir avec la justice à plusieurs reprises, et ce, pour motifs graves, très graves même, puisque Saïd avait été accusé de complicité dans une affaire de meurtre. Meryem l’avait sorti de ce guêpier, qui risquait de lui coûter des années de prison, qu’il avait déjà fréquentée pour de brefs séjours, en achetant le témoignage d’une prostituée qui affirma avoir passé la nuit avec lui… Les trois frères étaient de fieffées crapules mais les seuls comptes qu’ils devaient avoir à rendre étaient à Meryem qui les défendait bec et ongles en furie qu’elle était capable de devenir. Elle les aimait tous… Même Nadia. Pas de jaloux !
Mais sa préférence allait, cependant, à la prunelle de ses yeux, son Abdel, hubu hayaatih*
Le chéri de sa maman avait grandi dans sa toute-puissance et dans l’impunité la plus totale, que ce soit en famille, dans le quartier, à l’école, protégé par sa harpie de mère et ses deux frères aînés qui étaient devenus pratiquement ses vassaux. Le gamin idolâtré avait grandi en petit tyran retors et brutal qui n’admettait en rien que quoique ce fût ou qui que ce fût se mette en travers de sa route ou lui résiste. Il était alors capable de se mettre dans des colères qui effrayaient même parfois…sa maman.
Il y avait maintenant quelques mois, Saïd et Tarik qui revenaient d’Espagne avec un Go-Fast transportant trois cent cinquante kilos de « marchandise », s’étaient fait repérer à cause des « éclaireurs » par un hélicoptère, et une souricière avait été mise en place au péage de Narbonne. Les « éclaireurs », les « convoyeurs », « les protecteurs », tous furent pris. Onze personnes au total, dont deux femmes.
Quarante-huit heures plus tard, les deux frères étaient à Marseille dans le bureau du commissaire Adréani.
Andréani qui était près de la retraite et connaissait toutes les ficelles du métier décida d’offrir un cadeau de départ à ses successeurs…
Sachant que les frères Zâanoune, s’en tireraient avec une peine dérisoire et qu’ils remettraient le couvert dès leur sortie, il leur monta un bateau.
Il leur fit croire qu’il détenait ce qu’il fallait de preuves contre eux et qu’ils avaient reçu des ordres de l’Intérieur : extrême sévérité avec les trafiquants de drogue.
Il allait les faire plonger, ils en prendraient pour quinze ans.
Il les laissa mariner toute la nuit, les gardant en cellule sans en avertir qui que ce fût. Il se savait dans l’illégalité la plus complète… et s’en foutait ! Au matin, il se rendit compte avec satisfaction que les deux délinquants n’avaient pas beaucoup dormi.
Il leur proposa alors le marché suivant : les Zâanoune disparaissaient de Marseille et il passait l’éponge… Si par contre dans deux semaines ils étaient encore là, il transmettait le dossier au juge d’instruction.
Les deux frères eurent alors le droit de téléphoner. Abdel vint les chercher et on tint immédiatement un conseil de famille.
Meryem n’eut pas à réfléchir, quinze ans, peut-être pas ! Mais, ne serait-ce que cinq, sans sa « main-d’œuvre spécialisée »… c’était la banqueroute ! Sans états d’âme, sans se poser de questions inutiles, elle trancha.
« Adieu Marseille ! T’en fais pas, de l’argent, y en a ailleurs. »
Elle avait un oncle et deux cousins en banlieue de Rouen… elle allait en parler avec eux.
Andréani réussissait son coup… pour les deux frangins, qui au cours de leur « scolarité » avaient été régulièrement déplacés de collège en collège, ils ne faisaient que renouer avec d’anciennes habitudes.
Une année avait passé. On était déjà fin mai et la belle gosse qui venait de fêter son dix-huitième anniversaire avec une « boom » mémorable, ses parents lui avaient laissé l’appartement, était radieuse !
Il faisait beau, presque une journée d’été et Corynne avait appelé Stéphanie lui proposant une balade en ville. Elles prendraient le 12 et s’arrêteraient rue du Gros*, pour « faire les boutiques ». Mais Stéphanie était occupée, elle s’était trouvé plusieurs heures de baby-sitting et devait justement garder un bébé cet après-midi. Tant pis ! Une autre fois
— Ho ! Ma gazelle… Comment t’y es belle… ! Tu veux faire un tour… ? Ho… !
Abdel au volant de sa BMW série 7 venait de repérer une meuf… un canon !
La jolie Corynne fut tentée de se retourner, ce gars-là avait un drôle d’accent… marseillais. Au Nord de la Loire, tout accent est de Marseill
— Allez, là ! Fais pas ta fière…
Au pas, Abdel amena son bolide à la hauteur de la jolie fille
— Ho ! Mademoiselle, là… !
Corynne tourna sur sa droite, se dirigea vers la grille et entra dans le parc…
Abdel fit remonter la vitre de la portière passager
— Nahdinn* ! Celle-là, il l’aurait ! —
Depuis qu’il avait quatorze ans, âge auquel ses frères l’avaient initié, le faisant participer à leurs ébats avec une « salope » du quartier, il en avait « ken* » quelques-unes, des « zouzes* ». Son statut de caïd, l’argent, la fringue en avaient fait le petit coq du quartier de La Rose… Il les avait toutes… Il l’aurait, celle-là aussi !
Il savait comment s’y prendre… En trois jours, il savait déjà comment elle s’appelait et où elle habitait. Alors, il « planqua » du côté de chez elle…pas trop près, mais si elle bougeait, il la verrait.
Dans sa luxueuse bagnole tout confort, les conneries avec les potes, les binouzes et la beuh, la planque, c’était trop du kif
— Vé, c’est elle… allez, drope !
C’était Kevin qui avait le volant. Abdel avait cogité que, quand elle descendrait de chez elle, ils partiraient en sens inverse, et se ferait lui, déposer pour croiser ainsi son trajet.
Il était assis sous l’Abribus du 12, quand la mignonne passa à sa hauteur.
Corynne le reconnut dès qu’elle le vit. Survêtement Lacoste blanc immaculé, casquette blanche retournée, pochette Vuitton…la classe ! Au lieu de s’arrêter, elle continua son chemin.
Quand elle passa à sa hauteur, il fit semblant d’être absorbé par l’horaire des bus, elle en souriait encore quand il appela.
— Mademoiselle… Mademoiselle… ! Excusez-moi, mais vous avez perdu ça !
Imparable… il la faisait s’arrêter, elle se retournait, le regardait l’air étonné… Bingo !
Abdel s’approcha, la main tendue… dans celle-ci, une magnifique bague, or et diamant, provenant d’un casse chez… il ne savait plus.
La petite souriait… gênée… en même temps amusée, intriguée… cette bague !
— Mais… Non, non… je vous assure, vous vous… trompez… elle n’est pas à moi. Je n’ai pas de…
Elle lui donnait du « Vous » essayant de marquer la distance… Tu penses…
— Vé… je sais bien qu’elle est pas à toi… j’ai dit ça exprès pour te parler… T’y es trop belle, j’ai jamais vu une meuf comme toi ! Je voudrais qu’on sorte ensemble… ! T’es trop un canon, là !
Abdel était tout sourire, charmeur…
Ses compliments, son accent, ses mimiques, en plus il était mignon… Corynne avait commencé à sourire. Elle tenta de se reprendre, sérieuse
— Non…Écoutez… j’ai rendez-vous en ville avec une copine et je vais être en retard !
Ce qu’il ne fallait pas dire…
— Balek*… ! Je t’amène ma gazelle !
Il te faisait entrer dans sa tanière, ma gazelle
— Tu m’attends, hein… juste une minute… je vais chercher ma tire…
Il partit en courant… « c’était dans la poche ! »
Quelques instants plus tard, après avoir éjecté les potes, il était devant l’Abribus, au volant de sa puissante berline. Corynne l’attendait. Elle avait bien été tentée de fuir. Mais toute sa bonne éducation s’était révoltée, ç’aurait été un manque de politesse inqualifiable ! Parfois, la bonne éducation, elle serait bien inspirée d’aller se promener ! De plus, la mignonne se sentait maintenant irrésistiblement attirée par ce que lui laissait entrevoir le garçon.
Abdel se pencha et ouvrit la portière passager
— Monte, ma gazelle !
Corynne s’installa, boucla sa ceinture. Séduite par l’odeur luxueuse de cuir neuf, auquel se mêlait un délicat parfum d’herbe, quelques effluves de la coûteuse eau de toilette du garçon, elle se sentait entrer dans un monde dont elle ignorait tout et, elle devait bien le reconnaître, cela avait quelque chose de grisant.
Abdel fut pendant tout le trajet d’une correction et d’une gentillesse exquise… Le gars avait oublié d’être idiot ! Il savait qu’avec celle-ci, ce n’était pas des mêmes armes qu’avec la radasse de base qu’il fallait user
et, il devait bien le reconnaître, ce petit jeu l’amusait.
Arrivés à destination, au croisement de la rue Thiers et de la rue Jeanne d’Arc, Abdel se pencha légèrement vers Corynne, avec juste un rien d’implorant dans la voix
— Tu sais… J’ai pas envie de te quitter… je suis trop bien avec toi ! Tu veux pas demander à ta copine si je peux pas vous accompagner… ?
Corynne lui sourit et, candide, lui avoua qu’elle n’attendait personne.
« … une boule flipper… qui roule »
Ils passèrent l’après-midi ensemble, promenades, lèche-vitrine… Abdel disait des bêtises, la faisait beaucoup rire… la serrant parfois de près, mais toujours très correct… Son téléphone sonnait souvent, alors il s’éloignait de quelques pas et parlait en arabe… puis revenait… souriant.
— Business, ma gazelle… on n’est jamais tranquille !
Ils s’installèrent rue Ganterie pour un pot que lui offrit Abdel, à la terrasse d’un petit troquet qui donne sur la rue. C’était sympa, la jolie Corynne adorait…
— Je veux que tu te fasses plaisir ma gazelle… allez, lâche-toi !
Avec des yeux de petite fille gourmande et son joli sourire
— Une part de tarte aux pommes avec une boule vanille et un Coca-fraise, s’il te plaît.
« Qui roule… »
Quand la serveuse arriva, Abdel passa la commande et demanda à être encaissé de suite
— Oui, Monsieur. Je reviens avec la commande.
Il eut vers elle, un regard dur, que Corynne ne comprit pas.
La serveuse revint avec les consommations qu’elle déposa sur la petite table de marbre avec le ticket
— Quarante-six francs, s’il vous plaît !
Il sortit de sa poche un gros rouleau de billets de deux cents francs tenus par un élastique, en détacha un qu’il tendit à la jeune fille, impressionnée. C’était un truc de mafieux… il adorait ça
— Tu te rends compte, il est déjà cinq heures, il faut déjà que je rentre… tu veux bien me ramener, s’il te plaît ?
— Bien sûr, aezizati*… tu veux bien me donner juste cinq minutes, j’ai une petite course à faire…Cinq petites minutes… D’accord ?
Corynne acquiesça
Effectivement, il fut de retour à peine cinq minutes après, sous le bras un grand sac en papier de chez « Gaïa », une jolie boutique qu’ils avaient visitée rue du Gros. Il s’approcha de Corynne, posa le paquet sur ses genoux et s’assit
— C’est pour toi !
— Abdel, c’est très gentil, mais je ne peux pas accepter, on se connaît à peine…
— Assez, pour que je te fasse ce cadeau, aezizati… Ouvre, ma gazelle.
Elle le fit avec des gestes lents et mesurés, il n’y avait pas d’impatience dans ses gestes peut-être même un peu d’appréhension…
« Une boule de flipper qui roule… »
Le petit Perfecto noir qu’elle avait essayé et qu’elle avait adoré, dans lequel elle se trouvait tellement sexy !
— Il est à toi !
— Je peux pas… Je peux pas accepter, Abdel, mes parents n’accepteront jamais !
« …boule de flipper…qui roule…
— Quand ça bloque… Tu contournes. Tes parents ? Bah ! Ils sauront pas ! Je te le garde, tu le mettras qu’avec moi… Voilà ! Demain, tu verras, je te montrerai quelque chose… Allez, retour dans la Zone… !
Corinne secoua la tête en riant.
— Merci, merci beaucoup Abdel. Tu es très gentil… c’est un merveilleux cadeau.
« Et, j’suis comme une boule… »
Au moment de se quitter, ils hésitèrent, tous les deux, Corynne se tendit maladroitement vers lui pour une bise, puis deux, et encore une autre plus douce, leurs lèvres s’effleurèrent.
Ce fut un long et doux baiser, le tout premier que recevait la jolie môme qui, subjuguée, s’abandonna aux bras d’Abdel. Pour Corynne ce fut une révélation, l’impression d’intense bonheur qui la submergeait, la laissait interdite… elle ne comprenait pas.
« Comme une boule de flipper… »
L’impression d’être perdue la fit se reprendre. Alors qu’Abdel la caressait, achevant de lui mettre le feu, elle glissa son bras droit vers la portière, l’ouvrit et le souffle court :
— Bonsoir, bonsoir chéri… Merci… merci. À demain.
— Bonsoir ma petite « Boule »… À demain…
Il faisait encore grand jour, mais la mignonne avait la tête dans les étoiles sur le chemin du retour et son sourire aurait pu faire dire à qui l’eût mieux regardée, qu’elle avait le monde à ses pieds.
— Bahir* ! Demain, je la baise… !
Le lendemain à seize heures, Corynne sortait de cours au milieu d’un groupe de copines, elle était déjà ailleurs et ne pensait qu’au moment où elle allait retrouver son Abdel qui devait…
Alors qu’elle passait la grille du parc, parmi la foule bruyante et joyeuse des élèves, son cœur fit un bond quand elle aperçut la BMW garée le long du trottoir d’en face… Il était venu la chercher !
Elle salua brièvement ses copines qui la regardèrent se diriger presque en courant vers la voiture avec un grand sourire.
Elle tomba dans les bras d’Abdel qui l’embrassa passionnément, la faisant soupirer de bonheur
— Comment tu vas bien, ma gazelle ? J’suis content de te voir… j’ai pensé à toi tout le temps, t’sais ?
— Moi aussi Abdel… Oh, tu es venu me chercher… merci… moi aussi, je suis contente !
— Je t’avais dit hier, hein ? Ben… je vais te montrer quelque chose… ça va te plaire, tu vas voir…
Tout en conduisant, il avait posé sa main sur la cuisse de Corynne et la caressait, sentant à son souffle que la petite en était troublée…Il passa sa main sous la jupe et remonta en haut des cuisses… Elle mouillait
— Oh ! Abdel… Attends, chéri… pas tout de suite…pas comme ça… s’il te plaît.
Il fit semblant de sourire.
— OK, Boule… Embrasse-moi, alors !
Ils arrivèrent au pied de la barre dans laquelle habitaient les Zâanoune. C’était à l’autre bout de la cité. Abdel gara sa voiture et l’invita à le suivre, ils passèrent l’entrée et il se dirigea vers une cage d’escaliers qui descendaient au sous-sol. Dans une longue enfilade de boxes, il s’arrêta devant la porte de l’un d’eux, sortit un trousseau de clés, fit jouer l’une d’elles dans la serrure, et poussa la porte.
— Mademoiselle, bienvenue chez moi… !
La cave avait été transformée en un véritable lounge, Corynne en était émerveillée. À gauche, le long du mur, un vaste canapé en cuir, au fond sous le vasistas, un bar, sur la droite, plusieurs sièges, un petit frigo. Les murs étaient tapissés de posters de rappeurs et de joueurs de foot et aux quatre coins contre le plafond étaient disposées des enceintes et des spots
— T’as vu ça, ma Boule… La classe, hein ? Regarde…
Il referma la porte, à une patère était accroché son petit Perfecto. Il le décrocha et le lui présenta
— Mets-le !
Ravie, elle s’exécuta…
« …qui roule… »
Abdel se dirigea vers la platine près du bar et y glissa un CD… Les vociférations de Joey Starr sur leurs boucles samplées éclatèrent dans la petite pièce, soulignées par les flashes multicolores des spots. Abdel souriait, se rengorgeant… Tout ça, c’était à lui !
Il s’assit sur le canapé, et tapota la place à côté de lui
— Viens, ma gazelle… viens-là.
Elle s’assit à côté de lui, le cœur battant la chamade. Abdel la prit dans ses bras et l’embrassa dans un baiser qui la fit fondre…elle s’abandonnait, mais il ne fallait rien brusquer… Il se mit alors à caresser ses seins à travers son sweater, il les sentait fermes, dressés, il passa sa main sous le vêtement et prit un mamelon entre ses doigts
entre lesquels il le fit rouler, le pressant et le serrant… Le souffle de la mignonne s’accélérait, elle gémissait doucement… « Là…Oui ! Elle y est… Attends encore… ! ». Il continuait à l’embrasser et s’était mis à caresser son ventre, éprouvant l’incroyable douceur de son grain de peau. Corynne gémissait de bonheur sous les mains dont elle appelait les caresses.
Du ventre, la main glissa par-dessus la jupe caressant le renflement du mont de Vénus puis relevant la courte jupe baissa la légère culotte pour caresser le petit coquillage aux lèvres enflées de désir, Corynne ouvrait largement le compas de ses jambes trempées de cyprine appelant son maître.
Abdel ravi chatouilla rapidement le petit bouton durci, déclenchant un frisson de la mignonne qui, gémissant de plus belle, se serra davantage contre lui écartant encore les jambes, alors doucement il introduisit son médius dans la petite chatte…
« Elle est vierge… !! Super ! »
Il en avait parlé à Meryem qui lui avait fait ses recommandations
— Si elle est vierge, ta chérie, il faut que tu en en prennes bien soin, si tu lui fais ça bien, ça te portera bonheur, habibi*… Voilà comment il faut faire…
Il la dépucela de ses doigts, ainsi que sa mère le lui avait indiqué. La jolie Corynne eut mal et deux larmes coulèrent sur sa joue, mais elle en fut vite distraite, car Abdel saisissant sa main lui fit empoigner son mandrin
— Branle-moi !
Bouleversée par des impressions qu’elle ne parvenait pas à maîtriser, submergée d’émotions, elle s’y essaya maladroitement…mais cela ne devait pas convenir à Abdel qui eut un geste d’énervement
— Ah ! Arrête ! Écarte les jambes !
Mon Dieu ! Il allait la prendre !
Elle obéit… Il se plaça entre ses jambes écartées et plongeant son regard dans ses yeux écarquillés, lentement, pesamment… il la pénétra.
— Tu rentres bien tard aujourd’hui, ma chérie !
Papa lui fit une bise
— Oui, je suis désolée j’aurais dû penser à vous prévenir… On est resté bosser chez Marion pour réviser un contrôle d’histoire. On n’a pas vu le temps passer… Bisou, Manou !
Corynne aussi savait mentir…
« Qui roule… »
Elle s’enferma dans sa chambre… et se mit sur pause. Elle avait besoin de revenir sur le cataclysme qu’elle venait de vivre.
Ce qu’elle avait ressenti les trois fois où Abdel l’avait prise échappait à tout ce qu’elle connaissait… rien ne pouvait y être comparé, il ne pouvait rien exister de meilleur au monde que ces sensations et elle n’avait qu’une hâte c’était de retrouver son Abdel chéri, pour qu’il la baise encore. Oh ! Cet incroyable sentiment de plénitude ! Jamais elle ne s’était autant sentie elle-même, et cette joie sauvage qui t’emportait au galop d’un coursier de puissance et de feu… c’était indicible.
Elle se sentait exister sur deux plans, son monde intérieur dans lequel lovée sur son ventre et ce qu’il venait de lui faire éprouver, elle revivait les moments fabuleux qui venaient de la révéler à elle-même et l’extérieur, le réel qu’elle décida de shunter avec un nouveau mensonge… Il n’y a que le premier pas qui coûte…
« …comme une boule de flipper… »
Elle retrouva ses parents au salon
— Papa, Manou… si ça vous ennuie pas, je préférerais ne pas manger ce soir, je ne sais pas ce que j’ai, je suis pas en forme, là… Je crois bien que je vais aller me coucher tout de suite…
Ils eurent l’air si alarmés, qu’elle dut les rassurer
— Ne vous inquiétez pas… ça va ! C’est juste que…
Mylène lui lança un coup d’œil interrogateur, auquel elle répondit par un hochement de tête.
Elle leur lança un baiser
— Bisou… Bonne nuit !
« …qui roule… »
Enfin seule dans sa chambre, elle avait toute tranquillité et tout loisir pour revivre les moments de cette sublime et folle après-midi, elle se dévêtit et s’allongea sur son lit, elle ne se doucherait pas, gardant la trace des caresses de son amant, son odeur, et son sperme qu’elle sentait encore suinter de sa petite chatte.
Car, sachant qu’elle était vierge, et qu’elle n’était donc porteuse d’aucune maladie, il n’avait pas mis de préservatif. La protéger elle ? … Ouais, Zarma* !
Ça, elle ne le savait pas la mignonne…
Au milieu du nirvana dans lequel elle baignait, un point chagrinait la jolie Corynne, après qu’il lui eût fait l’amour, il lui sembla qu’Abdel était soudain moins gentil…plus brusque. Elle se faisait sûrement des idées.
Le lendemain à la sortie des cours, la jolie Corinne vit que son chéri était là au volant de son bolide. Elle attendait cela depuis hier « Oh, mon Dieu… ! que ça va être bon… ! » Il y eut une nouvelle séance de baisers passionnés devant le « Bahut » pendant laquelle Abdel laissa sa main s’égarer sous la petite jupe de Corynne qui cette fois se laissa faire.
« Et j’suis comme une boule de flipper… »
Dans la cave, allongés dans le confortable canapé, ils se caressaient. Abdel lui apprit à lui faire plaisir avec sa bouche et là aussi, ce fut pour Corynne une révélation, au début, il devait l’inciter à le faire, mais très vite c’est d’elle-même qu’elle s’y mit et avec le plus grand plaisir et recevoir son éjaculation en bouche et l’avaler était devenu une sensation qui lui faisait ressentir un bonheur tel qu’il la faisait quasiment jouir.
Une après-midi, alors qu’il la regardait après l’amour, nue, d’une beauté sublime, il s’assit sur le bord du canapé, lui ordonna de se tourner et la prenant par-derrière, la fit jouir comme une folle.
La manière dont Abdel la baisait la jetait dans des transes qui la faisaient hurler pour la plus grande joie de ce dernier.
Si faire l’amour avec Abdel la comblait, son attitude l’emplissait de tristesse… Il avait tellement changé… prévenant et délicat il y a quelques jours encore, il était devenu froid, impatient et avait même parfois des attitudes à son égard qui la peinaient
— Tu m’aimes, chéri ?
— Ouais, bon ça va… T’arrêtes avec tes histoires à la con !
— Mais Abdel… Tu ne m’as jamais parlé comme ça… ?
— Je parle comme je veux, OK ?
Et c’était pire quand les copains étaient là.
— Celle-là, c’est pas « Boule » qu’il faut l’appeler, c’est « le Boulet » !
Corynne en avait pleuré et était rentrée chez elle, s’enfermant dans sa chambre pour cuver son chagrin.
Il était revenu le lendemain à la sortie du Lycée, s’était vaguement excusé… Elle n’attendait que ça.
La « Story » repartit au beau, ou presque… pour une semaine.
Corynne s’aperçut que les copains, surtout Kevin, la regardaient en rigolant. Ils se moquaient d’elle, elle en était sûre !
Elle en parla à Abdel
— Y a quelqu’un qui se fout de ma petite Boule ici… ? Hein ? Parce que… Hein ? Attention… Hein ?
Lui aussi se foutait d’elle ! Elle en était sûre ! Corynne se leva sans un mot et sortit sous leurs regards amusés !
Elle ne pleura pas. Pas devant eux !
Mais une fois arrivée à la maison… les crues du Nil relevaient de l’anecdote !
Il ne vint pas la chercher le lendemain à la sortie des cours… Elle ne savait même plus si cela lui faisait de la peine… elle était effondrée.
« …Qui roule… »
Par contre, le surlendemain, il était là. Ils eurent une explication au cours de laquelle il lui expliqua qu’elle se trompait, qu’il l’aimait, et que tout était comme avant…
Il l’amena à la cave et la baisa. Corynne oublia tout…
Alors, suivit cette période pendant laquelle elle eut l’impression qu’il jouait au chat et à la souris, la délaissant de longues journées, puis l’entourant de prévenances inattendues avec parfois de soudaines sautes d’humeur où il la « jetait » avec mépris suivies de brusques radoucissements… La jolie môme ne savait plus où elle en était…
« …comme une boule de flipper… »
Ce qu’elle ne savait pas, la mignonne, c’est qu’il s’était déjà lassé de son nouveau jouet et avait en vue une nouvelle zouze, une petite black, qu’il avait rencontrée aux Sapins la semaine dernière et qui lui avait fait un gringue d’enfer…
Il n’en avait, cependant, pas fini avec ell
— Ouais, Boule, salut… j’ai pas le temps là, mais demain, si ça te dit on se retrouve à la cave à trois heures, OK ? Allez Bye ! …
À la sortie du Lycée, ce vendredi, il lui avait parlé au volant de sa grosse bagnole par la vitre baissée… Il démarra, la plantant là sur le bord du trottoir.
Le premier instant de stupeur passé, elle se dit qu’elle n’irait pas… tout ça ressemblait fort à une fin de partie dans laquelle elle savait qui était la grande perdante ! Corynne était au trente-sixième dessous. Elle rentra vite chez elle et partit se réfugier dans sa chambre pour y cacher ses larmes.
« …qui roule… »
La nuit porte conseil, c’est du moins ce que l’on dit…
Du creux de son ventre monta une petite voix qui vint susurrer à son oreille que ce serait dommage après tout de manquer ça… c’était si bon !
Le lendemain, la jolie môme se rendit à l’autre bout du quartier…elle arriva bientôt au pied de la Barre Sorano, l’immense bâtiment où habitait Abdel. Il était trois heures, elle n’était pas en retard et se dirigea vers l’endroit où son chéri lui faisait connaître tant de délices… Abdel y était déjà, elle entendit la musique, les coups sourds des basses et de la grosse caisse, aperçut sous la porte les éclairs des jeux de lumière, celle-ci était entrouverte… Elle la poussa…
Alors qu’elle pensait retrouver Abdel pour une après-midi d’amour, dans la petite pièce, ils étaient cinq qui l’accueillirent avec des exclamations de contentement
— Ah ! Boule… te voilà… !
Quelle déception… ! « Enfin… ils n’allaient peut-être pas rester… ? »
Chacun lui fit la bise, il y avait là les deux frères d’Abdel, Kevin
et un black qu’elle ne connaissait pas. Elle se retrouva bientôt assise sur le canapé, entourée des deux frères qui lui parlaient avec beaucoup de gentillesse et se regardaient avec de drôles de sourires
— Un petit Coca-fraise, ma chérie… ?
Saïd lui tendit le verre… Elle le goûta
— Mmmh ! Vachement bon !
— Ouais, je l’ai blindé en fraise !
C’était vrai qu’il l’avait blindé en fraise… ce qu’il ne disait pas c’est qu’il l’avait surtout blindé en vodka— Tu sais que t’es vachement mignonne…
Saïd n’arrêtait pas de la complimenter et Tarik, qui n’était pas en reste, lui caressait les cheveux
Elle sentait la tête lui tourner…c’était agréable
— Arrêtez les gars…Vous êtes gentils mais…
— Oh, allez, laisse-toi faire, c’est pas méchant… Tiens, chérie, bois, tu adores ! Tu veux pas un p’tit bédo ? De la Kétama*. Ça va te faciliter les choses…
Les autres riaient, pendant qu’il lui tendait son verre
— Oh, oui ! Merci… Super bon…
— C’est ça ! Bois, ma gazelle, bois… !
Et regardant les autres, il se marrait.
Corynne sentait la tête lui tourner de plus en plus, elle commençait à perdre la notion des choses, elle sentait que des mains la caressaient…mais c’était bon ! Une à une, ses inhibitions tombaient…
Saïd avait passé sa main sous sa jupe et la caressait
— Non… Non, je t’en prie… Arrête… ! Oh ! Saïd chéri…
Elle rit et caressa son visage… Il l’embrassa… elle ouvrit les lèvres pour le recevoir…
Tarik avait ouvert son chemisier et caressait ses seins… Oh ! C’était bon… ! S’étant saisi de sa main, il l’avait posée sur sa bite qu’elle sentait se contracter dans sa paume alors qu’elle le masturbait.
Le black s’approcha et ouvrant son jeans tendit son gros mandrin dont le gland rosâtre tressautait spasmodiquement devant ses yeux hallucinés…
Elle se réveilla hagarde, la tête embrumée… cligna des yeux dans la pénombre silencieuse, ses affaires traînaient éparses… Elle était nue sur le canapé,
poissée de sperme de partout… elle se souvenait… Elle s’était laissée baiser par les cinq types… Salope ! Et le pire c’est qu’elle avait aimé !
Elle n’arrivait pas à se souvenir de tout, mais des images lui revenaient, terribles, et elle se rendit compte, effrayée, qu’elle ne se serait jamais imaginée pouvoir faire preuve de tant de vice et de lubricité… avec tant de bonheur.
Dans les brumes de l’alcool, elle se rappelait ses hurlements, dans le plaisir, alors que le black la baisait, farouche… la clouant au sofa par la force brute de sa bite…la crucifiant sur son désir.
Elle avait sangloté, sentant le mandrin de Saïd s’enfoncer en elle, violentant ses sphincters, sauvagement, la punissant, lui faisant mal… ! Il l’avait baisée comme une salope… ! Elle avait adoré.
La vague des vapeurs d’alcool, de stupre et de folie se retirait, la laissant dévastée. Une panique rétrospective devant ce à quoi elle s’était livrée, montait en elle… Elle se sentait envahie par une culpabilité dont elle n’arrivait pas à prendre la mesure… Oh, le salaud… !
Des larmes embuaient ses yeux, roulaient sur ses joues, et des sanglots qu’elle n’arrivait pas à maîtriser la secouaient… Elle se sentit prise de nausée en réalisant qu’elle était encore dans ce bouge. Elle eut cette impression de se réveiller de ces cauchemars qui semblent plus vrais que la vie. Dans un tourbillon de panique, elle ramassa ses vêtements, s’habilla à la hâte, secouée de sanglots et sortit.
Elle éprouvait des difficultés à respirer et avait la sensation que sa gorge était un tube métallique et froid qui produisait de temps à autre des bruits qu’elle ne reconnaissait pas.
Elle se retrouva dans la rue avec l’impression que c’était un décor qui ne faisait pas sens lui laissant la sensation de n’être nulle part, en proie à une panique qui enflait en elle ne laissant la place pour rien d’autre. Le visage torturé par une expression de chagrin sans borne, baigné de larmes, elle cherchait sa respiration au milieu des sanglots qui ne cessaient pas, avançant d’un pas mécanique vers le havre du seul endroit qui pouvait accueillir son naufrage.
Plusieurs personnes la regardèrent, dont un homme, l’air inquiet qui lui demanda
— Tout va bien, Mademoiselle… ?
Elle arriva enfin chez elle, épuisée, brisée de chagrin et de honte, ne pouvant s’arrêter de pleurer, elle s’enferma dans sa chambre.
Heureusement, ses parents étaient à Criquetôt et ne rentreraient que tard.
Elle prit une longue douche, sans que ses larmes ne cessent, sa gorge lui faisait mal et à plusieurs reprises il en sortit une espèce de long grincement métallique, ajoutant encore à son désarroi.
Avec des gestes d’automate elle se mit en chemise de nuit, prit la petite chouette Tyta, sa vieille peluche et sanglotant, la serrant sur son cœur. Elle l’embrassait au milieu de ses larmes, et voulut lui dire à quel point, il aurait mieux valu qu’elle reste une petite fille.
Elle ouvrit la bouche.
Le vacarme infernal de claquements, sirènes, cliquetis métalliques, sonneries, klaxons, la cloua de stupeur !!
Ce qui sortait de son corps n’était pas sa voix mais les bruits d’une machine…d’un flipper !!!— TCHLINKETINKETINK-SHBAM DENG-DADATCHIKTCHIK-KLONG-BIP-PAW-TENG-TENG-TENG-BANG !
Elle devenait folle !
Plus rien ne faisait sens… Elle dégringolait dans quelque chose qui devait être l’enfer !
Le choc qu’elle ressentit arrêta instantanément ses larmes… C’était inconcevable… Le cauchemar continuait, prenant d’autres formes… mais ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas continuer comme ça…elle allait se réveiller.
Elle s’assit sur le bord de son lit, prostrée… elle allait essayer de dire quelque chose… pour voir…pour… Oh ! Mon Dieu ! Aidez-moi… ! Elle ouvrit la bouche :
— DLEN, DLEN, DENG-DENG, TCH-BANG, BANG, TATATATA, POW, SCHLING !
Elle ne pouvait plus parler… tout ce qui sortait de sa bouche était ces bruits odieux…les bruits d’une machine… Elle resta interdite plusieurs minutes, serrant toujours convulsivement sa petite peluche… l’espèce de calme absurde qui vous envahit immédiatement après la catastrophe l’anesthésiait… elle ne pouvait plus penser à rien… elle ne voulait plus rien.
« Du huitième, ce serait facile »
Elle ouvrit sa fenêtre et se tint devant un long moment le front appuyé au
ventail, quand derrière sa porte elle entendit gratter.
Elle ouvrit, se baissa et prit Mouthe dans ses bras, la vieille chatte ronronnait.
Elle voulut lui parler :
- — DADADADA-TCHLINKETINKETINK-SHBAM-TCHIKTCHIKTCHIK-KLANG !
La vieille minette la regarda de son regard de sphinx et sembla lui dire :
Tu as une drôle de voix ce soir… mais, je te reconnais, c’est bien toi !
Elle pleura encore… éructant cliquètements, tintements et sonneries…Elle se dégoûtait…embrassant Mouthe, elle respirait l’odeur familière de son poil, odeur qu’elle connaissait depuis qu’elle avait cinq ans, essayant de se rassurer…
Le téléphone sonna au salon.
Elle alla fermer sa porte à clé. Quand ses parents rentreraient, elle ferait semblant de dormir. Elle s’allongea sur son lit… le jour déclinait. Mouthe vint s’allonger sur elle… comme avant.
Seulement, plus rien n’était comme avant. Abdel et sa clique avec le piège grossier qu’ils lui avaient tendu l’avaient précipitée dans le vice et la souillure et pour cet instant d’égarement elle venait de foutre sa vie en l’air.
Ses parents ne rentraient pas ce soir, elle était allée écouter le message au salon. Ils restaient aussi demain à Criquetôt pour finir les foins.
Elle ne s’endormit, abrutie de chagrin, qu’au petit matin, torturée de remords et bourrelée d’angoisse… souhaitant ne jamais se réveiller.
Elle se réveilla, pourtant… comme d’un cauchemar, n’ayant que peu dormi, avec la sensation d’être encore plus fatiguée et brisée que quand elle s’était couchée, un goût de cendres dans la bouche. Elle s’essaya à plusieurs reprises de parler, à chaque fois, ce fut le même tintamarre absurde de bruits odieux ravivant encore un peu plus le mauvais rêve qu’elle retrouvait.
Une idée pourtant émergeait de l’abject chaos de pensées qui ne l’avaient pas quittée : il fallait qu’il sache ! Il fallait qu’Abdel réalise à quel point il l’avait blessée, qu’il se rende compte du mal qu’il lui avait fait, et des conséquences atroces que cela avait sur sa vie…
Elle s’efforçait de marcher, le plus calmement possible secouée de bizarres sanglots métalliques, de temps en temps s’échappaient de sa bouche des tintements, déclics ou cliquetis…
TICKAKILK-DLEN-DENG-CLAC !
Il comprendrait le mal qu’il lui avait fait…
« Oh ! Abdel… Abdel… ! comment as-tu pu me blesser pareillement… ? Je t’aimais tant ! »
Les larmes brouillaient sa vue… Il fallait qu’elle le voie… elle allait lui… parler ?
Quand il la verrait, il comprendrait… oui… il comprendrait ! Ce n’était pas un monstre…
Elle arriva au pied de la barre, et aperçut sa voiture au parking… comme si tout était normal.
Le cœur battant, elle traversa le hall et se dirigea vers les caves. Quand elle entra dans le long couloir sombre, elle sut qu’il était là… la sono jouait à fond.
Elle poussa la porte. Ils étaient trois : Saïd, le black et Abdel.
Quand il la vit entrer, Abdel éclata de rire
— Mais, qu’est ce qu’elle fout ici, celle-là… ? T’en as pas eu assez ? Encore une petite dose ? Tu veux un Coca-fraise avant ?
Il ricanait, Corinne le regardait, de grosses larmes coulaient sur ses joues, elle ouvrit la bouche, et ce fut la même cacophonie de bruits incohérents et saugrenus
— TADADADA-POW-POW-DLENG-DENG-DADATCHIKTCHIK-KLONG-DELEN-DELEN-TADAWKLONG-BIP-PAW-TENG-TENG-TENG-BANG !
Ils se regardèrent tous les trois, médusés.
Abdel la regardait en riant, étonné
— Putain ! T’as vu comment elle fait ça bien ! On dirait du vrai ! Vas-y… encore !
— Allez, refais-le, là… zarma !
Elle restait debout près du canapé. Il alla vers elle, l’air mauvais
— Ho, le Boulet, Vas-y ! Tu le refais, j’te dis
— Ho, t’obéis, ouais… ?
Il la prit par les épaules et la secoua.
Corynne cligna de ses yeux écarquillés, un claquement retentissant sortit de sa bouche grande ouverte.
Elle venait de faire « TILT ».
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*Le pé pis la mé à Jean-Luc : le père et la mère de Jean-Luc. retour
*Baisote : Petite fille/Baisot : Petit garçon. Retour
*Ma Baker : Arizona Donnie Clark dite « Ma Baker » dirigeait un gang composé de ses fils et leurs amis aux États-Unis dans les années 1920. Retour
*Hubu hayaatih : Amour de sa vie. Retour
*Rue du Gros : Rue du Gros Horloge à Rouen. Retour
*Nahdinn : Correspond plus ou moins à « Putain ! » Retour
*Ken : Niquée. Retour
*Zouze : Fille. Retour
*Balek ! : On s’en bat les couilles. Retour
*Aezizati : Chérie. Retour
*Bahir : Super ! Retour
*Habibi : Chéri. Retour
*Zarma ! : Forme d’insistance sur ce qui vient d’être dit. Retour
*Ketama : Haschich (Marocaine). Retour
*Ah, bah ! Tu la chantes oco », celle-là… ? I’ nous ja t-i’ pas s’riner, tô pé, avec cha… ! Aquau qui s’y mettait, ah bah, tu l’arrêtais pus… ! Nous ja tis rien câché é machins pou’ êt’ poli :
Eh, bien ! Tu la chantes encore celle-là. Il ne nous a-t-il pas seriné, ton père, avec ça. Quand il s’y mettait, tu ne l’arrêtais plus. Nous a-t-il pas cassé les machins pour être poli.
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